Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

29 mars 2006

Lorsqu'un pays constate et se persuade qu'il n'a pas d'avenirs chantants et qu'à vue d'oeil, à court comme à moyen terme c'est le cas:
-Les mouvements du peuple rendent les dirigeants instables et désuets, sans pouvoir, valeur, ni crédibilité,
-Le pouvoir exécutif perd toute consistance et justesse,
-Les habitants du pays n'engendrent plus de descendance, la mortalité et les oppositions augmentent, le suicide apparaît,
-Les dirigeants en sont d'autant plus ineptes et inaptes, sauf s'il apparaît une dictature de quelque genre que ce soit,
-Le contexte et environnement du pays prend le dessus et l'influence complètement.

Vous aurez compris le parallèle:


Mouvements du peuple = mouvements de pensée
Dirigeants / pouvoir législatif = espoir / élan vital
Pouvoir exécutif = motivation, volonté, et courage
Habitants = pensées et actes
Contexte et environnement = entourage
Dictature = doctrine

27 mars 2006

Situations & mirrors




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Dans la catégorie: Photos

20 mars 2006

Capitulation

"Le processus par lequel on devient désabusé ? Un grand nombre de dépressions chez un individu doué d'un élan suffisent pour être vivant à chaque instant. Une fatalité organique provoque des dépressions permanentes sans déterminants extérieurs, mais qui émergent d'un profond trouble interne: celles-ci étouffent l'élan, attaquent les racines de la vie. Il est totalement erroné de prétendre qu'on devient désabusé en raison de quelque déficience organique ou d'instincts appauvris. En réalité, nul ne perd ses illusions s'il n'a désiré la vie avec ardeur, ne fût-ce qu'inconsciemment. Le processus de dévitalisation ne survient que plus tard, à la suite des dépressions. C'est seulement chez un individu plein d'élan, d'aspirations et de passions, que les dépressions atteignent cette capacité d'érosion, qui entame la vie comme les vagues la terre ferme. Chez le simple déficient, elles ne produisent aucune tension, aucun paroxysme organique, dont les contradictions insurmontables engendrent une profonde effervescence. N'y a-t-il pas en effet un paradoxe dans ce mélange de dépressions répétées et d'élan persistant ? Que les dépressions finissent par consumer l'élan et compromettre la vitalité, cela va de soi. On ne saurait les combattre définitivement: on peut tout au plus les négliger temporairement pour une occupation soutenue, ou des distractions. Seule une vitalité inquiète est susceptible de favoriser le paradoxe organique de la négation. On ne devient pessimiste - un pessimiste démoniaque, élémentaire, bestial et organique - qu'une fois que la vie a perdu sa bataille désespérée contre les dépressions. La destinée apparaît alors à la conscience comme une version de l'irréparable."


Cioran, sur les cimes, p.124

17 mars 2006

Un(e)

Une aile. Une seche. Un calice. Un intérieur. Un jet. Une nef. Un service. Une calomnie. Un tube. Un produit. Un mica. Une section. Un défi. Un chant. Un sablier. Une vérification. Une senteur. Une foutaise. Un nom. Une perte.

16 mars 2006

Anti-genèse

Au commencement, je détruisis ciel et terre.
La terre était diverse et colorée: il y avait des lumières à la surface des flots, et mon esprit se promenait parmi les nuages.
Je dis: Que l'ombre soit ! Et l'ombre fut.
Je vis que l'ombre était nécessaire; et je séparais les ténèbres de la lumière.
J'appelais les ténèbres nuit, et la lumière jour. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un crépuscule: ce fut la première nuit.
Je dis: Qu'il y ait un gouffre entre les eaux, et qu'elle englobe toutes les terres.
Je fis le néant, et j'annihilais les terres qui sombraient au-dedans du vide avec les eaux qui les précédais. Et cela fut ainsi.
J'appelais le vide néant. Ainsi, il y eut un crépuscule, et il y eut une extinction: ce fut une autre nuit.
Je créais l'anti-être à mon image, formais le pauvre et le sec, le chaos et le doute.
Et je dis: Que l'anti-être assujettisse toute vie et tout mouvement ! Qu'il réduise à néant les dernières traces de présence humaine.
Je vis que ce que j'avais fait, cela était très noble.
Je me repentis d'avoir fait l'homme sur la terre, et tout ce qui lui est apparenté, j'en fus affligé en mon coeur.

Fallen by Sarah MacLachlan

Heaven bend to take my hand and lead me through the fire
Be the long awaited answer to a long and painful fight
Truth be told I tried my best
But somewhere long the way, I got caught up in all there was to offer
But the cost was so much more than I could bear

(Chorus)
Though I've tried, I've fallen
I have sunk so low
I messed up
Better I should know
So don't come 'round here and
Tell me I told you so

We all begin with good intent
When love was raw and young
We believe that we can change ourselves
The past can be undone
But we carry on our back the burdens time always reveals
In the lonely light of morning
In the wound that would not heal
It's the bitter taste of losing everything
I've held so dear (...)

"Beneath a crimson moon". Un peu de Kierkegaard

J'emploie ainsi mon temps: une moitié à dormir et l'autre à rêver. Quand je dors, je ne rêve jamais, ce serait dommage: dormir, c'est le comble du génie.

Le résultat de ma vie est nul; c'est un vague sentiment, une grisaille.

La dignité de l'homme se reconnaît du moins dans la nature; car lorsqu'on veut éloigner les oiseaux des arbres, on y accroche quelque chose qui ressemble en principe à un homme, et même cette lointaine ressemblance suffit à inspirer le respect.

La meilleure preuve de la misère de la vie est celle qu'on tire du spectacle de sa magnificence.

Mon âme est si lourde que nulle pensée ne peut la porter, que nul essort ne peut l'élever dans l'ether. Se meut-elle, elle ne fait alors que raser la terre comme l'oiseau volant bas au vent précurseur de l'orage.

Que le vie est insignifiante et vide ! - On enterre un homme, on l'accompagne au cimetière, on jette sur lui trois pelletées de terre; on part de chez soi en voiture, on revient en voiture; on se console à la perspective d'une longue vie. Quelle longueur de temps font sept fois dix ans ?

On dit : le temps passe, la vie est un torrent, etc. Je ne m'en aperçois pas : le temps reste immobile, et moi aussi. Tous les plans d'avenir que j'ébauche reviennent tout droit sur moi; quand je veux cracher, je me crache au visage.

La vie m'est devenue un amer brevage que je dois cependant absorber comme des gouttes, lentement, une à une, en comptant.

Le plus beau moment de l'amour, c'est sa première période quand, de chaque rencontre, de chaque regard, on rapporte un nouveau sujet de se réjouir.

Hélas ! La porte du bonheur ne s'ouvre pas vers l'intérieur, de sorte qu'on puisse la forcer à coup d'épaule; elle s'ouvre au-dehors; aussi n'y a-t-il rien à faire.

Que va-t-il arriver ? Que réserve l'avenir ? Je l'ignore, je n'ai aucun pressentiment. Quand, d'un point fixe, une araignée se précipite et s'abandonne aux conséquences, elle voit toujours devant elle un espace vide où, malgré ses bonds, elle peut se poser. Ainsi de moi; devant moi, toujours un espace vide; ce qui me pousse en avant, c'est une conséquence située derrière moi. Cette vie est le monde renversé; elle est cruelle et insupportable.

Je ne suis donc pas moi-même le maître de ma vie; je suis un fil de plus à tisser dans la vulgaire calicot de la vie ! Fort bien, mais si je ne sais pas tisser, je peux du moins trancher le fil.

Ma vie est completement dénuée de sens. Quand je considère ses diverses périodes, il en est d'elles comme du mot "Schnur" au dictionnaire: il signifie d'abord ficelle, puis bru. Il manque de seulement de signaler en troisième lieu chameau et en quatrième, houssoir.


S. Kierkegaard, fragments de "L'alternative".

Keats

Disparaître dans l'espace, me dissoudre, oublier
Ce qu'au sein du feuillage tu n'as jamais connu,
Le dégoût, la fièvre et l'agitation,
Parmi les hommes qui s'écoutent gémir les uns les autres;
Où le tremblement secoue les vieux aux rares cheveux gris,
Où la jeunesse devient blême, puis spectrale, et meurt;
Où rien que de penser remplit de tristesse
Et sur les paupières pèse d'un poids de plomb,
Où la Beauté ne peut conserver un jour ses yeux lumineux,
Sans qu'un nouvel Amour le lendemain en ternisse l'éclat !


John Keats, Ode à un rossignol, III

Fade for away, dissolve, and quite forget
What thou among the leaves hast never known,
The weariness, the fever, and the fret
Here, where men sit and hear each ther groan;
Where palsy shakes a few, sad, last gray hairs,
Where youth grows pale, and spectre-thin, and dies;
Where but to think is to be full of sorrow
And leaden-eyed despairs,
Where Beauty cannot keep her lustrous eyes,
Or new Love pine at them beyond to-morrow.

15 mars 2006

Résidus

L'excès de pensée laisse une trace en nous
qui crisse son nom par delà le sensible
et maintient le malaise à la source.

La clef des gouffres.

L'amplitude est une infecte condition
Qui se nourrit de temps et d'espace
pour laisser à nous, une fois retirée,
l'informe sentiment de perte.

Il faut éviter d'appeler ou chérir l'innommable, celui-ci épelle les noms de ses enfants terribles.

Grandir en l'espace et le temps,
Dépérir dans le résidu et l'instant.

Contredire le destin: s'exposer au pire.

Abrasé, rouillé, émietté, je ne compte plus les grains de ma conscience.

Chercher plus apporte moins,
Chercher et se limite à la substance nécessaire,
permet de s'effacer lentement et fébrilement.

Les notes de la terreur gravitent sur les octaves de mon esprit.

Plus la hauteur se fait sentir, plus le regard s'abaisse vers l'insoutenable, vers le résiduel, et l'on s'attache la tête aux germes les plus bas.

Prêchez la décadence, vous recevrez les paroles qu'il faut pour déverrouiller les secrets de la vie, pour la presser hors de ses étamines, et la détruire plus aisément.

L'impossibilité d'agir, l'être sous vide, le vertige et le tournis, tout cela n'est qu'un commencement.

Je suis acteur et spectateur de mes élans crématoires.

Autour de l'hémorragie de la pensée, la débâcle s'intensifie.

Orages après orages, c'est toujours la chaleur qui précède la désolation.

Embraser, abraser, briser.

Tant certaines quêtes sont vaines que la raison les refuse.

Il n'y a de sang qui ne soit empoisonné, de sorte que l'hypothèse et le doute damnent le strige.


La fin
et le chant
sont deux corroll aires
Ils s'engendrent mutuellement
Et produisent la synergie de l'absence
Où lorsque la vertu s'épuise et le coeur zélé
Unissent leurs dernières mains et déclinent par un dernier soupir.

La pensée contaminée
Pullule, grandit, et s'acharne,
Fragmente à son image ce qu'on nous admirions
en nous.

Ein weiteres Mal - Encore une fois

Je parie - d'un terme
ton état
dessine le temps
ce dont tu as besoin
est l'espace

Ce n'est pas une tâche tienne
que de rire ---
encore

Autres aspects de la déchéance

Il suffit de vivre, un temps, dans la plénitude des sensations, pour en découvrir le substrat et les vapeurs folles. Il suffit, un temps, de goûter à l'insanité pour en faire le constat: la danse accompagne toute chose, danser pour la pluie, danser pour le vent, danser pour les brulûres et la lumière. Danser: terminaison dernière du for moral, abolissement de tout sens caché dans les moeurs, défaite de la sensibilité, reniement absolu. Il suffit également de ne plus craindre les airs pour déplorer, divinement, la putrescible destinée des matières. Jeté et trahi, je suis maintenant corrompu, nanti par le dégoût, anéanti par le monde, je vais contre, d'avance je connais le glorieux aboutissement que les délicieuses flammes noires m'avaient promis. Beaucoup font de moi une farce, une jeu dans lequel la chute est l'unique règle. Le ridicule des mouvements et paroles ne m'atteint plus, car de tout cela je suis défait. Il ne reste que le coeur, seule négation fondamentale du monde et de moi-même, qui m'empêche de me fragmenter. Pourtant, malgré mes efforts, quelque chose subsiste, et c'est pour cela que je m'abhorre quotidiennement. Soutenu dans les cieux par une corde protectrice, je me contente de cette vue, malgré le sentiment de proximité qui me souffle: "tombe ! tombe ! l'essentiel n'existe plus !". C'est encore et toujours cette médiocrité lassante et rebutante qui sème le trouble dans des proportions juste supportables, aux frontières des renversements. Il ne faut jamais espérer, ou bien l'élévation tendue vers les lumières de la nuit accorde le même destin au vulgaire papillon comme au plus risible et gentillet des croyants, dans la fine prolongation de l'erreur première. J'inclus en moi la graine des apocalypses nulles.

Recherche ? René Char

"A l'époque j'habitais..." Mais la voix, avec humeur: "Hors d'ici !" Moi rectifiant: J'errais à cette époque..." Alors la voix: "Que cherchais-tu ? - Mon sang lointain."

Le devoir d'un Prince est, durant la trêve des saisons et la sieste des heureux, de produire un Art à l'aide des nuages, un Art qui soit issu de la douleur et conduise à la douleur.

L'existence n'est qu'une succession de solidarités blanches et noires, fortuites ou non. (Entre deux draps de pure terre qui acclimatent le sommeil, rival heureux du réel ?)

La souveraineté obtenue par l'absence dans chacun de nous d'un drame personnel, voilà le leurre.

L'amour qui sillonne est préférable à l'aventure qui humilie, la blessure à l'humeur.

Après l'ultime distorsion, nous sommes parvenus sur la crête de la connaissance. Voici la minute du considérable danger: l'extase devant le vide, l'extase neuve devant le vide frais.

Le jour et la nuit ne sont-ils que des hallucinations de passant ? Que voient les emmurés ? L'oubli ? Leurs mains ?

On ne nous juge pas sur ce que nous avons été mais sur ce que nous sommes capables d'avoir été et sur ce que nous sommes susceptibles de contrecarrer en devenant. D'où la difficulté de répondre à deux questions qui ne parviennent pas à éveiller notre méfiance.

Si tu ne libères rien de toi pour retenir plus certainement l'angoisse, car sans angoisse tu n'es qu'élémentaire, ni ne corrige pour rendre unique, tu pourriras vivant.

Il faut intarrissablement se passionner, en dépit d'équivoques découragements et si minimes qui soient les réparations.

Les yeux clos et dans l'effort de m'endormir, je vois luire au fond de mes paupières une braise qui est l'âme obstinée, l'épave clignotante du naufrage glorieux de ma journée.

Chagrin et contemplation: tu te jettes. Tristesse et richesse: tu t'ébroues. Cherche plutôt le motif aigu et solitaire d'où tu jailliras.

Epreuves qui montrez aberrante la récompense.

Etrange exigence que celle d'un présent qui nous condamne à vivre entre la promesse et le passé, car il est le déluge, ce déluge avec lequel, hier, notre imagination convolait.

Réclamons venue civilisation serpentaire. Très urgent.

Tant de mots sont synonymes d'adieu, tant de visages n'ont pas d'équivalent.

J'aime l'homme incertain de ses fins comme l'est, en avril, l'être fruitier.

"Supprimer la fenêtre ou non ?" Ce n'est pas le mur qui questionne, ni le maçon, mais l'absurde habitant.

Ensemble nous remettrons la Nuit sur ses rails; et nous irons, tour à tour nous détestant et nous aimant, jsqu'aux étoiles de l'aurore.


(Extraits de IV. A une sérénité crispée, Recherche de la base et du sommet, René Char)

LXXVIII SPLEEN - Baudelaire

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour plus noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafons pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond des nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

-Et de long corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vainci, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incilné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire

Monument de la mort - Francisco de Quevedo

DE LA BRIEVETE MEME DE LA VIE, SANS QU'ON Y PRENNE GARDE,
ET DANS LE MALHEUR, ASSAILLIE DE LA MORT

Hier, un songe, et demain, la poussière !
Rien, peu avant, et peu après fumée !
Et je vis d'ambitions, et je me complais,
A peine un point du cercle qui m'enserre !

Bref combattant d'une importune guerre,
A mon secours je suis péril extrême;
Pendant que je m'épuise, en armes même,
Mon corps m'abrite moins qu'il ne m'enterre.

Hier n'est plus, demain hésite encore;
Aujourd'hui passe, il est, il a été,
Et vers la mort son cours me précipite.

Chaque moment, chaque heure sont des houes
Qui, moyennant ma peine et mon souci,
Me creusent au-dedans ma sépulture.

Francisco de Quevedo,
Monument de la mort, traduit de l'espagnol par Claude Esteban, Paris, Deyrolle éditeur, 1992.

On projette. On ne peut pas s'empêcher de projeter. Nous nous maintenons sur notre propre projection. L'esprit qui projette projette ce qu'il soutire des projections. La personne qui projette est elle-même la projection de son âme - son Soi véritable. Son Soi Véritable est lui-même une projection du divin, si divin il y a. On créé à l'image de ce qu'on est. Apparemment, il y a une perte en qualité entre le projecteur premier et ses rejetons derniers. Nous projetons comme nous avons été projeté... ou est-ce que nous projetons quelqu'un qui nous projetterait parce que notre essence est justement - de projeter. Je sais que je vis physiquement comme je sais que je projette. Les rêves aussi, sont, pures projections. Certains veulent se protéger de projeter, comment serais-ce possible ! Si le premier "projecteur", supposons un dieu, nous a projeté, le monde que nous appelons "en-soi" (noumènes) résulte de sa propre projection ? Dans ce cas, le monde autour de nous est aussi formé de nos propres noumènes ? Où alors nous projetons notre propre condition sur un état plus élevé ? Hormis cela, projeter, c'est jeter au loin. On veut répandre autour de soi ce que nous sommes. Nous donnons sens - ou un non-sens qui lui même est un sens - à ce qui nous environne.

14 mars 2006

Dialogue entre le "ba" (l'âme) et l'homme (Papyrus, 1850 av. JC)

"L'homme:
(...) Mais si tu te tourmentes à propos de la mort alors que je suis dans mon corps, tu ne trouveras de halte nulle part dans l'Occident.
Que ton coeur soit indulgent, mon ba, mon frère, jusqu'à la venue de l'héritier qui accomplira les rites funéraires prescrits.

Le ba:

Mon ba a répondu à ce que je lui avait dit:
Si tu déformes le sens des funérailles, le tourment le saisira car c'est rechercher les larmes par l'affliction de l'homme.
C'est arracher un homme de sa
maison et l'abandonner sur les hauteurs, où il ne sera pas possible de passer dans l'au-delà pour voir les êtres de lumières.(...)
Recherche le jour parfait et oublie ce qui te tourmente !

L'homme:
Je répondis à ce que mon ba m'avait dit:
Vois, mon nom est abject (...)
A qui parlerai-je aujourd'hui ?
Mes semblables sont méchants,
Car les amis aujourd'hui ne peuvent pas aimer.
A qui parlerai-je aujourd'hui ?
Les coeurs sont avides, (...)
La douceur s'est perdue,(...)
La méchanceté domine sans résistance,
Parce que la bonté est rejetée en tout lieu, (...)
Un homme furieux de son mauvais sort
Fait rire de lui à cause de sa fâcheuse situation.
Les visages sont sans expression,
Parce que chaque homme baisse la tête devant ses semblabes.
Il n'y a plus d'homme qui vive dans l'harmonie,(...)
On est privé de l'ami,
et c'est un inconnu qu'on recherche pour se plaindre à lui. [note perso. : un psy ? (rires)] (...)
J'ai été accablé de misère (...)
Ce mal qui a frappé la terre,
n'a pas de fin !(...)
La mort est désormais devant ma face
Comme l'odeur des fleurs de lotus,
Comme être assis sur les rivages de l'ivresse. (...)

Le ba:
Ce que m'a dit mon ba:
Place ta lamentation sur cet objet,
Toi mon proche, mon frère !
Soit que tu te sacrifies sur le feu,
ou que tu participes à une vie qui est comme tu dis.
Désire-moi ici même, après avoir mis l'Occident de côté.
Désire n'atteindre l'Occident que lorsque ta chair aura rejoint la terre.
Alors nous ferons un domaine pour perdurer."

13 mars 2006

L'art du dédoublement - Cioran

L'art d'être psychologue ne s'apprend pas - il se vit et s'éprouve, car on ne trouvera aucune théorie qui fournisse la clé des mystères psychiques. Nul n'est fin psychologue s'il n'est lui-même un objet d'étude, si sa substance psychique n'offre constamment un spectacle inédit et complexe propre à susciter la curiosité. On ne peut pénétrer le mystère d'autrui si l'on en est soi-même dépourvu. Pour être psychologue, il faut connaître suffisamment le malheur pour comprendre le bonheur, et avoir assez de raffinement pour pouvoir devenir barbare; il y faut un désespoir assez profond pour ne pus distinguer si l'on vit au désert ou dans les flammes. Protéiforme, centripète autant que centrifuge, votre extase devra être esthétique, sexuelle, religieuse et perverse.
Le sens psychologique est l'expression d'une vie qui se contemple elle-même à chaque instant et qui, dans les autres vies, voit autant de miroirs; en tant que psychologue, on considère les autres hommes comme des fragments de son être propre. Le mépris que tout psychologue ressent pour autrui enveloppe une auto-ironie aussi secrète qu'illimitée. Personne ne fait de la psychologie par amour: mais plutôt par une envie sadique d'exhiber la nullité de l'autre, en prenant connaissance de son fond intime, en le dépuillant de son auréole de mystère. Ce processus épuise rapidement les contenus limités des individus, le psychologuqe aura vite fait de se lasser des hommes: il manque trop de naïveté pour avoir des amis, et d'inconscience pour prendre des maîtresses. Aucun psychologue ne commence par le scepticisme, mais tous y aboutissent. Cette fin constitue le châtiment de la nature pour le profaneur de mystères, pour le suprême indiscret qui, ayant fondé trop peu d'illusions sur la connaissance, aura connu la désillusion.
La connaissance à petite dose enchante; à forte dose, elle déçoit. Plus on sait, moins on veut en savoir. Car celui qui n'a pas souffert de la connaissance n'aura rien connu.

(in: Sur les cimes du désespoir; 1934)

12 mars 2006

Malheur, excès et langage, espoir, paradoxe, et premiers battements de l'irréalité

Les chaînes du malheur ne s'enlacent qu'à distance.

*
Il y a une certaine conséquence propre à l'excès: la dévalorisation du langage. Les mots les plus communs perdent leur essence intérieure pure, jusqu'à devenir comme fantoches désarticulés - des objets. Un abus prolongé et prononcé du langage conduit inéluctablement à sa destructuration et désanimation. Cela vaut pour toute chose.
*
Il ne peut y subsister d'espoir si le temps n'existe plus. Croire, espérer, révèle une faiblesse de l'esprit qui attend toujours malgré qu'il sache l'exacte inanité de l'attente temporelle. De ce fait, l'esprit méprise et maîtrise le temps, mais comme il recherche encore quelque chose, il se retourne contre lui-même et se dédaigne - car il a tué le temps, mais il est agenouillé devant lui, attendant qu'il en sorte quelque mélodie mortelle ou autre chant de cygne. Les principales constantes du réel humain (temps, espace, etc) sont sujettes à ce double moment de l'être. Ce dernier s'exaspère du peu d'attention et du véritable désintérêt que manifeste, très paisiblement, ces constantes à son égard. Désespéré, il finit par assassiner tout cela - or, en réalité, c'est la partie active de lui-même qui émet son dernier souffle, c'est la partie qui analysait le réel, parce que les constantes sont humaines et seulement humaines, de sorte que c'est la partie qui interagissait avec le "monde" qui meurt.
C'est à cause de ceci que l'être se voit soudainement éloigné et même retiré de l'emprise qu'il pensait avoir sur le "réel". En somme: l'être veut se défaire des constantes (temps, espace, etc) parce qu'il aperçoit sa vraie nature, qui est intemporelle, inspatiale, et en dehors de toutes ces limitations qui proviennent de l'analyse du réel par le biais du corps. Cependant, il connaît encore l'espérance, et l'espérance ne peut exister sans le temps: le temps à donc trouvé un autre moyen d'action, car il ne pouvait plus résider là où l'être le reniait. Répugné par ses espérances, comprenant qu'il n'est pas réalisé et qu'il dépend de cela, l'être se retourne contre lui, et il tue à la fois constantes et effets des constantes. Or, en faisant cela, il a tué l'interface qui lui permettait d'interagir avec le réel: l'être donc, n'existe plus dans le réel, et repose entièrement sur sa propre nature. S'il n'est pas assez fort pour le supporter, il essayera de retourner vers le monde, en vain: il n'y a plus de lieu de passage et d'interaction possible. S'il succombe, c'est la folie.
*
La vie s'ouvre et se referme sur elle-même. Mais lorsque nous la fermons consciemment, c'est que nous voulons que la prochaine fois que nous l'ouvrirons, elle donnera à voir un monde qui soit convenable. L'homme s'adapte: si le monde ne lui convient plus, c'est qu'il espérait mieux en se basant sur ses anciens repères, sur ce qu'il a vécu précédemment, mais au fur et à mesure de sa marche il se rend compte que ce sont les espoirs qu'il avait anéanti qui reviennent le hanter. Il pensait, en tuant le premier espoir, que les autres lui suffiraient, mais bientôt il se trouve dépourvu de ses vieux habits et autres illusions protectrices.

Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Plus rien. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tant de rêves. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tant d'espoirs. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Plus rien. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Un frisson ? Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Non, personne. Je suis creux. Je suis creux. Influencé par rien, n'influençant rien, je n'existe pas. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Figé, rien ne se passe. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Espoirs glacés: morts. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. M'évanouir ? Tout est creux. Ais-je oublié qu'il n'y a de réalité ? Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Rien ne se passe, rien ne se passera jamais. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. La conscience est lancée dans un puits sans fond. Tout est creux. Tout est creux. Le regard se perd instantanément. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Plus de sol, plus de ciel, plus de sel. Tout est creux. Tout est creux. Qu'y a-t-il encore à rejoindre ? Tout est creux. Je crois à l'éternité - j'y réside. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Pourquoi encore pense-je ? Que reste-t-il ? Tout ce qui doit arriver arrivera. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Savourons. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Je ne ressens rien. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Aucune forme, aucune couleur, ne subsiste dans le néant. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Qu'est-ce encore que la défaite ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Ruines. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Le vide grandit, ne s'arrêtera-t-il jamais ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? La constance est ce que l'être désire le plus, il désire le néant. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Rien d'autre que la futilité. Avez-vous déjà pensé à la futilité ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? La matière qui vous constitue se désemplit, je la vois déjà vous quitter, disparaître, de guerre lasse, abandonnez, abandonnez, vous dis-je.Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Déclinez ! Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Les flots figés, le froid, la tension, les roses, l'ancien sang. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Ce que je porte est trop lourd, je ne pourrais le poser à terre sans éviter la chute. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Soyez le vent. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Devenez-le, sans retour. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Soyez le vent. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Éperduement. Rien ne perdure. Que reste-t-il ? Soyez le vent.Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Les mouettes passent au dessus de mes oreilles et sifflent et rient et disent: "tu es creux". Vers l'est, j'ai entendu les voix du vent qui souffle et rit puis enfin, me dit "tu es creux". Le vent entraîne les mouettes, eux tous me dirent un jour dans le dos "tu es creux". Soyez le vent. Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Seulement.

11 mars 2006

Conscience et temps

De quel sol émerge la conscience ? Quelle est la valeur de la conscience en sa réalité dans l'instant ?
L'individu n'acquiert la conscience qu'à la fin de son enfance. Un développement physiologique est nécessaire pour son apparition.
L'enfant vit dans un aller constant vers la réalité.
Ce que l'on obtient lors de la première crise, la dissociation celui qui vit / celui qui pense ce qu'il vit, c'est la faculté d'un retour.
La réalité impose la formulation, le retour interroge.

Puis, il advient l'hyperconscience, quand la pensée de celui qui pense forme et devient une vie à part entière. Il faut alors penser cette vie, penser la pensée.
Le sujet alors, est pris dans l'arc ontologique qui relie l'être premier qui vit à l'être "second" qui pense sa pensée. Ce dernier finit par penser sa pensée qui pense, etc. Le mouvement de cette dynamique laisse croire à un éloignement indéfini et infini par rapport à l'être qui vit. Or, il y a un retour et une sublimation de l'originel.

Au fur et à mesure qu'il pense ce qu'il pense, le sujet parvient à sa propre et vraie nature, car chaque nouvelle analyse introspective de pensée est une rectification. (comme dans le "vitriol=Visita Interiora Terrae, Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem (visite l'intérieur de la Terre, et en te rectifiant tu trouveras la vérité))

Il n'y aurait d'hyperconscience si la conscience n'était pas limitée pour l'être. Cet éloignement est orienté par l'intégration successive d'un nouvel élément ontologique (une nouvelle conscience, un nouveau tiers). La numérologie m'indique l'existence de quatre crises intégratives majeures. On peut donc distinguer: 1/ conscience (vue sur l'être premier), 2/ hyperconscience (regard sur la vue), 3/ metaconscience (observation du regard), et 4/ omniconscience qui scelle l'évolution (dans un cadre humain) et amène la stabilité.

Ces quatre crises sont une évolution de l'Un au Tout. C'est l'unité qui découle de la diversité, et cette même unité qui est ce qui agit comme source d'attraction pour l'être. L'avenue d'un nouveau tiers, d'une nouvelle conscience qu'il va falloir intégrer à l'être premier, c'est se donner vie une nouvelle fois, car nous avions indiqué précédemment que la conscience devient vie à part entière.

Cette évolution ne se fait en une seule vie incarnée, si bien que si le niveau d'intégration des consciences est élevé, l'individu réincarné retrouvera rapidement ses souvenirs antérieurs, lui faisant atteindre assez tôt son élévation préhume.

Je reviens à ma question première: c'est-à-dire, le temps. Qu'est-ce qui différencie exister hier, d'exister maintenant, ou d'exister dans cent ans ? De toute évidence, il s'agit du niveau de conscience, lequel créé l'interprétation de la perception.

Aussi, un niveau de conscience supérieur ne signifie pas un reniement d'un niveau inférieur: comme nous l'avions vu, celui-ci s'intègre à la réalité de son être premier. Autrement dit, si l'être est hyperconscient, il peut user, dans son introspection, des moyens de la conscience ainsi que de ceux de son hyperconscience.

Désuétude de l'association

Chacun porte sa propre réalité. La réalité réalisée est auto-suffisante. Plusieurs réalités associées, s'appauvrissent ou s'enrichissent mutuellement selon leur degré respectif. L'effet d'un appauvrissement est révélée par l'oubli de sa propre réalité.

Réalité & Irréalité

Il n'y a aucune certitude. Mais avec raison nous pouvons envisager que (i) la vie onirique est une projection altérée du vécu, et (ii) le degré de mémorisation par le "Soi" du vécu est infiniment élevé.
C'est une mémoire à part entière, sans rapport avec celle de l'ego.
Lors des NDEs, les sujets racontent fréquemment avoir vu toute leur vie en accélérée. Ce ne peut donc être une mémoire physiologique, se trouvant dans une densité supérieure où la temporalité et perception diffère.

Le rêve pourrait ne se construirait qu'avec des éléments de l'égo ou d'un "inconscient collectif" dépassant le monde des égos.

Par ailleurs, si la vie "réelle" semble illusoire, cela vient de l'absence des repères de réalité.

Facteur de réalité:
-Changement habituel, évolutif et supportable de la vie quotidienne, ou bien situation stable qui convient au sujet.
-Attachement au matériel car celui-ci convient (coté "terre-à-terre")
-Intérêt dans la vie et sujet bien entouré, absence du recul de la solitude
-
Évènements croyables et dans la norme de l'habituel.
-Pas de remise en question des moyens d'analyse du réel (espace, temps, sensibilité, etc) et s'il y a une instabilité passagère, le sujet se tient aux repères énoncés ci-dessus.

Facteurs de d'irréalité:
-Lassitude, exaspération: monotonie, répétition
-Détachement du matériel et "élévation du niveau vibratoire"
-Absence d'intérêt dans la vie telle qu'elle apparaît au sujet (isolement, fadeur, etc)
-
Événements incroyables qui donnent au monde une incohérence certaine ("Je rêve !")
-Remise en question, suite à ces points, des moyens habituels d'analyse du réel.

9 mars 2006

Peur et sens

Les grandes phrases ou citations s'articulent autour du verbe "être" et autres verbes apparentés. (Tout est relatif, la religion est l'opium du peuple, etc).
"Etre" suppose d'attribuer une caractéristique - calmer l'esprit devant l'inconnu.
De ce fait, le sens qui se trouvait au sein des choses en tant que telles se voit déplacé dans le langage.
Le langage devient, en quelque sorte, le reflet de l'individu. (De même que les styles d'écritures révèlent la personnalité...)
On ne peut caractériser que de deux façons: 1/ décrire en usant de qualificatifs mentaux (intéressant, emphatique, laborieux, etc), et 2/ décrire avec des qualificatifs sensoriels (couleur, espace, plaisir, etc). Il faut aussi garder à l'esprit que les sens créent le mental. On peut distinguer dans le discours d'untel s'il est par davantage sensitif qu'intellectuel, et inversement. Dans le cas des "créatifs" ("artistes"), il y a souvent des métaphores et usage de termes sensoriels dans un discours intellectuel et de termes intellectuels dans une parole liée au physiologique.
Ce mélange permet un contact mystique avec l'inconscient dans lequel objets mentaux et sensoriels sont associés indifféremment.
Le fait de caractériser revient à nier et défaire l'originalité du sujet ou objet, car il est, dès lors, considéré selon un référentiel existant (qui n'est peut être pas le sien).
Par exemple, s'il y a un cube, que l'on me demande ce que c'est je dis: "c'est un cube". Et si le cube était une construction en "vrai" dans l'espace, j'aurais dit: "c'est un cube". Il y a donc déjà, un amalgame possible entre des formes identiques mais se situant sur des plans différenciés. J'en viens à la problématique principale: puisque l'homme se trouve sur un plan qui lui est propre, ne risque-t-il pas d'associer à ses constructions mentales des formes de plans supérieurs qu'il ne pourra pas considérer dans leur intégralité (et qu'il caractérisera selon un autre référentiel).
D'où la nécessité de trouver une formule de ce genre facilement applicable: "je sais que telle chose est comme ceci, comme cela, etc, et j'en sais quelques rudiments, mais je ne connais pratiquement rien à part ces quelques éléments": il faut se détourner du connu. De toute façon, il y a-t-il un référentiel absolu ? Les yogis parlent de connaissance directe et non-conceptuelle à un stade évolué de pratique, est-ce de cet ordre ?
Pour une vision plus intégrale des objets métaphysiques, il ne faut pas chercher à perdurer dans un même plan, mais vouloir s'élever à un plan supérieur: cela nous permettrait d'ores et déjà de sortir du "flou" qu'est l'homme, tiraillé entre deux eaux.
Tout le travail à fournir n'est pas dans la vision, mais dans ce que nous sommes nous-mêmes, puisque logiquement il ne peut y avoir de vision sans sujet.
Car il existe deux impasses à la connaissance: 1/ elle ne permet pas d'éviter la peur, car on ne peut connaître réellement, 2/ elle égare la curiosité, le sujet pensant que ce sont toujours les mêmes choses qu'il voit, de manière récurrente.
Quoiqu'il en soit, celui qui est surpris est toujours en position d'infériorité. Il faut donc espérer pouvoir développer une curiosité sans qu'il n'y ait de peur.
La solution une prochaine fois.


Notes diverses:
Les imbéciles refusent de se considérer comme tels pour narguer les sages, les sages refusent de se considérer comme tels pour narguer les imbéciles.

Plus il y a de personnes qui pensent à tel individu, plus celui-ci recueille autour de lui de forme-pensées, plus sa fascination s'étend.

La recherche de la vérité passe par la découverte de son contraire.

8 mars 2006

"La terre est bleue comme une orange" (Eluard)

7 mars 2006

Every Day is Exactly The Same - Nine Inch Nails

I believe I can see the future
Cause I repeat the same routine
I think I used to have a purpose
But then again, that might have been a dream

I think I used to have a voice
Now I never make a sound
I just do what I've been told
I really don't want them to come around, oh no

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

I can feel their eyes are watching
In case I lose myself again
Sometimes I think I'm happy here
(Sometimes)
Sometimes, yet I still pretend

I can't remember how this got started
Oh, but I can tell you exactly how it will end

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

I'll write it on a little piece of paper
I'm hoping, someday, you might find
Well I?ll hide it behind something
They won't look behind

I am still inside her
A little bit comes bleeding through
I wish this could've been any other way
But I just don't know, I don't know what else I can do

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same
(Every day is the same!)

5 mars 2006

Le coeur à droite

Les humeurs sont les cancers et contrecancers de l'être.

La tentation - lannière de la vie.

Le salut dans le sublime.

Nuages rose saumon effacés dilués dans la profondeur du bleu céleste. Liserés argentés. Etoiles. Grand vent rosé. Teintes passantes, ni oranges, ni roses. Bruit sourd du vent dans les arbres, suivant le regard. Le miracle agit. L'inconcevable glace fragilise. L'être disparaît. Les étoiles brillent un peu plus fort, étincellant sur le bleu indescriptible, parfois sous l'amas cotonneux flouté des nuages qui ne s'arrêtent pas. Le blanc contrasté ou diffus d'un horizon, le pourpre violacé parmi le bleu-gris intense de l'autre. La résistance uniforme des feuilles sèches. La pluie implosée. Strates et superpositions iridescentes d'un violet indistinguable. Le bleu le plus profond. Le clair le plus passager. L'indépendance unie des éléments. L'oeil mais l'eau.

Vortex.

Sédiment-arisation.

Dans la sincérité se cache un dragon de feu qui détruit ce qu'il affirme.

Je dois bien affirmer. C'est dans la parole que se trouve traduite et justifiée le mode conceptuel. Effet stabilisateur.

Ayez le même ton de voix lorsque vous déconstruisez l'affirmation que lorsque vous la créez.

Plus je pense que je pense - je m'égare de moi-même, plus il faut d'efforts pour me recréer.

La force pour réfréner notre mental est moins importante que celle que l'on obtient en tirant parti du barrage.

Certaines argumentations ressemblent à un morceau de sel placé dans un grand verre d'eau sale. De plus que le support aqueux est indigeste, les idées semblent manquer à l'appel.

Les poiriers en fleur.

Je marchais le long de la route, sur les fossés poussait une plante à feuilles amples et charnues. Je continuais, élaborais une sensation de perte, comptais mes pas, puis dans le sens inverse; il semble que les lumières et le bleu du ciel se déguisaient.

Ethernity. Moments.

Un petit pas pour l'eau mais un grand pour l'humidité.

En deça des repères où se maintient l'action.

4 mars 2006

Il y a le double
Il y a ce qui intercède au double

Cette constante est la constante de crise.


Analogie avec cellule oeuf.

2 mars 2006

Numérologie d'enfance

Signification que je donnais aux nombres quand j'étais petit. Donnée en totale subjectivité.

1: Neutralité primaire, origine et fin.
2: Dualité contradictoire ou complémentaire, deux est cyclique, deux est mouvementé, c'est une action.
3: L'arrivée d'un tiers est signe d'un changement périlleux qui peut virer à quelque chose de malsain. (3=6/2).
4: Chiffre stable et confiant. Quatre est chaleureux et offre une base pour d'autres constructions. Quatre est un recours agréable.
5: Déstabilisation. C'est la peur et l'anxiété, c'est l'amer, le dégoût.
6: Chiffre du mal. Il apporte une stabilisation fausse et qui ne permet pas d'évolution. J'avais une grande répulsion irrationnelle envers ce chiffre sans ne pouvoir me l'expliquer.
7: Dépassement. Sept permet d'autres horizons, même s'il y a destabilisation, il y a un renouveau qui est toujours un grand bénéfice.
8: Assouplissement des mouvements du sept, retour à une agréable pesanteur. Huit est associé à la chaleur qui inhibe.
9: Dépassement ultime. Atteinte d'une presque unification et de la neutralité du dix. Neuf est la totalité complexe des résultats précédents. Il manque la simplicité.
10: Fin et libération existentielle. 10 est la perfection.

La parabole de la neutralité

"C'est l'histoire du cheval blanc: un paysan pauvre qui cultive ses terres a pour plus grand bien un beau cheval blanc qui lui tire sa charrue. Un jour, le cheval s'enfuit, il casse la barrière et disparaît. Le paysan est triste. Ses voisins lui disent: c'est de ta faute, tu l'as mal enfermé, tu l'as mal nourri. Donc, tu es puni. Le paysan dit: peut-être. Au bout de huit jours le cheval revient mais non pas seul; acvec une tribu de chevaux, on ne sait pas très bien où ils les a trouvés. Et ils rentrent dans l'écurie. Le paysan est tout content, il leur donne à manger, il les installe. Les voisins qui ont entendu le vacarme, viennent voir et disent: oh ! Là ! Là ! Tu as de la chance, c'est vraiment un bonheur pour toi, qui es si pauvre, d'avoir tellement de chevaux, tu vas pouvoir les vendre. Le paysan dit : peut-être. Le fils du paysan qui aime monter à cheval saute sur le dos de l'un d'entre eux... et se casse la jambe en tombant de l'animal qui rue. Alors les voisins reviennent et disent: mon pauvre ! tu n'aurais pas dû laisser monter ton fils, c'est de ta faute, tu as manqué de prudence. D'ailleurs, ces chevaux, d'où viennent-ils ? Ils ont peut-être été volés ? Le paysan dit : peut-être ? Là-dessus, la guerre éclate et on mobilise les jeunes du village. Ils partent tous sauf le fils du paysan. Les voisins disent au paysan : ah ! Vraiment tu as de la chance, mon fils, lui, est parti... Le paysan répond peut-être !... On pourrait indéfiniment continuer comme l'histoire !"


"Voies spirituelles", de Frère Benoît BILLOT.