Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

28 février 2006

Névrose phobique

In Yves Ranty, "les somatisations", 1994


D. Wolff et H. G. Wolff (1943) observent directement un sujet de cinquante-sept ans, porteur depuis quarante ans d'une gastrotomie; ils constatent:
-que l'agressivité, le ressentiment, l'anxiété, accélèrent l'évacuation du repas standard.
-que la peur ralentit l'évacuation gastrique. Le comportement gastrique en dehors des périodes digestives est étroitement lié à un désir irréalisable de fuite, ou bien en relation avec des pensées dépressives, ou des sentiments de découragement.
-(...) la prolongation des affects peut aboutir à des modifications de la muqueuse gastrique, comparables à celles observées dans les gastrites. La muqueuse ainsi modifiée est très vulnérable; un traumatisme insignifiant peut provoquer une érosion minime qui, en contact prolongé avec le suc gastrique, peut conduire à la formatin d'un ulcus.

(...) 2/ Alexander
Pour lui, ce n'est pas le type de personnalité qui est essentiel, c'est le conflit. Il décrit un conduit spécifique à l'ulcéreux, qui est celui-ci: rester dans une situation de dépendance infantile, d'être aimé, couvé, se trouve en contradiction avec le Moi adulte et le désir d'indépendance, de pouvoir se suffire à soi-même.
Ce sentiment d'indépendance exagérée recouvre une défense contre un sentiment inconscient d'extrême dépendance.
Pour Alexander, il semblerait que le facteur crucial dans la pathodenèse de l'ulcère soit la frustration des désirs de dépendance et d'amour.
Quand ces désirs ne trouvent pas de satisfaction dans les relations interhumaines, un stimulus affectif est créé et il semblerait que ce soit ce stimulus qui produise l'ulcération. (...) L'ulcère serait la réaction à la frustration d'un vif désir oral et de dépendance. Certains sujets vont alors compenser ces désirs par une grande ambition (...)

Logique sociale

La société est perverse dans le fait qu'être détesté est une opposition complète aux lois évolutives. Qui n'est pas accepté a bien du mal à se reproduire et a avoir une reproduction correcte. L'art (déplacement de la frustration), la spiritualité (explication "magique" de cette frustration), les paradis artificiels (oubli de soi), la littérature (recours à l'imagination) sont les refuges de ces personnes qui ne peuvent s'exprimer et partager normalement.
Quand un sujet est d'une nature trop éloignée à celle qui est commune et majoritaire, il devient détesté. S'il y a un papillon anormalement blanc parmi dans une espèce noire, ce premier ne peut survivre. Celui-ci devient déprimé car son corps et esprit s'oppose aux lois évolutives. Le fait est que se renier partiellement est essentiel pour ne pas être détesté, et que, qui doit se renier quasi-complètement est perdu.

L'inaction et l'absence d'échange avec autrui est physiologiquement intenable. Si cela est dépassé, il y a stabilité. Nietzsche recommande de s'aimer soi-même, vraiment. Ne pas se renier.

26 février 2006

Never Win - Fischerspooner

Chorus
I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say
Don't you wanna help me
Tell me what to do
Help me find a way
If I was not me
I would hate me too
Just like you do
I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say

It's all made worse by a simple scheme
You're slipping away from me
Can't decide sometimes if it's worth the point
The point is the struggle, insecurity

Hopefully, you make no mistake
If you learn from what you've got to take
Good or bad, it's all gonna add up in the end but,
You can never win.

Chorus x 1
And it's the desperation to hold on to
Something that can't be held on to
So, Don't waste your time filling up my words
Don't tell me why, assume the worst.

Hopefully, you make no mistake
If you learn from what you've got to take
Good or bad, it's all gonna add up in the end but,
You can never win.

Don't thank me,
Don't tell me how,
Don't break me down,
Don't help me make it,

I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say
Don't you wanna help me
Tell me what to do
Help me find a way

24 février 2006

When the sun is cold and black,
when you wanna scream and shout,
and the record plays the dark side of the moon.

L'anormalité me dérange autant que la normalité. Pulvérisé ---- et le temps cligne de l'oeil.

Nous sommes aveugles parce que nous voyons -
Nous sommes sourds parce que nous entendons -
Nous sommes dérangés parce que nous ne nous voyons et nous ne nous entendons pas
Etc ---

La décadence - ou la défaite de la cadence, la déchéance de la condensation.
Nous sommes limités parce que nous sommes cadencés & condensés. Parfois nous voulons nous épandre dans l'univers, et nous éprendre des dimensions flasques,
Mais au delà des limites - terra incognita. Nous nous expansons nous mêmes, nous repoussons toujours plus loin la substance universelle.
Plus d'ancres, ni de constellations - ni d'ouest - ni d'est.

Constat d'échec - 1/ combien de jours ont valu le coup ? Par exemple, si 1/80, alors, n'avons nous pas de même, 1/80 de chances de vivre de tels jours dans le futur ?
2/ Le poids de l'ensemble des jours inutiles (ou de moments inutiles) est-il plus faible que la totalité des jours fastes ?
Bien sûr, voyons de l'avant. Mais n'est-il pas certain que le présent est quelque chose de trop
qu'il faut considérer comme tel ?

Il ne faut pas seulement connaître ce que l'on est et ce que l'on a été, il faut aussi connaître celui que l'on est qui veut connaître. Finalement, on ne peut jamais rattraper son retard, par rapport à la pensée première.


Keep playing ----
Close your eyes - get ready to explose --- loose control - loose complete control -

18 février 2006

"Ai shiming", "Regret d'un destin en ce siècle"

J'ai regret que mon destin ne m'ait permis de côtoyer en ce siècles les [sages] d'antan.
Pourquoi la vie ne m'a-t-elle laissé le loisir d'une époque plus opportune ?
Ceux qui s'en sont allés, je ne les puis ramener;
Ceux qui s'en viendront, il ne me sera pas donné de les rencontrer.
Mon âme n'est que haine et rancoeur qui ne se dissipent pas;
J'exprime ici d'intimes pensées que je confie à ces stances.
Toutes mes nuits sont blanches et je n'y puis dormir.
Ma longue mélancolie dure jusqu'à ces jours.
C'est que mon coeur s'afflige ne n'en avoir rien dit.
Mais, avec qui, en cette foule, partager mes pensées ?
Eploré, accablé, je me sens abattu;
L'âge avance à pas lent et m'atteindra bientôt.
J'habite tant ma peine, pressé par les ténèbres.
Ma volonté s'est tue et ne s'est exprimée.
Or la roue obstruée ne m'est point accessible,
Et le fleuve si large est dépouvu de pont.
J'entends me rendre aux Jardins suspendus des Kunkun
Pour y ramener les jades purs du mont de la Cloche,
Cueillir à brassées des brances ocre d'arbre d'émeraude,
Je perçois au loin le [mont] Latte-de-sterculier du Vent large.

La rivière Faible déferle et me fait obstacle.
A mi-chemin, elle me fait barrage et m'interdis d'avancer?
Je n'ai guère la faculté d'en franchir les flots,
Car [mon bateau] est dépourvu d'ailes pour la survoler !
Aussi je désespère de n'atteindre [l'autre rive].
Seul, irrésolu, j'erre alors en tous lieux...
Insatisfait, anxieux, perdu en d'interminables songes,
Mon coeur est accablé et tant et tant meurtri,
Hésitant et perplexe, je demeure interdit.
Chaque jour j'endure la faim, j'épuise mes derniers grains.
En vain j'embrasse mon ombre, incliné, solitaire,
Ressassant d'interminables songes sur mon pays natal.
Inutile, rejeté, esseulé, sans aucun ami;
Avec qui apprécier les fragrances restantes ?
Le clair soleil décline, bientôt se va coucher.
Je m'afflige que l'heure soit sous peu arrivée;
Mon char est renversé, mes chevaux éreintés...
Epuisé, je n'avance plus, je ne fais que tourner virer.
Je me sens mal l'aise en ce monde fangeux.
J'ignore même s'il convient que j'avance ou recule !

(...) je vais souffrir les affres d'une vue de dénuement.
Dans le noir, je retourne [ces pensées], seul [sur ma couche] où je ne puis dormir.
Je ne songe qu'à ces chagrins qui emplissent ma poitrine.
Mon âme s'éloigne et s'élance au galop;
Mon coeur est rongé d'angoisse,
Mes pensées tristes et haineuses sont à ce point agitées !
Et la route est si sombre et tellement malaisée !
Esseulé, je préserve ce coin [dans la montagne];
Tout ne m'est que tristesse et soupirs éternels.
Inquiet au long des nuits, me tournant en tous sens,
J'ai le souffle agité qui bout comme une vague !
Je tiens bien un ciseau mais je n'en au point l'usage;
Je saisis le compas et l'équerre sans avoir rien à quoi les appliquer;

(...)
Mes épaules en sont affaissées, je ne suis pas à mon aise;
Mon ventre est comprimé, je ne trouve plus de repos.
Wu Guang se jeta dans un abîme profond,
Car il ne voulut se souiller de la poussière de son siècle.
Qui peut donc ainsi vivre, si longtemps piétiné ?
Je veux me retirer, rester dans l'indigence.
Je perce la colonne d'un mont pour y faire ma chambre;
Je descends me vêtir au bords d'une rivière.
Le rosée en brume en fines gouttes tombe à l'aurore,
Les nuages floconneux recouvrent ma toiture,
Les arcs-en-ciel se mêlent à la lueur de l'aube.
Les pluies tombent d'abondance au crépuscule...
Je me sens abattu et confus, car tout cela est sans retour.
Dépité, je contemple au lointain ces vastes plaines.

(...)
Mon corps est pur et simple mon naturel;
En moi, tout est clarté, lucidité, transparence.
Pourtant, ce siècle me vomit et ne m'emploie pas.
Dès lors, je me tapis dans l'obscur et prends mes distances.
Ah ! Comme je me terre au fond en effaçant mes traces !
Taciturne, muet, je n'émets aucun son,
Solitaire et triste, tout aigru de ma bile !
A qui exprimer mon courroux et dire mes sentiments ?
Le jour se dévoile, tombe la nuit,
De mon défaut de gloire, je soupire avec mélancolie?
Boyi mourut au [pied du mont] Shouyang,
Il disparut trop tôt, obscurément et sans honneur.
Le Grand Duc, s'il n'avait rencontré le roi Wen,
Serait mort sans avoir pu réaliser ses nobles ambitions.
J'ai sur moi émeraude et ivoir, jaspe en pendeloque;
J'aspire à les montrer, mais aucun juste [prince ne vient les apprécier].
Car entre ciel et terre ma vie a vite passé;
Mon corps est par des souffles pestilents agressé;
D'invasives douleurs y ont ainsi germé.
Je veux voir une fois le clair soleil vernal;
Mais crains n'achever l'année neuve fatale.

In: Elegies de Chu*, Qu Yuan, Ed. Connaissance de l'Orient - Gallimard, 2004
*IVe siècle av. J-C. - IIe siècle apr. J.-C.

17 février 2006

You say you can't tell any difference
Between the pleasure and the pain
You say you never dream at no time
You say you always dream when you're awake


I see you crying in the sunshine
I hear you laughing in the rain
You say you can't tell any difference
Between the pleasure and the pain
You say you never dream at no time
You say you always dream when you're awake


Satoshi Tomiie

15 février 2006

Le chat de Schrödinger

Extrait de textes trouvés :


Schrödinger (1887-1961) est l'un des pères de la physique quantique, célèbre pour avoir imaginé en 1935 son "paradoxe du chat". Sous ce nom énigmatique, Schrödinger venait d'inventer un paradoxe qui devait intriguer tous les physiciens durant des années.


Laissez-moi vous expliquer :
Imaginez une boîte hermétique à tout : rayons X, gamma, lumière,... tout ! Cette boîte est percée d'un hublot que l'on obstrue de l'extérieur.
On place à l'intérieur un chat. Jusque là, c'est simple.
On y dispose aussi un mécanisme constitué d'un atome d'uranium radioactif, d'un détecteur conçu pour détecter (cela semble logique) une fission de l'atome, et d'un système permettant de répandre du cyanure dans la boîte afin de tuer le chat (là, on vous laisse imaginer).
Ainsi, si l'atome se fissure, le détecteur s'affole et déclenche le mécanisme tuant le chat. Si rien ne se passe, le chat reste vivant. Vous avez bien compris ?

Schrödinger demande maintenant : "Dans quel état se trouve le chat juste avant que l'on regarde par le hublot ?"
Là vous vous dites : "C'est simple le chat est mort OU vivant, soit l'un soit l'autre".
Eh bien pas tout à fait, pour ne pas dire pas du tout ! Schrödinger déclare que selon les fondements de la physique quantique, le chat n'est ni mort ni vivant. Il est à la fois mort ET vivant.
Ne paniquez pas, je vous explique.
Le nœud de l'affaire, c'est l'atome d'uranium. Vous l'aurez bien compris, c'est lui qui tue ou laisse en vie le chat.
Le problème, c'est qu'aucun physicien ne pourra vous dire QUAND l'atome va se fissurer. Dans un seconde, dix heures, cent ans,... ? La seule chose que l'on peut faire est de calculer la probabilité pour que cela arrive. Et cette probabilité vaut 50 %. Il y a donc autant de chances que le chat soit mort ou vivant. Cette situation paradoxale vient du fait que l'atome d'uranium est un être quantique. De ce fait, il se trouve dans les deux états (fissuré et intact) en même temps, donc le chat aussi. Les deux probabilités se chevauchent réellement. Ni l'un ni l'autre, mais les deux à la fois.

Jusque là, vous n'avez pas regardé le chat à travers le hublot, le fait de regarder étant l'acte important. En effet, regarder n'importe quelle particule quantique l'empêche de rester dans son double état ("ET") ce qui l'oblige à en choisir un des deux ("OU").
Mais alors que devient le chat ?
Eh bien, il existe plusieurs solutions !

Une première évoquée par quelques scientifiques propose ceci : puisque rien d'autre que la vue ne peut influencer le chat et déterminer s'il est mort OU vivant, c'est notre curiosité qu'il aurait tué. Mais les scientifiques enfoncent le clou en disant que le nerf optique qui achemine l'image vers le cerveau est parcouru par un flux électrique, lequel est un flux de particules quantiques. De là, qu'est-ce qui prouve que le flux n'a pas les deux états lui aussi ? Je m'explique : le flux transporte l'état chat mort ET l'état chat vivant ! Mais alors qui décide ? Les scientifiques proposent la conscience.
Ne riez pas ! C'est très sérieux, notre conscience fonctionne toujours sur un mode binaire : oui / non, ou j'aime / je n'aime pas,... Le fait est qu'on ne peut pas avoir les deux états superposés. Notre conscience opte donc pour l'un ou pour l'autre. Elle force le réel à adopter une tournure. Mais attention, on ne sait toujours pas qui choisit !
En fait, cela est assez inquiétant car cela signifie que rien n'existe en dehors de notre conscience.

Le problème se corse si on ne croit pas au choix de la conscience, car c'est dire que les deux états sont bien séparés lors de la mesure. Comme rien ne vient trancher, le chat se trouve dans deux univers parallèles. Dans l'un il est mort, dans l'autre vivant. Evidemment, là vous commencez à ne plus voir où on en est !
En fait, chaque fois que vous faites un choix, le choix opposé est aussi fait dans un univers parallèle. Et vu que nous faisons des milliards de choix tous les jours, nous nous dupliquons autant de milliards de fois que nous faisons de choix dans des univers parallèles.

Mais le chat dans tout ça, est-il mort ou bien vivant ?

Eh bien c'est à tout un chacun de faire son choix, de sorte que c'est peut-être nous qui déterminons le devenir du chat... Je vous laisse méditer là dessus.

Plus scientifiquement des chercheurs français ont déterminé que la période d'incertitude est inversement proportionnelle à la complexité d'un objet. Ce qui pour le chat, qui est un objet "complexe", revient à une période tellement courte qu'elle est négligeable. Mais au fond est-ce vraiment négligeable ? Et le vouloir du chat dans tout ça ?

Nostradamus

Dans sa Lettre à César, Nostradamus précise que ses Révélations furent obtenues "par continuelles vigilations nocturnes (...)

"Ton tard advenement, Cesar Nostredame mon fils, m'a faict mettre mon long temps par continuelles vigilations nocturnes referer par escript toy, delaisser memoire, apres la corporelle extinction de ton progeniteur, au commun profit des humains, de ce que la divine essence par Astronomiques revolutions m'ont donné cognoissance."

Traduction: Ta venue tardive, Cesar Nostredame mon fils, m'a permit, lors de longues veillées noctures, de régiger ce que j'ai pu apprendre par l'Astrologie, et te le laisse porter à la connaissance du commun des humains, après ma mort.

"En Sicile, il a eu des contacts avec les mystiques Soufis et fit des expériences avec diverses substances psychotropes, comme la noix de muscade, qui dissolvent les barrières de la conscience. C'est cela qui vraisemblablement l'amenait dans des états de transe pendant lesquels il rédigeait ses prophéties.
La transe est un état profond dans la méditation. Elle survient au bout d'une longue pratique, aider par des méthodes magiques. La philosophie de Nostradamus combinait la magie et la médecine qui visaient à soigner le corps de l'intérieur grâce aux pouvoirs de l'esprit.


L'eau et la lumière étaient ses deux principaux outils de travail. Une bougie allumée donnait le point de départ de ses transes. C'est de cette manière qu'il voyait le futur dans l'aura de la flamme. Il se servait parfois d'un bassin en cuivre rempli d'eau posée sur un trépied. Il s'asseyait lui-même sur un trépied de cuivre pour s'empêcher d'être happé par le sommeil au cours de ses transes hypnotiques. Les pieds du trépied formaient le même angle que celui des pyramides d'Egypte. Au début de la transe, il prononçait certaines incantations "La chaleur prophétique approche (...) comme des rayons de soleil jetant des influences sur des corps élémentaires et non élémentaires (...)" Ensuite il trempait une seule feuille de laurier dans le bassin rempli d'eau et oignait l'ourlet de sa tunique et son pied. La transe pouvait durer toute la nuit."


We are flashing lights...

14 février 2006

Néant - Léonard de Vinci

Le néant n'a point de centre, et ses limites sont le néant. (C. A. 289 v. b)

Des grandes choses qui sont parmi nous, l'existence du néant est la plus grande. (C. A. 398 v. d in, les carnets 1, ed. gallimard, p.68-69)

Léonard de Vinci

13 février 2006

L'interpretation des rêves

Nous pensons, toute la journée durant, à des objets. Lorsque ceux-ci prennent une place considérable ou particulière dans la conscience ou la "subconscience" (ce schéma explique), ils réveillent des souvenirs inconscients.

conscient = ce à quoi l'on pense + ce que l'on vient de penser (dans un court laps de temps).
subconscient (attention: ne pas se référer aux définitions psychanalytiques, ici, subconscient = +/- mémoire de travail)= ce que l'on a pensé qui migre vers l'inconscient. Ces objets ne sont pas encore entièrement liés aux autres et pour cela, ne sont pas encore completement tombés dans l'inconscient.
Les souvenirs ne se trouvent pas dans l'inconscient, mais dans une mémoire annexe à la conscience. De cette confusion mémoire/inconscient provient beaucoup d'erreurs. Il faut bien comprendre que l'inconscient est une "terra incognita" que la conscience ne peut mouvoir/altérer que dans ses états modifiés. De ce fait certains moments subsistent dans la mémoire de la conscience et construisent l'individu: si tout était inconscient, et que nous figions un instant toutes les dynamiques mentales, cet individu n'aurait aucun souvenir.

Par ailleurs, quand l'unifiltre disparaît, cette zone de mémorisation et l'inconscient s'échangent de la "matière". Cette zone de mémoire se trouve dans le subconscient, elle est formée par le passage des objets vers l'inconscient + le contrôle de la conscience. Ces objets qui composent la mémoire sont des objets que la conscience protège, en évitant qu'ils se lient et disparaissent dans l'inconscient. En effet, ces éléments prennent part dans la "personnalité". Ils sont des repères.
inconscient= zone qui n'est plus accessible à la conscience et qui est composée de tout les objets que l'on a pensé. Ces objets sont liés entre-eux. C'est à dire que tout les objets sont agglutinés dans une sorte de "limon". Ce limon n'est pas structuré par le lien que les objets ont entre eux, mais par le temps. C'est le temps qui détermine leur "étage" dans les "couches inconscientes" d'objets liés, et non le rapport que peuvent avoir les objets entre-eux. Mais il advient que des souvenirs resurgissent (pendant le sommeil où lors d'une absence momentanée de la séparation conscient-inconscient) alors, les "couches d'objets" sont perturbées. Il arrive également que la conscience soit tellement mouvementée que cela perturbe la bonne disposition des objets qui forment, au cours du temps, le "limon".

2. Dynamique du rêve:

Pour interprêter un rêve il faut considérer ceci:

1/ Ne pas chercher de "symbolique" grandiloquente. Quand Freud affirmait que les objets étaient déformés par l'inconscient, pour finalement revenir en forme "symbolique", il allait ériger une science "d'interpretation" excessive et désuette. Les rêves ne peuvent pas s'interpréter selon des formes archétypales disponibles dans le premier manuel que l'on trouve.

2 / Puisque les objets que l'on pense, progressivement, se déposent et se lient, ils sont entourés par d'autres objets qui peuvent ne pas avoir de rapport avec l'objet de la source du rêve.
Il faut s'attendre à ce que le rêve soit incohérent et puisse regrouper divers thèmes, idées, situations, qui n'aient peu ou pas de rapport entre eux. De cela découle l'incohérence des rêves, et le côté "esthétique". L'inspiration n'est pas différente: le poète par exemple, veut éviter de penser à quelques objets pour que de ce "vide", des idées souvent incohérentes mais belles par leurs provenances exotiques et diverses, viennent à la conscience. Lorsque l'on pense à quelque chose, l'esprit erre et obtient une construction qui prend la couleur de la pensée première. Pour interpreter avec soin une situation mentale, il faudrait non pas considérer un seul rêve mais l'ensemble de toute la vie onirique; de même que pour un sondage l'on ne questionne pas une seule personne.

3/ Le travail d'interpretation consiste à défaire de la "source" du rêve (pensée première) tout les objets qui se sont liés à elle. Si vous tirez quelque chose de la vase, n'en serait-il pas recouvert d'une épaisse couche ?

4/ En étudiant les rêves, on se rend compte que souvent, un désir inassouvi est assouvi par un rêve quelque temps après que l'on ait manifesté ce désir. C'est à dire que si vous aviez exprimé le vif désir d'effectuer ceci ou cela, c'est (~) quelque jours après qu'un rêve en rapport avec ceci ou cela apparaîtra. Cela tient au fait qu'il faut du temps pour que l'objet de ce désir vienne à sombrer dans l'inconscient.

5/ Le rêve existe car la conscience [sens non-psychanalytique, comprendre: activité cérébrale] le permet. La conscience pendant le rêve n'est pas inexistante, mais elle s'est déplacée dans la zone appropriée, aussi, la séparation conscient-inconscient est effacée. L'existence de la conscience comme structure dans laquelle on est spectateur est prouvée par le fait que certains rêves (en fin de nuit, souvent) prennent en compte des objets du réel qui deviennent dans le rêve, transformés.
Exemple: un oiseau chante à la fenêtre, et le rêve a comme thème un oiseau et son chant... Lorsque l'unifiltre est effacé, des éléments extérieurs immédiats s'allient directement avec d'autres objets (il n'y a plus la raison et la longue descente des objets vers l'inconscient.)

6/ Il peut y avoir une ou plusieurs sources du rêve. Plusieurs rêves avec des sources différentes peuvent ainsi se manifester l'un après l'autre. Ils n'ont souvent que peu de rapports. De même, le rêve peut être un condensé de plusieurs thèmes différents. Cependant, de manière générale, il n'y a qu'une source, il convient donc de défaire de cette source tout les autres objets qui sont "venus avec". C'est un nettoyage, une purification. On trouve la source du rêve en se réferant à la thématique principale et à l'idée dont on se souvient le plus. Qu'il y ait un rêve ne signifie pas qu'il y ait une source forte qui soit la cause de ce rêve. Il ne faut pas accorder d'importance extrême à un rêve s'il était clair ou fort. La puissance du rêve et la puissance de la source ne sont pas proportionnelles.

7/ Les symboliques qui semblent être communes à tous ne doivent pas nous induire en erreur dans l'interpretation des rêves. Dans la vie "réelle", beaucoup réagiraient en poussant un cri s'il voyaient quelque chose d'horrible. Puisqu'il y a donc des réflexes communs à tous dans la vie réelle, il y a aussi des réflexes oniriques que l'on retrouve souvent. Par exemple, l'envie de fuir peut se manifester dans un rêve où notre course s'avère pesante et figée. Il s'agit là de déformation dans les mouvements et dans le décor onirique, non pas de la source (cause) du rêve. Les sources s'avèrent souvent ne pas être aussi mystérieuses qu'elles semblaient l'être.

8/ Le cas des rêves prémonitoires ou intuitifs est facilement explicable. La raison et activité, à l'éveil, empêche de ressentir nombre de fines perceptions (télépathiques et autres). Le rêve, intégrant parfois des éléments extérieurs immédiats à son décor, peut prendre en compte ces phénomènes. On sait également que le temps est un moyen, pour l'être, d'analyse du réel. En soi, il n'existe que sous forme de Principe (intégré dans le principe du monde), et non en forme "corporelle" et humaine. Comme la matière de l'inconscient est transmise à l'âme, et que l'âme communique avec d'autres âmes, on peut envisager toutes sortes de transmissions d'événements à venir, etc.

9/ Comment créer des rêves ? S'exercer à penser à des idées variées et nombreuses, et ne pas chercher à s'en souvenir. L'inconscient sera enrichi et de celui-ci pourra surgir des rêves aussi diversifiés. De la richesse du monde intérieur provient la richesse du monde onirique.

12 février 2006

Fin, milieu, excès

Ce qui ne peut être conçu [intellectuellement] ne peut être su par la conception. [conceptualisation].

Ne pas se fier aux apparences;

Elles sont le "positif";
Elles gravent en nous leur "négatif";
Fiez vous au négatif.
Considérez l'empreinte, non l'image.

Quand il y a harmonie il ne peut y avoir de surprises.

L'immanent est un trascendental d'origine. [il n'y a pas d'immanent car ce qui paraît immanent est par-lui même d'essence transcendantal].

La répétition ne romp qu'incomplètement [l'objet qui en est pris].

Lorsque la foule s'agite, sa désorganisation créé des places vacantes qu'un étranger peut occuper. Il en est de même pour les pensées. La nouveauté vient de la désorganisation et des vides qu'elle permet.

L'autocannibalisme de la raison.


Après que la raison eut tenté de tuer la raison, victime et meurtrier tentèrent le partage des torts.

S'enlever, tel un oignon, chacune de nos pelures ou autres légères surfaces de l'esprit. Croquer ce qu'il en reste.

11 février 2006

Il y a deux centres (Ego/moi et Soi ) qui sont les maximum atteignables par l'Être. (l'Être se déplace sur cet axe.)


Ces centres symbolisent les extrêmes, et il y a dépassement si l'Être atteint l'un des deux.


Être au milieu un moment critique, une zone médiane.

Ce que raison touche, raison détruit. Ce que raison détruit, raison observe.

La raison est fâcheuse mais pourquoi la conjurer ? Ce n'est pas parce que tu es arrivé à ses limites qu'il faille, pour autant, la renier.
Considère là comme amie. Ennemie, elle sera plus difficile à terrasser.

Quelle que soit l'heure, l'état, le mental, s'il fusse haut, s'il fusse aux racines, aux ailes des douleurs, il n'y a qu'une tendance. Celle d'un état direct qui n'ait aucune limitations.

Les grandes idées ne nécessitent pas d'antériorités quelconques, mais elles demandent un terrain d'acceuil favorable - évidemment.

Contredire, c'est déraciner. Tout contredire, c'est [de pouvoir ensuite] amener des idées neuves au creux des sillons.

Si le quête de sens chez un homme existe, mais est étouffée, convertie, corrompue, tant qu'elle existe elle est signe d'espoir.

(...) ne peut qu'envenimer les choses - les choses ne sont-elles pas déjà venin ?

Nous sommes un peu trop et ne savons comment l'avouer.

Dès l'instant [l'illumination] s'il y en a, l'esprit connaît l'hiver puis l'été, jusqu'à la création. Ne pensez pas [qu'hivers et étés] puissent influencer l'être qui en est atteint [dans le sens: faire périr], celui-là sait, malgré lui. [il y a un "point of no-return" dès que l'on accède à l'illumination. Ni retour ni oubli d'envisageable].

Ne voyez d'inconvénients si l'aide fournie [transcendantale] ne convient qu'à moitié; elle est suffisante pour que vous formiez l'autre.

N'y a-t-il pas toujours que des formes détournées d'amour parce que l'homme est faible ? L'homme fort entre logiquement dans ces sphères connues de tous.

En la logique ne voyez pas un détour de la raison mais une idée habituelle que développent ceux dont leur vision ne s'étend à l'ensemble. Car de la façon dont celui voit est déterminé la nature de son raisonnement - sa vision [et tout ce qui provient de celle-ci]. De la vue provient douleurs et désirs.

Regardez et attribuez. Non l'inverse.

Dans ce que vous voyez de Beau il y a le reflet transcendantal du noir. Ce qui est transcendantal aux objets devient à vous, immanent.

Ce que vous connaissez vous ne le voulez pas, ce que vous ne connaissez pas vous le craignez, puis au final, vous voulez tout. Pourquoi ? Tout est mal voulu.

Les religions multiplient le salut... [et donnent une sûreté spirituelle répugnante].

Il n'y a pas d'éloquence dans le silence ni de silence dans les plus beaux discours. Prisonnier de la dualité des valeurs, l'homme imagine parfois leur inversion, du mélange il attend la profondeur; l'homme créé, mais ne retrouve les pigments originaux. Depuis toujours, il essaye ces couleurs perdues. Ne devrait-il pas essayer l'achromatique ? [noir/blanc].

La difficulté de l'enseignement provient de la difficulté de l'adaptation [non de la matière enseignée ni de sa terminologie].

Pourquoi rechercher une objection dans l'affirmation ? N'y a-t-il jamais de vérité ?

Certains lapsus sont l'oeuvre de désirs oubliés. De ce fait, au moment où ils sont exprimés, ils sont parfois inertes [defunts].

L'idée de projection doit être étendue à tout ce que votre vue recouvre. Ce que vous voyez porte votre signature, il faut aussi avertir que seul ce qui porte votre signature peut être observé par vous. [vos anesthésiez vos phénomènes-proie (tout le réel = toute la multiplicité des phénomènes) avant que vous ne les voyez]. Vous écartez tout ce qui ne porte pas cette signature, c'est ce qui compose l'invisible. C'est pourquoi, percevoir un plus large spectre de phénomènes étend votre vue. Cela est rendu possible par le non-agir, l'absence de projections de valeurs, l'extinction de la personnalité, la restriction des énergies. Cultivez l'absence, la votre.

Le futur [hasard] vous détermine autant que vous l'influencez.

Les mutations proviennent des efforts d'adaptation.

Les faibles deviennent forts [fatalement], mais les faibles veulent rester faible, ainsi, le temps est [pour eux] la principale souffrance.
La souffrance est aussi dans la résistance que vous opposez au changement

(Ecriture automatique)

10 février 2006

L'enseignement de Rāmana (2/7)

54. Respiration avec contrôle interne:
Se dire: n
āham chintā (l'idée "je ne suis pas le corps") est le rechaka (l'expiration),
ko 'ham (qui suis-je) est le p
ūraka (l'inspiration),
so 'ham (je suis Lui) est le kumbhaka (la rétention).
Repiration avec contrôle externe:
Observer sa respiration. Cela contrôlera la respiration qui en retour contrôlera le mental.


57a. Les siddhi, pouvoirs "paranormaux" provenant de la pratique spirituelle sont dangereux car ils deviennent un but, la force de l'ego ramenant au corps. Or cela détourne de la Réalisation du Soi.
Pour manifester des siddhi; il faut que d'autres personnes pour le reconnaître. Celui qui possède de tels pouvoirs est donc dénué de jñāna.
63. Le sphurana (sorte de sensation indescripible mais palpable ressentie dans le Coeur, le Centre), peut être ressentie en diverses circonstances (grande peur, excitation, etc). Lorsqu'il est seul et pur, c'est le Soi. Si l'attention se fixe sur le sphurana et si on le ressent de façon continue et automatique, c'est la Réalisation. Le sphurana est ainsi un avant-goût de la Réalisation.
64. Pourquoi s'affliger des morts, car eux se sont débarrassés de leur carapace corporelle. Analogie avec le sommeil: petite mort. Pourquoi pleurer un mort dans ce cas ? Il n'y a que nous que cela afflige.
65. Il n'y aucune différence et importance entre percevoir le monde et ne pas le percevoir.
Le monde est une manifestation de Soi. Analogie avec le cinéma: ce n'est pas la peine de chercher d'attraper des images qui ne subsistent pas et ne peuvent subsister. Il faut se contenter d'être spectateur.
68. Le silence est un enseignement. Parole transcendantale.
Les vritti (états de conscience modifiés) permettent de voir la connaissance, c'est un état qu'il faut cultiver jusqu'à ce qu'il devienne naturel, alors, il culmine dans notre propre Soi. Cependant, le vritti n'est pas la conscience, mais un phénomène qui opère dans la conscience réfléchie. La vritti appartient au mental actif, la vraie conscience existe dans le mental au repos.
L'objet vu et celui qui le voit finissent par se fondre dans la même demeure.
76. Le monde est ce qui est perçu. (loka)
Pourtant, lorsque l'on dort, on existe. Par conséquent CELA qui se trouve au-delà de l'ego est la Conscience - le Soi.
80. Pourquoi se créer de la douleur lorsque quelqu'un vient à mourir ? Ce qui est mort n'est que corporel, ce n'est pas le Soi.
Corps et ego sont intercorellés et agissent réciproquement en se donnant mutuellement existence.
L'extinction de l'ego rend possible l'unique Existence infinie. De ce point de vue, il n'y a ni mort, ni lamentations. (car ce sont des pensées de l'égo).
Le Soi ne nécessite aucun effort pour sa Réalisation, il est déjà là et réalisé. Mais l'illusion de l'ego doit être otée.
86. Sur la foi chrétienne: Le Christ est l'ego. La croix est le corps. La résurrection est la réalisation du Soi.
90. Trinité chrétienne: Dieu le Père représente Ishvara (Seigneur), Dieu le Saint-Esprit représente l'ātman (le Soi), Dieu le fils représente le guru (fils de Dieu venu révéler que Dieu est esprit, immanent en tout lieu, et qu'il doit être Réalisé).
91. La force du mental consiste à se concentrer sur un seul objet sans être distrait.
92. Le mental et l'ego sont une bulle sur l'océan, est-ce un désastre si elles éclatent ? Elles reprennent leur condition originelle.
93. Le doute qu'introduit l'ego: la Réalisation de Soi ponctuelle(éclair cosmique), était-ce la réalité ou l'irréalité ?
L'erreur consiste à penser "Je suis le corps" et à croire que le monde est réel.
95. Les chercheurs sont de deux catégories: ceux qui ont épurés le mental et donc eu quelques expériences qu'ils ne comprennent pas (un maître compétent rendra leur expérience permanente), et ceux qui doivent chercher selon des pratiques, l'audition de la vérité, la réflexion, la concentration. Finalement, ils aboutiront au Soi ce qui correspond à une Libération.
96. Ce que les occidentaux appellent "éclairs de conscience cosmique" sont en fait des contacts avec le Soi, mais comme l'ego reprend le dessus, ces contacts sont ponctuels. Mais le Soi est toujours là, il suffit d'en séparer l'ego.
Toutes les religions sont tiennent à la Vérité, mais elles complexifient les chosent, alors que la Vérité est simple.
98. Le monde est comme la lune, il réfléchit la lumière.

100. Sat = Etre = substrat. De cela procède le particularisé. L'être est donc voilé par l'ignorance, il s'identifie au corps physique.
101. Lorsque l'être se fond avec le Soi, il y a abandon de lui-même.
106. Le bien et le mal proviennent uniquement de l'ego.
107. L'instruction spirituelle diffère selon les individus, il n'est pas possible d'instruire en masse.
108. - Tout comme les fleuves, en se déversant dans l'océan, perdent leur individualité, et qu'ensuite les eaux de l'océan s'évaporent pour retomber en pluie sur les montagnes, puis s'écouler en rivières et retourner à l'océan, ainsi les individus, qui entrent en sommeil, perdent leur individualité, mais reviennent à eux selon leurs v
āsanā (tendances) antérieurs, sans en être conscients. Par conséquent, même dans la mort, le sat n'est pas perdu.
- Par ailleurs, tel un gigantesque figuier d'inde qui sortirait d'une minuscule graine, du Coeur découle les noms et les formes: le vaste monde.
- Nous ne sentons (percevons) pas l'origine (origine de ce que nous sommes=l'être en tant que personnalité, entité qui subsiste et existe dans la vie et dans la mort=sat) parce que, comme le sel, il est invisible dans une solution. Néanmoins, on reconnaît son existence par le goût. De même le sat, bien que non reconnu par l'intellect, peut être réalisé (reconnu) de façon transcendantale.

9 février 2006

Couleurs complémentaires

Deux couleurs sont complémentaires si leur mélange est caractérisé par une absence de chromaticité (blanc – gris – noir). Ce mélange donnant alors naissance à une couleur neutre et si elles ont le même aspect visuel.

Attention, le vert, lumière monochromatique, n’a pas de complémentaire dans le spectre (500 – 570 n.m) car le magenta n’existe pas dans le spectre.

Dans le cercle chromatique, B est la couleur complémentaire de A.

De l'obsession illuminatrice

Il a une faille élémentaire que partagent tous les guru et autres illuminés.
L'accès à une certaine connaissance - le premier accès à celle-ci, détermine toute la construction qui s'y ajoute.
La première expérience apporte des bases qu'aucun ne voudrait renier (en partie), réfuter, modifier.
Cette personne se contentera simplement d'élaborer et d'intégrer tout ce qui est intégrable à sa vision première - les fondements sont devenus inamovibles.
Tout autre objet conceptuel devra être associé aux structures initiales, si bien que ceux-ci devront être adaptés. Cette adaptation n'est pas sans poser quelques problèmes d'importance cardinale: si l'on adapte, on modifie - on ne prend qu'une partie. L'univers entier se retrouve donc modifié à la structure illuminatrice. Les cohérences sont anesthésiées en détail et l'ensemble tient, "à peu près". Au fur et à mesure, le monde n'est pas simplement anesthésié, mais tué, nous ne pourrions décortiquer un animal vivant !
Alors, tous les mouvements posthumes de ce monde, qui git dans un cadre conceptuel, affaiblierons l'esprit qui tente cette valeureuse aventure.
D'où ma question: est-ce possible d'avoir sous une emprise conceptuelle étendue l'ontologie et les rapports de l'être avec le monde phénoménal ?
Après quantité de travaux sous divers angles et de divers horizons, il y aurait-il un concept ultime qui, dès lors, pourrait servir de base, laquelle, après l'avoir atteinte, serait dépassée ?
Ma réponse est oui. Je crois qu'il y a un seuil qui suffise à l'être pour trouver une prise qui lui convient dans l'aconceptuel, depuis le Soi, parmi le noir, et vers le noir.
Ma seconde réponse est que cela doit être élaboré sans perdre courage, jusqu'à former un escalier - partagé de tous- qui irait de l'Ego jusqu'au Soi, et qui permettrait à tout esprit, depuis l'Ego, de rejoindre le Soi, selon sa maturité "spirituelle" (d'esprit).
Car nous savons que sur l'axe noir-vie, l'Être se déplace.
Nous devons élaborer un enseignement qui soit en escalier, qu'il soit rapide et qu'il puisse recouper tous les accès au noir que l'on connaisse. La structure conceptuelle doit être partagée de tous, c'est une condition sine qua non. Unir la philosophie; la diversité inhibe l'action. Tôt ou tard, apparaîtra une philosophie utile.

L'enseignement de Rāmana (1/7)

Ces notes représentent une simple synthèse de "L'enseignement de Ramana Maharshi", nouvelle édition intégrale, aux éd. Albin Michel.


1. Association au Soi pour vision du monde directe, car le Soi est aussi le monde.
2. Dans l'état de veille, le corps reçoit les sensations qui sont interprétées. Dans le rêve, le corps reçoit les créations interprétées. Dans le sommeil profond, cela n'existe plus. Donc, la conscience qui analyse et produit les interprétations n'existe pas (l'ego est faux).
3. Le bonheur ne peut pas provenir de l'extérieur, mais de sa propre ouverture à son Soi. (Réalisation)
6. Se maintenir dans le soi (et apprendre progressivement à se maintenir de plus en plus longtemps) empêche les distractions du monde objectif. (d'objets)
7. L'omnipotence et ensuite, les pouvoirs occultes (s'occuper d'abord de sa Réalisation: les pouvoirs occultes ne peuvent être dans ce but, ils servent à l'égo).
9. Ressemblance du sage et de l'enfance: relative ignorance aux atteintes des objets (l'enfant oublie vite ce qu'il lui a été donné d'expérimenter et de sentir).
10. De la respiration vient la maîtrise du mental.
13a. Les habitudes du mental créent la dispersion. Se sortir du cercle vicieux passe par la connaissance du Soi. (C'est ma dualité Soi <> Ego/moi)
Remonter à la source de ses pensées (l'ego) au lieu de les suivre. Dès lors que l'on sait d'où provient la pensée, elle se disperse.
L'intellect aide à sa réalisation jusqu'au moment où l'on s'aperçoit qu'il est lui-même transcendé par le Soi.
L'ego projette, et donne l'illusion du réel. Seul le Soi existe.
14. La réalisation ne peut être exprimée. Cependant, elle existe.
17. Tout est illusion et projection du temps. Le temps est une idée (inexistente en dehors de l'ego: quand on dort, on n'a pas conscience du temps) et seule existe la Réalité.
L'activité de l'ego doit être détachée de l'être qui cherche le Soi. (mon schéma: Soi <-- Etre -- Ego/moi) Le célibat est une aide importante, mais non pas indispensable.
Si l'homme réalisé est amené à détruire toute vie (parce qu'il sait que toute vie n'existe que dans son mental), aucun péché ne pourrait atteindre son âme pure.
Il n'y a ni naissance ni mort. Il n'y a pas de temps, cela enlève beaucoup de questions.
18. Les pouvoirs occultes n'existent que dans le mental car nous les connaissons par le mental.
Ce qui est dans le monde est dans le corps, ce qui est dans le corps est aussi dans le monde (analogies.)
20. La solitude est une fonction mentale. Il peut y avoir solitude au milieu de la foule. Un homme sans attachement ni désirs est toujours dans la solitude.
La réalisation du Soi est l'aide la plus grande que l'on puisse apporter à l'humanité.
Ne vous préoccupez de rien sinon de la réalisation de votre Soi. Toute autre préoccupation concerne le mental.
Les pouvoirs occultes ne peuvent apporter de bonheur. Ils sont une extension des pouvoirs limités que l'homme a déjà. Les pouvoirs sont richesse. Ils ne peuvent conduire à la paix.
21. Toute la connaissance est stable "lorsqu'elle devient aussi claire et palpable qu'une groseille dans le creux de sa main".
Pour celui qui, dans une vie antérieure, à atteint un haut degré de maturité spirituelle, il suffit qu'il entende une première fois énoncer la Vérité pour qu'il obtienne la Réalisation.
22. Nécessité de conserver une bonne santé physique: plus le corps est faible, plus le mental devient fort, et cela s'oppose au Soi.
Une nourriture n'est considérée comme savoureuse que parce que le corps en a pris habitude.
25. Généalogie. Comprendre d'où proviennent nos pensées permettent de comprendre l'ego et de le dépasser.
Le mental est la plus puissante manifestation de la réalité car il créé une réalité illusoire et amplifie sa nature. C'est à dire que les couples de contradictions, présents dans la réalité, seront amplifiés par le mental.
26. L'idée de "Je" et de personnalité est fondamentale car d'elle provient le mental et ses pensées qui lui sont secondaires.
La perte d'intéret pour le non-Soi est la première étape pour se dissocier des objets extérieurs. Puis, maîtrise des sens et concentrations s'ajoutent à cette première séparation.
http://davidgodman.org/asaints/images/Arunachala_POA2.jpg27. L'examen de la nature éphémère des phénomènes conduit à l'absence de passion; donc mépris de la richesse, renommée, confort, plaisir, etc.
Si l'aspirant n'arrive pas à développer cette investigation, il faut qu'il adopte un idéal (guru, humanité, morale, beauté). Cette concentration vers un idéal provoque la caducité des attachements autres.
Développement du contrôle du souffle. Joie ou douleur sont aussi irrégulières et instables l'une que l'autre.
Si ni la première ni la seconde méthode convient, la troisième s'impose: celle d'accomplir de bonnes actions, service social, etc.
Si l'être n'est pas entièrement tourné vers le Soi, il faut analyser ses pensées: leur source et leur but déterminent leur origine, qui se trouve dans l'égo.

La nature de la Réalité : a/ l'existence intemporelle, sans commencement ni fin, éternelle. b/ l'existence inspatialle, partout, sans limite, infinie. c/ l'existence sous-jacente (créatrice) à toutes les formes, tous les changements, toutes les forces, toute la matière et tout l'esprit. Le multiple (phénomènes) change et disparaît, alors que l'Un (le noumène) perdure éternellement. d/ l'Un remplace les triades (sujet, objet, et la relation entre ces deux; la connaissance), les apparences, les mirages, les illusions.

L'égo se dissout.
Les savoirs intellectuels sont inutiles et doivent être jetés par dessus bord après la Réalisation.
Le vrai centre du "Je" se trouve dans le Coeur, mais, cela c'est pour assouvir le besoin de certains, car le "Je" n'existe pas, il n'y a que le soi, et celui-ci est un ensemble.
Toute pensée doit être exclue.
L'instabilité du mental trouve sa résolution dans la concentration sur une chose.
On ne devient pas Un, on l'est déjà, et il suffit de le découvrir. Savoir qui l'on est.
Nous ne sommes pas notre corps, il importe peu de chercher à user des techniques d'apparition/disparition. (siddhi)
34. Il n'existe que le soi pur.
Ego et mental sont secondaires. (le mental provient d'un croisement entre le Soi et l'Ego/moi.
Quand on rejoint le soi pur, il y a dissolution.
(De même je disais que le mental est entre le soi et l'ego/moi. Lorsqu'il se fonde dans l'ego ou bien le soi, il y a, dans les deux cas, une dissolution).http://www.espinoso.org/biblioteca/imagenes%20biografias/ramana%20maharshi.jpg
36. Il est inutile de vouloir connaitre nos proches après leur mort, parce que devions nous les connaitre avant leur naissance ?
39. L'action ne nous appartient pas (donc, user du non-agir taoïste) de même que ce qui appartient à l'ego ou au mental.
40. D'abord comprendre intellectuellement un enseignement, ensuite le mettre en pratique. (dépassement). L'intellect est donc utile dans le dessein d'être dépassé. (tout expliquer par le concept pour que l'aconceptuel vive).
Adhérer à un seul système philosophique condamne les autres. Chacun agit selon son tempérament et ses vies antérieures.
Quelque soit la méthode que l'on suit, le but est le même (peu importe les accès aux noirs, ils convergent vers le même but).
Soyez ce que vous êtes ("Deviens celui que tu es" Nietzsche).
41. On doit les doutes à l'ego.
Il faut toujours garder à l'esprit: "Qui suis-je ?": l'investigation.
43. S'occuper de chercher notre Soi avant de s'occuper d'autrui.
Contrôler le mental par le mental, c'est s'échapper à soi-même. C'est être voleur et policier.
44. On est toujours seul.
46. Le mental est l'identification de soi et du corps.
Pendant le sommeil il y a absence du "Je" (ego).
Le corps est le résultat des pensées.
L'action entraîne une servitude seulement si l'on se dit "je suis celui qui agit".
48. Parabole sur la misère du monde: "la mer n'est pas consciente de ses vagues. De même, le soi n'est pas conscient de son ego."
50. Beaucoup savent que la goutte se perd dans l'océan, rares sont ceux qui savent que l'océan se perd dans la goutte.
52. C'est tout à fait naturel que le mental reste clair pendant deux ou trois jours et s'obscurcissent pendant autant. "Il s'agit du jeu de la clarté (sattva), de l'activité (rajas) et de l'obscurité (tamas) en alternance. Ne regrettez pas le tamas; mais lorsque le sattva entre dans le jeu, accrochez-vous-y et tirez-en le meilleur parti"
53. Chacun, ne se préoccupant pas du soi, est un suicidé, car il ignore sa Réalité. Pourquoi se préoccuper des meurtres dans ce cas ?

8 février 2006

Elephants

On dit que les maîtres de l'art ont deux artifices dans leur main pleines: la lourdeur des esprits
tordus et la fraîcheur des airs litigieux. Ils savent dresser sur leurs ergos les pires chefs de tribus
lointaines, et manger sur leurs confitures les plus tendres herbes fines. Ils savent encore dérégler les
plus grandes traces que l'horlogerie instaure dans les systemes, et, entre les herbes tendres someille,
indifférent, un prophète fou. Il dit que les gens sont des ennemis et qu'il veut en faire des amis. Ma
foi, pourquoi pas ? Mais celui qui est devient ce qu'il n'était pas, et voyez, il someille et rêve parmi
les herbes folles. Dans des primes existences ce ne fut pas ainsi, les traitres avaient de longues
dents, ils marchaient à plat ventre sur les énormes chiens qu'ils croisaient. Ils savaient comment et
où former l'amour, car ils avaient aussi de longs yeux crépus, entourés d'un cerne jaune du plus bel
effet. Où avaient-ils péchés leurs insomnies ? Peut-être dans les verrieres des plus lontaines forêts,
dans les mûrs que l'on trouve sur les plus courts chemins ? Dans toute une année stellaire, il ne s'y
passe que des choses inopinées. Par exemple, les éléphants mangent les hommes. Parfois, ils sortent
de leur terreur et les aplatissent de leur longent cornes ou trompent la petitesse de leurs adversaires.
Ce sont de grands beaux hommes qui vinrent à leur rencontre, ils leur dirent de s'abaisser pour qu'ils
puissent les monter, ainsi, ils leurs promirent de faire le tour de monde. Cela enchantait beaucoup
des pachidermes, mais certains refusaient, ils pensaient que l'idéal n'était pas de s'accomoder de
cercles autour d'un rond d'eau. Ils firent de même pour les menaces que les grands beaux hommes
dispensaient: les attacher à l'univers pour un temps indéterminé, errer entre deux étoiles jumelles,
cela, ils refusaient aussi. Les grands beaux hommes ne savaient que dire, que faire, ils pensaient que
ce qu'il adviendrait d'eux serait un triste pauvre sort, mais contre toutes attentes ce furent eux les
mieux portant, jusqu'à trois siècles après les prémices de l'esclavagisme grandilopant. Pour ces
derniers éléphants libre il importait de se satisfaire de l'herbe cueillie dans le pré ruisselant, ils ne
savaient que croire entre les deux colonnes qui arboraient les clairières de l'esprit, et ces éléphants
refusèrent donc également leur propre condition. En ce sordide jour ce fut une nouvelle étape et une
nouvelle fin, ceux là périrent dans leurs propres mains. Ils disparurent les paumes retournées, les
doigts croisés. Je fus l'un d'entre d'eux, je marchais parmi les palmiers lorsque je me rendis compte
qu'ici s'arrêtait la foret et les arbres démesurés, qui ne faisaient qu'apporter ombre et tamis au
puissant soleil. Je m'exposais, brulais, dans de terribles conditions, si bien qu'un jour, d'autres
éléphants vinrent et s'assirent autour de moi, laissant à mes côtés leurs squelettes froids. Je fus
désormais unique et déterré depuis toujours jusqu'à toujours, dans un vent frais, jusqu'aux pôles
morts.

J'ai à ce jour ces questions:
1/ La création artistique, qui est une simple déformation des sensations et perceptions du mental, peut-elle mener à quoi que ce soit de vrai ?
2/ Des composés chimiques (hallucinogènes) apportent au mental une distorsion des perceptions qui peut mener à une connaissance du soi. Comment est-ce possible que cela soit ainsi, que des composés quelconques puissent mener au soi ? Et si le soi n'était qu'une illusion du mental ?
3/ L'homme veut accumuler richesses et pouvoirs. Or, pour s'en défaire, les sages refusent cela. N'aspirent-ils pas eux aussi à une richesse et à un pouvoir plus grands que tout autre, et ne sont-ils pas là dans une logique similaire ?
4/ N'est-ce pas une erreur que de penser atteindre un "Soi" lorsque nous nous situons sur un plan qui en est inférieur ? N'est-ce pas renier la Réalité et, par-là, renier notre propre condition, pour atteindre une condition qui en est détachée ? Dans ce cas, la Réalité perdrait son sens, à moins que son sens soit de la renier ?

Hypnose et parapsychologie

Extraits de ce lien.

Si hypnose et parapsychologie sont abusivement confondues dans l'esprit du public, il nous semble en effet que leurs liens sont paradoxalement trop méconnus par les psychologues et psychopathologistes qui s'intéressent à l'hypnose.

Cette distance prise par les praticiens de l'hypnose à l'égard du paranormal est aisément compréhensible si on tient compte des nécessités tactiques qui se sont imposées à eux pour faire reconnaître l'authenticité des phénomènes hypnotiques. Les hypnotiseurs ont dû se battre pour se défaire de leur image de magiciens et venir a bout des résistances irrationnelles issues des fantasmes de toute puissance réveillées dans le public. Il reste pourtant qu'on ne peut pour autant continuer à ignorer la somme de recherches qui confirment chaque jour davantage la possibilité de survenue de phénomènes paranormaux sous hypnose.

F.A. MESMER, remarquait déjà en 1779 dans son "Mémoire sur la découverte du magnétisme animal" que "quelquefois, grâce à un sens intérieur, le somnambule peut voir distinctement le passé et le futur" ou encore localiser des objets égarés.

Nombreux également furent les hypnotiseurs qui, après MESMER et de PUYSEGUR, rapportèrent des observations de clairvoyance sous hypnose. En 1831 une commission de l'Académie des Sciences obtint plusieurs démonstrations de clairvoyance par des sujets hypnotisés. Quelques uns par exemple se montrèrent capable d'identifier des cartes les yeux bandés et, bien que les conditions de contrôle ne nous paraîtraient guère satisfaisantes aujourd'hui, ces démonstrations suscitèrent un grand intérêt. Des observations plus spectaculaires de clairvoyance furent rapportées par WESERMAN (1819), HADDOCK (1849), MAYO (1851), BACKMAN (1892), BARRET (1911), PAGENSTECHER (1921) et BJORKHEM (1942).

On peut citer aussi l'exemple de LEONIE, la célèbre patiente étudiée par JANET et RICHET qui, alors qu'elle était au HAVRE dans un état hypnotique, aurait décrit une brûlure que RICHET s'était faite accidentellement au même moment à PARIS.

7 février 2006

Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéen

Le recueil de textes de l'ouvrage "Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéen" offre un aperçu de la négation de la philosophie nietzschéenne. Il en cherche à épingler les contradictions principales de l'oeuvre tout en usant de la généalogie...
Premier des fondements: le fait que toute chose soit contredisible: ce qui contredit Nietzsche est aussi Nietzsche...
André Comte-Sponville, comme à l'habitude, utilise un langage où sa répartie philosophique est utilisée en tant que fil conducteur de sa pensée; néanmoins, on admettra qu'il a bel et bien fait envolé quelque chauves-souris qui s'abritaient dans la caverne du grand moustachu:
"Penser Nietzsche: avec lui, contre lui. Au fond, c'est la même chose. On sait, tous les commentateurs l'ont relevé, qu'il a pratiqué plus que quiconque l'autocontradiction, comme disait Jaspers, qu'on peut "chez lui, presque toujours, trouver une appréciation et son opposé", au point qu'il semble qu"il ait sur toutes choses deux opinions"[1]. (...) Voilà un philosophe pour tous les goûtes, et pour tous les dégoûts ! Et apte, c'est bien commode, à couvrir d'avance vos cotnradiction, palinodies ou reniements... Qui dit mieux ? Quoi de plus ennuyeux, inversement, quoi de plus suspect qu'une philosophie cohérente ? Que trahit cette peur de la contradiction, du revirement, de la déraison ? De quoi est-elle le symptôme ? De qui est-elle le masque ? L'interprétation et la généalogie pourront là s'en donner à coeur joie, considérer la logique, ainsi que faisait Nietzsche, comme une marque de faiblesse et érigera en force ce qu'il y a de plus manifestement déraisonnable - illogique, passionnel, parfois délirant - dans la pensée de notre auteur. En revanche, une telle "prolifération de contradictions", une telle "duplicité contredisante", si elle fait le bonheur du commentateur, rend fort difficile toute tentative de discussion sérieuse. Quelle que soit la thèse que vous voudrez critiquer, le premier nietzschéen venu, et ils sont légion, pourra touujours vous objecter que Nietzsche a dit exactement le contraire - et le pire c'est que le nietzschéen aura raison, presque toujours, non certes que vous avez prêté à Nietzsche une thèse qu'il n'aurait pas soutenue, mais parce qu'il a toujours, soutenu aussi la thèse inverse, de telle sorte que "ne laissant à personne le soin de le contredire", comme dit joliment François George, Nietzsche rend fort inconfortable la position de quiconque prétend le faire à sa place ou après lui !
(...)
Il y a quelque chose dérisoire dans la façon dont Nietzsche puis les nietzschéens voulurent y voir le commencement d'une nouvelle humanité. Marx, en sont temps, eu la même prétention, et l'histoire, après avoir fait mine de lui donner raison, lui donna tort aussi.
(...)
Je n'ai jamais pu parler de Nietzsche calmement. Cela tient à son génie, sans doute, à ce qu'il y a en lui de survolté, d'explosif - 'je ne suis pas un être humain, disait-il dans Ecce Homo, je suis de la dynamite."
(...)
disons que je partageais avec Nietzsche - quoique j'y sois parvenu par de tout autres chemins: par le marxisme et la critique du marxisme - l'essentiel de ses refus: l'antiplatonisme (contre le monde intelligible), l'anticartésianisme (contre le cogito), l'antikantisme (contre la chose en soi et l'absoluité de la loi morale), l'antihégélianisme (contre la dialectique)... Pour un philosophe, cela fait beaucoup;
(...)
Je m'inventai même, pour mon usage personnel, un système d'quivalences approximatives mais commodes entre Nietzsche et Spinoza. Le surhomme était comme une version nietzschéenne du sage, l'éternel retour pouvait passer pour une métaphore de l'éternité, et la volonté de puissance n'était pas sans rapport, me semblait-il, avec le conatus...
Quant à la transmutation (ou l'inversion, ou le renversement, comme vous voudrez) de toutes les valeurs, il me semblait voit là comme un écho de l'immoralisme spinoziste,
(...)
C'est d'ailleurs ce qui me frappe souvent chez les nietzschéens, quand ils sont sympathiques: ils partent bille en tête contre la morale, ils prétendent renverser toutes les valeurs, amorcer une nouvelle ère de l'humanité, vivre par-delà le bien et le mal, etc., et au bout du compte ils se comportent comme vous et moi, à peu près honnêtement, à peu près vertueusement, bons pères et bons époux, quand ils le sont, et en tout cas les meilleurs amis du monde...

Note: [1] K. Jaspers, Gallimard, coll. "Tel", p.18, voir aussi p.418 et suiv. Même remarque chez Cioran; Nietzsche "s'entend à varier les déséquilibres. Sur toutes choses, il a soutenu le pour et le contre..." (Syllogismes de l'amertume, rééd. Gallimard, coll. "Idées', 1976, p.45)

Toutes les citations in Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens, André Comte-Sponville :"La brute, le sophiste et l'esthète". Collecif, ed. Poche "essais",1991

5 février 2006

Il existe un état dans laquelle la connaissance nous est transcendantale -- de ce fait, l'accès à celle-ci importe davantage que la formulation de celle-ci.


34 aphorismes

Ces aphorismes obtenus par écriture automatique succèdent aux "aphrodismes", qui étaient destructeurs, ceux-là rebâtissent sur un sol nu.


1. Ce qui se passe maintenant est un préavis de ce qui se passera après.

2. Si la quête objective [la vie dans la matrice] n'a qu'une influence limitée, ce qui ne possède plus l'axe conscient [la raison qui cherche à vivre dans la matrice] se voit dénué de ses dernières frontières.

3. Je sais que le monde est sur le point d'offrir misère et peines, je sais aussi que le changement est progressif et bénéfique.

4. Quand un objet vient et s'emmêle dans la conscience humaine, il est introduit par une projection défaitiste des circonstances.

5. Qui connaît l'amour sait par-là l'imminence du futur.

6. Je ne quête pas l'improbable destinée, j'affronte ce qui vient et donne ce qui en découle.

7. On dirait le monde semblable à lui-même dans sa progression, je le crois réglé au surpassement.

8. L'action des faibles prévient les hommes du noir de ce qu'ils ont en eux qui peuvent les démunir. Cela permet d'en avoir connaissance et de le dépasser.

9. Ceux qui rient sont ceux qui pleurent, la stabilisation est ce que les faibles savent le mieux. Mais, en tant qu'homme du noir, nous devons rire plus fort, pleurer plus amèrement, pour n'avoir plus la valeur des sensations.

10. Je crois le monde et les hommes reliés par des fils divers, certain s'y agrippent plus fort, ils s'élèvent à la Connaissance, ceux sont ceux qui dépassent.

11. Je ne pense pas être fautif de mon devoir. Je pense que sont fautifs ceux qui refusent le devoir qu'ils savent inconsciemment.

12. La fertilité est un gage de vertu, en elle coule l'affirmation des pensées révélées.

13. Dans l'instant ou dans le temps, la logique reste la même, c'est à dire, dans une chose se trouve l'état entier des caractéristiques de l'état des choses qui agissent sur l'état de cette chose en particulier. [l'état est influencé les autres états qui l'environnent].

14. Dans l'orientation de l'homme vers le désespoir, il y a la racine du mal, c'est-à-dire, la source et la cause d'un larmoiement qui n'a pas été dépassé.

15. Dans l'existence sommaire que beaucoup d'entre vous prônent, saisissez la fadeur qui se transporte d'un corps à un autre, d'une émotion à une autre, et comprenez que la raison primaire est transmissible [contagieuse].

16. Soyez le coeur de vous-mêmes et le coeur du peuple, soyez le composant et la part, la fonction et l'évidence d'action.

17. En tout se mêle supplice et délice, en tout s'active désirs et déplaisirs, en tout devient accès et retours.

18. En un mot, priez; je veux dire, priez ce que vous êtes, aimez ce que vous êtes car cela vous ne l'êtes [ce que vous êtes maintenant n'est pas ce que vous êtes véritablement], ayez foi en la succession que vous pouvez offrir par vous-mêmes à vous-mêmes [aimez ce que vous allez devenir car ce que vous allez devenir est ce que vous êtes vraiment].

19. Sachez que la poussière d'une étoile se trouve dans toutes les étoiles, de même, l'homme se trouve en plusieurs endroits réparti synchroniquement.

20. Une erreur de l'homme est de penser le monde leur pendant un temps, ils ne croient pas que le temps est illusion qu'eux-mêmes ont créé[ pour rendre le monde "leur"], de ce fait, ils ne pensent pas réellement que le monde n'est pas leur que par le devenir qu'ils lui donnent, en ce moment, le monde n'est plus leur, car ils font émerger un devenir inconsidéré.

21. L'imprudence n'est pas un vice caché, mais une sornette que certains veulent répandre en tant qu'élaboration disciplinée du mental créateur.

22. Ne voyez donc pas que les fous sont bien ceux qui n'ont d'autres évidences que de s'aimer en tant qu'éléments matériels parmi les éléments matériels.

23. Voyez aussi qu'il ne faut admettre qu'une seule et unique chose: rien ne peut s'effacer si vous privilégiez la continuité sourde et dévastatrice, simplement.

24. Un grand détour est prévu, vous n'auriez qu'à emprunter le chemin qui vous est pointé du doigt, sinon, qu'allez-vous devenir, car toutes les autres issues sont, dès aujourd'hui, irrémédiablement condamnées.

25. Ce n'est pas un défaut que de voir les choses advenir tel que l'on avait souhaité [qu'elles adviennent] ou inversement. Ce sont juste des états de la raison morale.

26. Voyez que rien n'est figé, que tout est en devenir, que par-là, vous ne sauriez rester figer, dans l'attente d'un devenir qui vous échappe.

27. Quand l'heure vient, les minutes s'effacent, pareillement, quand l'homme s'approche de son après, ce qui le précède se fait dans une anarchie temporelle, peut-être [causée par] l'empressement secondé d'un oubli de ce qu'il fut.

28. Voyez devant vous venir une ère dans laquelle ce que vous étiez [ce que vous êtes maintenant] ne peut qu'y périr. Voyez s'approcher en main, le déplacement; en finalité, l'atteinte.

29. L'obtention d'un désir sacré se fait [se manifeste] après l'obtention d'un désir inverse [le désir d'évoluer survient après l'échec du désir de vivre tel quel].

30. Considérez mieux votre prochain, car il est ce que vous étiez. Prenez soin de son image, car bientôt celle-ci constituera une preuve de l'élan intérieur qui sera le votre.

31. En toute considération, il y a la peine et l'euphorie qui se chevauchent, parfois l'un monte l'autre, et inversement. Peu importe, sachez les mener à bien !

32. Dans la volonté de domination se trouve l'envie d'alternance, d'asservir ce qui s'approche par la ressemblance à l'élément dominé. C'est un jeu qui s'arrête au moment [comprendre: qui rencontre ses limites dès le moment] où la domination est sociale. La multiplicité provoque l'échec de l'unicité.

33. Dans le sentiment d'aimer, il y a la défaite de la logique dominatrice, car l'unité dépasse la multiplicité, elle s'étend à la multitude.

34. Prenez ce navire, derrière vous se trouve l'erreur, et ce ne sera plus ce qu'il y a de solide [votre marche pourra être sure, mais le terrain ne le sera plus]. Ce qu'il y a de concis est déterminé par la direction et l'acte.

Qui comprend sait.

4 février 2006

62 aphorismes

Obtenus par écriture automatique.


C'est parce que la vie est dure qu'elle contient tant de rêves, mais c'est pour des rêves que l'on vit: nous avons été piégé.

Jouer avec les gens, jouer avec les mots; la différence, c'est le contenant.

J'ai tué un escargot.

Si la vie était moins dure, cela ferait longtemps que je me serais suicidé.

Je vois des mots pousser. Mais ils parasitent le vide, leurs syllabes sont jaunes et seches.
Pourquoi les mots s'amourachent tout de même de ce vide ? Parce qu'en y tombant, nous nous y abîmons. Les cendres, c'est cela qu'ils cherchent.

Faites moi tomber. Je souffre de n'être que la paraphrase du vide.

J'allis et salis les mots.

J'ai tué un second escargot.

Les jeux sont toujours plus amusants à plusieurs - j'aurais gagné à une partie de vie.

Vous me voyez ? Vous ne me voyez pas ? N'est-ce pas la même chose ?

Pour trouver un chemin, il faut d'abord se perdre - on était toujours sur le mauvais.

Exagerez vos pleurs - ils sont plus beaux.

La beauté est la perversion de la vie, c'est le nectar qui nous y fait tomber. C'est comme cela que se nourissent les plantes carnivores. Une fois que nous y sommes pris, nous nous dissolvons.

Ce n'est pas la beauté qui frustre les ermites, c'est d'avoir renoncé à y goûter.

Les parures de pluie servent à honorer les récoltes.

Tomber cent fois, se relever une seule - pour vérifier.

Avez-vous vu le centre du monde depuis sa périphérie !

Connaissez-vous l'amour sans crainte ?

Exagérez ce que vous craignez: ce qui est trop mafflu est handicapé par sa taille.

On se console de la terre, qui regorge le ciel, mille couleurs en jouissent.

Rivières nouvelles, eau vieille.

Savez-vous détruire sans toucher, toucher sans crier ? Le cri nous ridiculise.

Un éclat de rire, cela n'a d'effet que sur les petites poussières aériennes.

L'univers ronge les meilleurs fruits.

Te tuer, d'abord, te contempler, après.

Chance et malchance sont l'une et l'autre main. Coupez-en une, l'autre s'use deux fois plus.

Sachez ne pas me comprendre, prenez garde, ce que vous sauriez vous ferait disparaître aussitôt.

Vous mettez un pas devant l'autre, etc, pourtant, vous marchez sur quelqu'un.

Si beaucoup feignent la mort, c'est pour y échapper.

Ceux qui souffrent ont besoin de faire bouger un peu d'air autour d'eux, c'est pourquoi nous nous éloignons de ces personnes ennuyeuses.

Dans les rêves on ne croit pas. Cela suffit à croire que nous ne sommes pas au milieu d'un mauvais songe.

La confiture linguistique se fait en écrasant plein de mots ensemble. On en mange quand on ne peut en faire soi-même.

C'est quand on essaye de faire tourner le monde à sa place, qu'il nous éjecte.

On est effrayé alors on fait grandir des idéaux, mais lorsqu'ils sont devenus appréciables, sous leur couvert, il y fait noir.

Aussi sommes-nous un outil très intelligent, dont l'usage est perdu. Dès lors que notre utilité s'adire, nous devenons un excès.

Nos souvenirs ne sont plus mettables, les mites les ont gâché.

Je crois davantage à la Providence qui retire qu'à la Providence qui donne. Par intuition. L'humour divin, ne vous fait-il pas rire ?

L'homme est fautif dans son innocence.

Le cannibalisme de la pensée devient courant.

Dans le creux de la phrase, je cherche à placer des mots qui se ressemblent.

Aimez-vous les uns les autres. Brulez-vous. Je n'aime que vos flammes.

Quand on a dit ce que l'on devait dire, on se tait. Vous savez maintenant pourquoi la littérature est malodorante: c'est une latrine de l'esprit. Il produit, il s'excite, puis s'endort.

Les poètes sont comme de petits enfants, ils n'aiment pas les mots quand ils sont crus, par défaut, ils en font de la bouillie.

Dans une main, je tiens l'homme, dans l'autre, la femme. Je trouve que c'est assez réussi, je devrais applaudir.

Quand l'eau des rivières se jette dans le grand océan, se forment les eaux troubles. C'est pourquoi souffrent les plus purs des hommes.

Ce que me fait l'éternité ? L'effet d'un citron vert, si par malchance je le mangeais, je le recracherais aussitôt.

Prenez le miroir que je vous tend. Brisez-le.

L'homme est chaleureux, parce qu'il est en décomposition, n'est-ce pas.

Si vous vous inclinez, vous déclinez.

On se lasse rapidement des jeux solitaires, de même pour la vie.

Il n'y a que les anxieux qui parlent beaucoup, toute entière la littérature le prouve.

Il est difficile de ne pas périr d'avoir vécu, cela suppose d'oublier ce dont nous avons fait expérience. Que l'instant se suffise !

Qu'attendez-vous ? Passez votre chemin !

L'espoir est particulièrement rentable; un petit suffit pour nous faire beaucoup avancer.

Il y a de nombreuses clefs en or qui ne peuvent rien ouvrir.

Ne malmenez pas ceux qui tapent sur les murs, ils savent que l'on est enfermé.

Par leur inutilité, le comique et le tragique s'interdépendent.

Si l'homme n'allait pas contre-nature, il serait décadent.

Pour tailler le diamant, il faut quelques chose qui lui soit de force équivalente, de même, pour modeler l'homme, il ne faut pas lui être inférieur.

Il n'y a de plus grande souffrance ni de plus grave affection que le plaisir. Bienheureux sont les fades.

L'homme, embarcation de fortune. Amenée sur la vie par la vie, elle flotte, jette l'ancre, attends, tourbillonne, est portée dans tous les sens, puis finalement sombre. Quoi d'artificiel ?

Venez, on s'en va.

3 février 2006

Il me semble que cela faisait quelques mois ou quelques décades que je logeais dans cette batisse. Je ne savais pas où j'étais, et des fenêtres il était impossible de se situer, car la hauteur donnait à l'air des teintes grises, et un paysage peu reconnaissable s'étendait, de toute évidence, elles n'avaient pas été nettoyé depuis longtemps. Même les toiles d'araignée paraissaient centenaires, fatiguées d'une présence mal intentionnée. Elles se mélangeaient dans le crépis ou la poussière, ou la clarté du jour. N'y avait-il donc personne qui vive ici. Les murs, jaunes ou bruns, ridés ou sablonneux, donnaient à la multitude de chambres, pièces, couloirs, un frémissement particulier. Je ne pense pas qu'il y avait des chambres, seulement des pièces qui elles-mêmes faisaient accéder à d'autres antichambres qui se succédaient indéfiniment. Cet assemblage clair-obscur ouvrait par moments à un issue condamnée, de petits escaliers nous en faisait sortir, il n'y avait aucune hierarchie architecturale apparente. Je n'ai jamais connu toute la multitude de vieilles petites alvéoles et de vieux maigres corridors, qui me faisaisent monter parfois, quelques autres fois redescendre, sans que je n'eusse pu savoir où véritablement je me situais, mais j'avais l'air de connaître les lieux et je les arpentais sans trop d'égarements. Je m'arrêtais un temps aux fenêtres, me demandais depuis quand et pourquoi vivais-je là. Souvent, une voix maternelle m'appelait, mais comme cela n'était pas urgent, je préférais les choses fanées et séchées, quant à les retenir, je ne m'en souciais, parmi toutes mes mélancoliques et doucereuses sensations. Il y avait bien quelques âmes qui vivent dans cet édifice, que je sache. Je les connaissais bien trop pour que ce fut la peine de m'en inquiéter. Où suis-je maintenant. J'ai fermé les portes et il fait nuit. Il n'y a plus rien que je puisse faire. Je reste, immobile, rien ne se passe, le monde est mort, je crois.

Quand je suis monté en haut, il y avait encore une porte à ressort. Je me suis avancé, longé le couloir, ne voulant marcher en son milieu, puis, j'allais plus encore vers la droite, et, n'en voyant ni le prolongement ni la fin, je me retournais, mais des deux côtés j'avais une vision similaire. Alors, je dus continuer, aucun autre choix n'aurait été envisageable. Finalement, j'atteignais un escalier, je n'en voyais pas le prochain palier mais je le montais avec résolution. Un peu de lumière byzantine filtrait ses derniers contours. J'étais enfin parvenu en haut... lorsque je vis qu'il y avait encore une porte à ressort.

"Les gens de notre époque aiment les bagatelles d'habileté technique; ils n'examinent pas la profondeur du Tao; ils abandonnent le vrai pour suivre le faux. Ils veulent arriver au but rapidement, et c'est ainsi qu'ils trouvent leur chemin barré. Ils sont comme des aveugles sans canne, ou comme des sourds qui écoutent la musique. Ou encore, comme des personnes qui plongent sous les eaux pour attraper des faisans ou des lièvres, et qui escaladent des montagnes pour prendre du poisson et d'autres animaux aquatiques. Ou bien comme ceux qui sèment du blé pour récolter du millet, ou qui prennent un compas pour tracer un carré. Ils épuisent leurs forces et se fatiguent l'esprit sans jamais de toute leur vie atteindre à la réussite. Et pourtant, ceux qui désirent (réellement) connaître la méthode pour goûter de la "médecine", la trouveront simple et facile à mettre en pratique."


Ts'an-t'ong-k'i (chap.67), in Robert Van Gulik, la vie sexuelle dans la chine ancienne, p.114

2 février 2006

Qui n'est ni fou, ni décadent, ni défait. Rien ne dure. L'évidence guette: n'est-ce pas déjà la fin. Ce qu'il a de vif s'affaisse, ce qu'il y a de lumineux perd de sa vigueur. Le monde paraît être une vague d'ambre. Voyez que rien ne s'agite. Ce que vous appelez esprit prompt et rapide, ne peut-on pas déjà le considérer comme fossile ou silice. Ce qu'il y a de clair, n'est-ce pas ce qu'il y a de sombre, ce qu'il y a de sombre, n'est-ce pas ce qu'il y a déjà d'antique. Le temps du monde n'a plus de commun.

Il y a des sortes de points brillants qui vont, viennent, ne les voyez-donc pas. Le monde tremble, est marin, je le vois, il est bosselé et humide. Vous ne voyez donc pas, que le monde n'est plus celui que vous connaissiez. Ces points brillants, parfois.

Le délire adroit du scepticisme.

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Sur la mélancolie (Précis de décomposition, Cioran)

Quand on ne peut se délivrer de soi, on se délecte à se dévorer. En vain en appellerait-on au Seigneur des Ombres, au dispensateur d'une malédiction précise: on est malade sans maladie, et réprouvé sans vices. La mélancolie est l'état de rêve de l'égoïsme: plus aucun objet en dehors de soi, plus de motif de haine ou d'amour, mais cette même chute dans une fange languissante, ce même retournement de damné sans enfer, ces mêmes réitérations d'une ardeur de périr... Alors que la tristesse se contente d'un cadre de fortune, il faut à la mélancolie une débauche d'espace, un paysage d'infini pour y épandre sa grâce maussade et vaporeuse, son mal sans contour, qui, ayant peur de guérir, redoute une limite à sa dissolution et à son ondoiement. Elle s'épanouit, - fleur la plus étrange de l'amour-propre, - parmi les poisons dont elle extrait sa sève et la vigueur de toutes ses défaillances. Se nourrissant de ce qui a corrompt, elle cache, sous son nom mélodieux, l'Orgueil de la Défaite et l'Apitoyement sur soi...