Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

3 janvier 2006

Finalement, je n'ai pas changé. Je veux dire, qu'entre 10 et 13 ans, tout a été démantelé, bâti, détruit, rafistolé, expérimenté, apprécié, inventé. Physiquement comme psychiquement, j'ai été introduit dans le contre-étonnement. Par là je veux dire que l'enfance a été l'ère de l'euphorie, comme le sont les explorateurs. J'étais et vivais dans l'instant. réagissant aux choses au cas par cas et jour après jour dans la continuité des jours et la surprise des cas. Je me souviens de mes pensées et de mon fonctionnement cérébral de cette époque. C'était la passion continue, l'ennui discontinu, la pensée continue, l'émotion discontinue. Désormais, je n'appartiens plus au temps, c'est un esclave, et l'on sait que les esclaves nourrissent des mauvaises pensées à notre égard, laquelle finit par nous influencer. Cela renforce l'esprit de pesanteur: c'est une résultante quantitative qui l'a créé. A partir de 13 ans, je ne semble pas avoir changé. Je domine et cette domination amplifie la solitude: je me suis défait de ces choses qui avant m’entraînaient et me dominaient. Ainsi, il reste l'être, seulement. Ces trois années furent marquées par une unique constante; le doute. Jadis, je doutais de moi et acceptais l'extérieur comme immuable, maintenant, le doute du monde tout entier s'ajoute au doute primitif. Le plus étrange dans tout cela, c'est que je me plaignais du changement lorsque je changeais, et maintenant je me plains parce que rien ne change ! C'est comme si j'étais au sommet d'une pyramide de domination, et par-dessus toutes choses l'univers m’apparaît comme un gouffre béant. Je recherchais les hauteurs, je m'étais pourtant trompé. Je les avaient confondues avec les profondeurs, car ces dernières reflétaient de manière plus tentante le goût des hauteurs. En vérité, virgules et points d'exclamation se sont transformées en points d'interrogation et de suspensions. Je croyais certains auteurs comme des profondeurs, mais j'ai réalisé que ce n'était que des photographies des profondeurs, les auteurs ne vont pas au-dedans du gouffre, ils en contemple l'intérieur comme s'ils y étaient, mais ils n'y sont pas. C'est ainsi que je fus abandonné. Puis je m'envolais des profondeurs. Les échos de ma voix m'effrayèrent. Ainsi, c'est toujours au milieu de tout cela que je fus, entre les hauteurs et entre les profondeurs. Dans le doute et l'incompréhension.