Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

20 juillet 2006

Un rien

Je ne cherche pas d'excuses à mon désintérêt pour la vie.

12 juillet 2006

Notes


Procession nocturne de l'enrichissement.

Recherche de l'Oubli,
par :

foi / croyance
jeux / activité avec challenge
solutions physiques / drogues
relationnel / sentiments / instincts / sens / plaisirs
art / création / musique
projection dans autrui : psy, altruisme, cinéma, théâtre
passions / étude
l'émotion "positive" à tout prix, intellectuelle ou sensitive
contre l'émotion "négative" qui sous-tend l'existence humaine

L'art permet à l'imagination de s'exprimer par un support. Pour l'observateur, c'est une rêverie dirigée. L'art permet de capter les émotions, ainsi le regard peut s'y perdre plus aisément.


Les idées fondamentales viennent de la nature de l'être,
le tort de la philosophie est de transformer ces sentiments en hypothèses, et de faire de ces hypothèses une science,
sans plus chercher dans l'être les causes et la nature de ces idées.

De l'idée et l'idéal, la nature agit

21 juin 2006

Les atmosphères, la fusion entre perception élargie et émotion.

La vie de l'homme est un dense tissu d'atmosphères.

« Les Dieux m’ont presque tout donné, j’avais le génie, un nom distingué, une position sociale prestigieuse, de l’éclat, une intelligence audacieuse (...) je considérais l’Art comme la réalité ultime et la vie comme une quelconque fiction. (...) Fatigué de me trouver dans les hauteurs, j’ai délibérément choisi de m’enfoncer dans les profondeurs à la recherche de nouvelles sensations. (...) J’ai fini par tomber dans une horrible disgrâce. Il n’y a plus qu’une chose qui compte pour moi désormais, l’humilité absolu. »

Oscar Wilde,
The Norton Anthology of English Literature volume 2, fifth edition.

18 mai 2006

Au dessus du divin

L'enfant déjà, doute et s'oppose à ses parents,
L'adolescent ensuite, doute et s'oppose à la société,
L'adulte enfin, doute et s'oppose à Dieu.

Du chaos humain il faut ériger un ordre. Il ne peut provenir que de notre seule Volonté.

26 avril 2006

Très semblables aux oeufs de mouches, les rêves éclosent dans ma chair, activement la vermine s'épanouit dans un corps avarié.

17 avril 2006

Dyssynchronie

Imaginez-vous descendre un escalier, et:
-votre pensée s'imagine être déjà descendue en bas de l'escalier (ou juste plus en avant que le corps, sa dynamique, son rythme),
-de ce fait vous oubliez le rythme normal de la marche, il s'ensuit une perte de contrôle,
-c'est comme si, intérieurement, vous aviez un second escalier imaginaire (beaucoup plus adapté),
-cet escalier imaginaire n'est plus le vrai, donc, il se crée une fracture entre le vrai et l'imaginé, "ça ne colle plus", vous perdez les repères de l'escalier réel,
-finalement, apparemment sans raison, vous ne savez plus où poser le pied (en général vous essayez de le poser le plus loin possible pour éviter trop de mal, ou même vous sautez jusqu'en bas car avancer serait fatalement cause de chute) et, sans doute, vous tombez.

14 avril 2006

Absinthéiste

Je suis fasciné par l'anthracite cristallinité du rêve. C'est la surprise, car il atteint au-dessus de soi la primauté du noyau sensitif. Il s'annonce par tous les pores du souvenir , se pose sur la gueule béante et gigantesque de l'âme ouverte à l'univers, il s'y fait happer, digérer, induit le délire, jusqu'à ce que l'on ne retienne de lui qu'une cosse transparente. Laquelle, rendra plus sensible encore les parois scintillantes de l'intérieur céleste, gravitationnel, unique. Le rêve est cette bulle parfumée qui peuple l'au-dessus de soi. Quand elle explose, percée par la monstruausité des désirs, il n'en subsiste qu'un ether, puis une liqueur, qui, déposée sur le piège de l'âme, colore et rend ces palais sirupeux. Il y a de ces êtres qui ploient sous l'effet de leurs propres artifices. Le sucre, s'abîme de son propre poids, ses propres cristaux, formés par le vent astral, orange, brûlant. La clarté devient répugnante, les couches des rêves informes pourrissent sur la membrane vibrante, débilise le chant interne, la source bleue, originelle, aux apparences de feu intact et froid. Sous la voûte marine, près des crevasses qui s'ouvrent en cercles autour de la fluorescence aquatique, des souffles.

Trois fragments de R. Char.

Être le familier de ce qui ne se produira pas, dans une
religion, une insensée solitude, mais dans cette suite
d'impasses sans nourriture où tend à se perdre le visage aimé.

Vous tendez une allumette à votre lampe et ce qui s'allume
n'éclaire pas. C'est loin, très loin de vous, que le cercle
illumine.

Nous sommes pareils à ces crapauds qui dans l'austère nuit
des marais s'appellent et ne se voient pas, ployant à leur cri
d'amour toute la fatalité de l'univers.

(1946)
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Poésie/Arts du langage

Tous les serments s'arrêtent une fois et,
Le haut sermon encore, point du cep à mille endroits,

Étonne la morale en investissant sa force, retirant son coeur;
Par sa voix rayée, son oeil immobile, sa présence tubulaire,
cet être, notre identique, se forme de l'inachevé,
abuse l'impossible à
l'image,
contraint, active l'argument au-delà du geste,
Condamne, exclut.

12 avril 2006

Cut-up

Monsieur M... est âgé de 27 ans lorsqu'il est hospitalisé à l'Hôpital neurologique au mois de janvier 1970, à l'ordre des Ombellifères. Les prodromes de sa maladie se manifestèrent au cours de l'été de 1969 par des douleurs intestinales avec diarrhée (la plante ressemble vraiment à une ombrelle), une sensation de brûlure aux pieds et aux mains, une hypersudation nocturne, une insomnie sévère et de la fièvre (38°C). Le malade ne reconnaît personne; il reste étendu sans reconnaître qui que ce soit, mais quand on lui pose des questions il répond correctement; par la suite il n'a aucun souvenir de ce qui s'est passé. Au début de janvier 1970, la symptomatologie alors au complet associait: des fibrillations incessantes, intéressant tous les muscles et ne subissant aucune modification pendant les rares moments de sommeil ou lors d'une anesthésie générale; des algies des extrémités à type de brûlure et de picotements entraînant un prurit généralisé, un acroérythéme avec oedème peu causant, taciturne, voire méfiant, des crises sudorales nocturnes d'une durée de 2 à 3 h, une tachycardie permanente à 110-120 (la tension artérielle était à 13/7), une fièvre modérée à 37,5-38 °C. Je pense que la réalité (actuelle tout du moins) est plus subtile. L'examen neurologique était entièrement négatif mise à part une paralysie de l'hémivoile gauche du palais qui a partiellement régressé. A force de déception, le malade fait des reproches à tout le monde, et peut finir par avoir un côté hautain, à s'estimer au dessus des autres du fait qu'il finit par croire qu'il est le seul à posséder des valeurs humaines et morales dans un "monde de dégénérés".

L'ensemble de ces symptômes fit porter le diagnostic de chorée fibrillaire de Morvan, il ne lui reste plus qu'à faire le pitre pour se faire remarquer.

Monsieur M... demeura hospitalisé de janvier à novembre 1970, n'hésitant pas à recourir aux plaisanteries les plus grasses, à faire rire à tout prix, faire le pitre, chanter, etc. Les premiers enregistrements polygraphiques, au début du mois de mars, confirmèrent la réalité de l'absence totale de sommeil. Devant l'échec des traitements classiques de l'insomnie: hypnotiques barbituriques (phenobarbItal. 15 cg), tranquillisants (diazepam 15 mg) et neuroleptiques (chlorpromazine 25 mg), on décida d'administrer un traitement faisant intervenir les précurseurs de la sérotonine en vérifiant l'élimination urinaire du 5-HIAA, par exemple c'est souvent le remède de femmes qui restent avec des maris qui leur en font voir de toutes les couleurs.

Un traitement avec le 5-HTP (DL-5-HTP des Laboratoires Fermé) fut administré à partir du 10 mars. L'administration de doses inférieures à 2 g/24 h (10 mars au 4 mai) entraîna une légère amélioration qui disparut après l'arrêt du traitement. Souvent M. est intéressé par le sort de l'humanité et nourrit beaucoup d'inquiétude quant à son devenir. Parfois l'inquiétude est plus centrée sur le malade lui même avec une peur de tomber malade ou la peur qu'une catastrophe ne survienne. Un essai de traitement par le tryptophane (TRY) augmenta ensuite considérablement les hallucinations sans entraîner d'amélioration de l'insomnie. Comme le malade a volontiers tendance à se réfugier dans son monde intérieur (jusqu'à l'extase), il peut aller jusqu'à confondre la présent avec le passé (dans le même ordre d'idée on a les symptômes Sens émoussés, Etrange tout paraît).

A partir du 4 juillet, le 5-HTP fut administré à des doses supérieures à 2 g/24 h. Cette thérapeutique fut suivie d'une importante amélioration clinique et polygraphique si bien qu'entre juillet et septembre, la guérison du malade pouvait être envisagée. Après une suspension de 2 semaines, le traitement fut repris le 28 octobre. Malgré des doses importantes (8 g/24 h environ), une aggravation apparut. Dans ce cas le patient est dans un état stuporeux, répond quand on lui parle, puis retombe dans sa léthargie. Fondamentalement doux et compatissant, le sujet M. se trouve choqué par les réalités de la société ou les comportements humains qui ne cadrent pas avec ses valeurs morales. Cette dernière étape fut accompagnée d'une diminution relative de l'élimination du 5-HIAA urinaire par rapport à la période précédente de traitement au 5-HTP. Les deux remèdes produisent des éruptions croûteuses, notamment dans la région des lèvres où Cic a guéri des cancers recouverts d'une sécrétion jaunâtre. Parfois il s'agit de banales pellicules, mais en général le malade présente quelque croûtes qui suintent volontiers des sérosités jaunâtres qui peuvent saigner quand on les détache.

La mort survint le 21 novembre 1970. On comprend que le malade ne sorte plus guère de chez lui ou qu'il désire y rentrer au plus vite une fois qu'il en est sorti. Il va de soi que cela ne se rencontre pas fréquemment. La vérification anatomique mit en évidence un suboedème pulmonaire. Le sujet est effrayé facilement, cela se manifeste bien sûr par des sursauts mais seules furent retenues dans l'examen de l'encéphale et de la moelle épinière des microhémorragies dans les noyaux latéraux du tuber et les noyaux supraoptiques, des altérations neuronales assez accentuées dans l'olive bulbaire, enfin de très légères modifications morphologiques (densification ou chromatolyse) intéressant un grand nombre de noyaux du tronc cérébral et particulièrement le nucleus raphé dorsalis et le nucleus raphé centralis.

Une biopsie musculaire effectuée en février 1970 a fait l'objet d'un examen au microscope électronique. L'enfant roule la tête d'un côté à l'autre. Tête très chaude… Des lésions circonscrites en petits foyers multiples, évoquant un processus de myolyse focale ont été retenues au niveau du matériel contractile de fibres musculaires apparemment saines. Nous venons de brosser le tableau d'un individu sensible, possédant souvent de hautes vues sur l'avenir de l'humanité, mais qui se trouve heurté de plein fouet par une réalité qu'il trouvera sordide bien plus que nul autre.

6 avril 2006

Résultante

La profondeur est la forme sociale et corrompue de la sagesse.

Il n'y a rien.


Rien de neuf sous le soleil.

Constante

Le monde est drôle.

A l'encontre du signe de 2006

Que sont les valeurs ?
Toujours suis-je un temps en avance sur ce qui me relie, sur ce qui me maintient, et sur ce qui m'emmène.
Ce temps, c'est celui de l'espoir, et mes attaches sont au delà de ce chemin, au dessus de cet horizon, j'enlace le plus-avant.
Qu'était-ce ce qui ne tenait pas ?
Ni même ce que j'ai fondé, ce que le terrain refusait ?
Le milieu et les situations, les extrêmes et les mouvements. Le dynamisme est celui du temps, puis-je être en accord avec la vie ?
Ma dimension diffère du dynamisme, je diffère des mouvements, le retrait et le monde qui s'anime, passe, se vit, sans que je n'en sois l'auteur, insiste: je regarde malgré moi.
D'où suis-je ?
"Qu'est-ce qui est normal ?" Ainsi, la disparition se presse aux portes de l'évanouissement.

5 avril 2006

Constante

Abuser détruit.
Ne suis-je pas tout à fait construit pour abuser de la vie ?


Condamnation

On considère toujours l'avenir comme facteur de développement personnel.

-La logique évolutive crée l'anticipation et l'espoir.
-L'anticipation et espoir créent le dynamisme nécessaire à la vie.
-Ce dynamisme apparaît sous cette forme: "vis !, tu développeras nombre de possibilités inconnues, tu te découvriras toi-même".
-Le changement est donc la conséquence de la logique évolutive. L'être reste constant car celui-ci doit pouvoir observer et orienter son développement.
-On attend toujours. N'y a-t-il jamais de condition aboutie ?
-Vivre est temporel. Ce qu'il y a de vécu devient souvenir, ce qui est souvenir réoriente la vie.
-On vit donc d'abord pour la logique évolutive (procréer, assurer sa descendance) et tout le reste est lié à cela:
*créer des souvenirs (vivre des moments qui prouvent la bonne santé de l'individu et sa puissance parmi son environnement)
*évoluer dans le nombre de possibilités que nous offre la vie (s'enrichir à tout point de vue pour étendre son potentiel reproductif et évolutif)
*éviter la souffrance : attente continuelle du mieux. (espoir évolutif)

-S'il ne se passe rien, la mélancolie s'installe (retrouver et recréer de vieux souvenirs si le présent n'en procure pas...)
-Malgré qu'on ne puisse jamais constater d'évolution tangible des possibilités de l'Homme, on espère toujours.
-On vit le présent en le comparant au passé et en l'espérant au futur.
-Tout ce qui va à l'encontre de la logique évolutive produit des effets que l'homme appelle "négatifs" car étant source de "mal".
-Les religions permettent à l'homme d'aller à l'encontre de la logique évolutive car elles recréent des notions de mal et de bien qui ne sont plus exactement calquées sur le "bon" et le "mauvais". (ex: la vie ascétique)

-L'homme souffre car il ne peut pas toujours satisfaire la logique évolutive.
L'homme souffre car s'il s'opposait à la logique évolutive il disparaîtrait par la même occasion. (ex : s'il décidait de ne pas se reproduire, s'il décidait de ne pas mettre en oeuvre les moyens qui lui permettent d'étendre sa puissance évolutive, etc)
L'homme n'a donc ni la possibilité de disparaître, ni la possibilité de satisfaire la vie.
L'homme, ainsi, est condamné à la souffrance.
Considérez-vous comme condamnés dans l'abandon, et abandonnés dans la condamnation.
L'histoire de la nature prouve que de nombreuses espèces voulurent accéder à la toute puissance, au summum de la puissance évolutive. (pyramide du vivant)
Malgré tout, une espèce ne peut vivre sans son environnement lui-même vivant.
Donc, une espèce est condamnée a disparaître dès qu'elle a épuisé les ressources, ces-mêmes ressources qui lui servaient à évoluer et satisfaire la logique évolutive.

4 avril 2006

Genèse

1/ Je constatais que dans la nature, tout a une forme. La géométrie des fleurs et minéraux est, par exemple, révélatrice.
2/ Je compris que la forme Première est "sphérique" (on ne peut connaître cette forme car nous sommes dans une dimension limitée).
3/ Je compris que l'agencement de la diversité est la cause d'une déformation de cette forme parfaite.
4/ Je compris que de cette juxtaposition de formes rondes, sphériques, circulaires ou globulaires (dérivées de la forme parfaite et première) est le facteur d'une déformation et d'un ordonnancement. De là proviennent les formes et la construction de l'univers.
5/ Un bon exemple se trouve donné par le plan moléculaire.

En résumé:
La nature d'un élément, quel qu'il soit, se déduit de:
-sa forme
-son interaction.

I'll Be There by Weekend Players

on a rainy day
troubled and lost your way
with things going wrong
and the day is long
or when you take a wrong turn
get your fingers burned
and when your losin' ground
lost the day and don't know what to do

teeterin' on the brink
like your poor heart could sink
when you labor in vain
losin' the game
when worry drags you down
wear a weary frown
when your feelin' blue
when your worst nightmare comes true

when an ill wind blows
and all hope goes
and only heaven knows
which way to go
to share the heavy load
down the long and winding road
when the sky falls in
and you don't know where ya been or goin' to

when your l-i-e's
down on your knees
drownin' your sorrows
dreadin' bout tomorrow
when you feel like your fallin'
been ragged and run down
fall and pray to things you didn't know too

3 avril 2006

Le soleil dore.

J'ai même perdu le sentiment de perte. C'est comme si je passais au travers de ronces: tout se déchire et s'accroche, se défait et s'arrache, la souffrance n'est pas celle de la perte mais des épines face à la vitalité...Entraves, contradictions, paradoxes, repos.

Le temps et l'intérêt que nous portons à nos sensations. Si nous ne sommes pas à l'écoute de ce que nous ressentons, le temps s'écoule très rapidement, mais si nous sommes conscients de chacun de nos stimuli, c'est l'inverse.

Situations & miroirs.

29 mars 2006

Lorsqu'un pays constate et se persuade qu'il n'a pas d'avenirs chantants et qu'à vue d'oeil, à court comme à moyen terme c'est le cas:
-Les mouvements du peuple rendent les dirigeants instables et désuets, sans pouvoir, valeur, ni crédibilité,
-Le pouvoir exécutif perd toute consistance et justesse,
-Les habitants du pays n'engendrent plus de descendance, la mortalité et les oppositions augmentent, le suicide apparaît,
-Les dirigeants en sont d'autant plus ineptes et inaptes, sauf s'il apparaît une dictature de quelque genre que ce soit,
-Le contexte et environnement du pays prend le dessus et l'influence complètement.

Vous aurez compris le parallèle:


Mouvements du peuple = mouvements de pensée
Dirigeants / pouvoir législatif = espoir / élan vital
Pouvoir exécutif = motivation, volonté, et courage
Habitants = pensées et actes
Contexte et environnement = entourage
Dictature = doctrine

27 mars 2006

Situations & mirrors




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20 mars 2006

Capitulation

"Le processus par lequel on devient désabusé ? Un grand nombre de dépressions chez un individu doué d'un élan suffisent pour être vivant à chaque instant. Une fatalité organique provoque des dépressions permanentes sans déterminants extérieurs, mais qui émergent d'un profond trouble interne: celles-ci étouffent l'élan, attaquent les racines de la vie. Il est totalement erroné de prétendre qu'on devient désabusé en raison de quelque déficience organique ou d'instincts appauvris. En réalité, nul ne perd ses illusions s'il n'a désiré la vie avec ardeur, ne fût-ce qu'inconsciemment. Le processus de dévitalisation ne survient que plus tard, à la suite des dépressions. C'est seulement chez un individu plein d'élan, d'aspirations et de passions, que les dépressions atteignent cette capacité d'érosion, qui entame la vie comme les vagues la terre ferme. Chez le simple déficient, elles ne produisent aucune tension, aucun paroxysme organique, dont les contradictions insurmontables engendrent une profonde effervescence. N'y a-t-il pas en effet un paradoxe dans ce mélange de dépressions répétées et d'élan persistant ? Que les dépressions finissent par consumer l'élan et compromettre la vitalité, cela va de soi. On ne saurait les combattre définitivement: on peut tout au plus les négliger temporairement pour une occupation soutenue, ou des distractions. Seule une vitalité inquiète est susceptible de favoriser le paradoxe organique de la négation. On ne devient pessimiste - un pessimiste démoniaque, élémentaire, bestial et organique - qu'une fois que la vie a perdu sa bataille désespérée contre les dépressions. La destinée apparaît alors à la conscience comme une version de l'irréparable."


Cioran, sur les cimes, p.124

17 mars 2006

Un(e)

Une aile. Une seche. Un calice. Un intérieur. Un jet. Une nef. Un service. Une calomnie. Un tube. Un produit. Un mica. Une section. Un défi. Un chant. Un sablier. Une vérification. Une senteur. Une foutaise. Un nom. Une perte.

16 mars 2006

Anti-genèse

Au commencement, je détruisis ciel et terre.
La terre était diverse et colorée: il y avait des lumières à la surface des flots, et mon esprit se promenait parmi les nuages.
Je dis: Que l'ombre soit ! Et l'ombre fut.
Je vis que l'ombre était nécessaire; et je séparais les ténèbres de la lumière.
J'appelais les ténèbres nuit, et la lumière jour. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un crépuscule: ce fut la première nuit.
Je dis: Qu'il y ait un gouffre entre les eaux, et qu'elle englobe toutes les terres.
Je fis le néant, et j'annihilais les terres qui sombraient au-dedans du vide avec les eaux qui les précédais. Et cela fut ainsi.
J'appelais le vide néant. Ainsi, il y eut un crépuscule, et il y eut une extinction: ce fut une autre nuit.
Je créais l'anti-être à mon image, formais le pauvre et le sec, le chaos et le doute.
Et je dis: Que l'anti-être assujettisse toute vie et tout mouvement ! Qu'il réduise à néant les dernières traces de présence humaine.
Je vis que ce que j'avais fait, cela était très noble.
Je me repentis d'avoir fait l'homme sur la terre, et tout ce qui lui est apparenté, j'en fus affligé en mon coeur.

Fallen by Sarah MacLachlan

Heaven bend to take my hand and lead me through the fire
Be the long awaited answer to a long and painful fight
Truth be told I tried my best
But somewhere long the way, I got caught up in all there was to offer
But the cost was so much more than I could bear

(Chorus)
Though I've tried, I've fallen
I have sunk so low
I messed up
Better I should know
So don't come 'round here and
Tell me I told you so

We all begin with good intent
When love was raw and young
We believe that we can change ourselves
The past can be undone
But we carry on our back the burdens time always reveals
In the lonely light of morning
In the wound that would not heal
It's the bitter taste of losing everything
I've held so dear (...)

"Beneath a crimson moon". Un peu de Kierkegaard

J'emploie ainsi mon temps: une moitié à dormir et l'autre à rêver. Quand je dors, je ne rêve jamais, ce serait dommage: dormir, c'est le comble du génie.

Le résultat de ma vie est nul; c'est un vague sentiment, une grisaille.

La dignité de l'homme se reconnaît du moins dans la nature; car lorsqu'on veut éloigner les oiseaux des arbres, on y accroche quelque chose qui ressemble en principe à un homme, et même cette lointaine ressemblance suffit à inspirer le respect.

La meilleure preuve de la misère de la vie est celle qu'on tire du spectacle de sa magnificence.

Mon âme est si lourde que nulle pensée ne peut la porter, que nul essort ne peut l'élever dans l'ether. Se meut-elle, elle ne fait alors que raser la terre comme l'oiseau volant bas au vent précurseur de l'orage.

Que le vie est insignifiante et vide ! - On enterre un homme, on l'accompagne au cimetière, on jette sur lui trois pelletées de terre; on part de chez soi en voiture, on revient en voiture; on se console à la perspective d'une longue vie. Quelle longueur de temps font sept fois dix ans ?

On dit : le temps passe, la vie est un torrent, etc. Je ne m'en aperçois pas : le temps reste immobile, et moi aussi. Tous les plans d'avenir que j'ébauche reviennent tout droit sur moi; quand je veux cracher, je me crache au visage.

La vie m'est devenue un amer brevage que je dois cependant absorber comme des gouttes, lentement, une à une, en comptant.

Le plus beau moment de l'amour, c'est sa première période quand, de chaque rencontre, de chaque regard, on rapporte un nouveau sujet de se réjouir.

Hélas ! La porte du bonheur ne s'ouvre pas vers l'intérieur, de sorte qu'on puisse la forcer à coup d'épaule; elle s'ouvre au-dehors; aussi n'y a-t-il rien à faire.

Que va-t-il arriver ? Que réserve l'avenir ? Je l'ignore, je n'ai aucun pressentiment. Quand, d'un point fixe, une araignée se précipite et s'abandonne aux conséquences, elle voit toujours devant elle un espace vide où, malgré ses bonds, elle peut se poser. Ainsi de moi; devant moi, toujours un espace vide; ce qui me pousse en avant, c'est une conséquence située derrière moi. Cette vie est le monde renversé; elle est cruelle et insupportable.

Je ne suis donc pas moi-même le maître de ma vie; je suis un fil de plus à tisser dans la vulgaire calicot de la vie ! Fort bien, mais si je ne sais pas tisser, je peux du moins trancher le fil.

Ma vie est completement dénuée de sens. Quand je considère ses diverses périodes, il en est d'elles comme du mot "Schnur" au dictionnaire: il signifie d'abord ficelle, puis bru. Il manque de seulement de signaler en troisième lieu chameau et en quatrième, houssoir.


S. Kierkegaard, fragments de "L'alternative".

Keats

Disparaître dans l'espace, me dissoudre, oublier
Ce qu'au sein du feuillage tu n'as jamais connu,
Le dégoût, la fièvre et l'agitation,
Parmi les hommes qui s'écoutent gémir les uns les autres;
Où le tremblement secoue les vieux aux rares cheveux gris,
Où la jeunesse devient blême, puis spectrale, et meurt;
Où rien que de penser remplit de tristesse
Et sur les paupières pèse d'un poids de plomb,
Où la Beauté ne peut conserver un jour ses yeux lumineux,
Sans qu'un nouvel Amour le lendemain en ternisse l'éclat !


John Keats, Ode à un rossignol, III

Fade for away, dissolve, and quite forget
What thou among the leaves hast never known,
The weariness, the fever, and the fret
Here, where men sit and hear each ther groan;
Where palsy shakes a few, sad, last gray hairs,
Where youth grows pale, and spectre-thin, and dies;
Where but to think is to be full of sorrow
And leaden-eyed despairs,
Where Beauty cannot keep her lustrous eyes,
Or new Love pine at them beyond to-morrow.

15 mars 2006

Résidus

L'excès de pensée laisse une trace en nous
qui crisse son nom par delà le sensible
et maintient le malaise à la source.

La clef des gouffres.

L'amplitude est une infecte condition
Qui se nourrit de temps et d'espace
pour laisser à nous, une fois retirée,
l'informe sentiment de perte.

Il faut éviter d'appeler ou chérir l'innommable, celui-ci épelle les noms de ses enfants terribles.

Grandir en l'espace et le temps,
Dépérir dans le résidu et l'instant.

Contredire le destin: s'exposer au pire.

Abrasé, rouillé, émietté, je ne compte plus les grains de ma conscience.

Chercher plus apporte moins,
Chercher et se limite à la substance nécessaire,
permet de s'effacer lentement et fébrilement.

Les notes de la terreur gravitent sur les octaves de mon esprit.

Plus la hauteur se fait sentir, plus le regard s'abaisse vers l'insoutenable, vers le résiduel, et l'on s'attache la tête aux germes les plus bas.

Prêchez la décadence, vous recevrez les paroles qu'il faut pour déverrouiller les secrets de la vie, pour la presser hors de ses étamines, et la détruire plus aisément.

L'impossibilité d'agir, l'être sous vide, le vertige et le tournis, tout cela n'est qu'un commencement.

Je suis acteur et spectateur de mes élans crématoires.

Autour de l'hémorragie de la pensée, la débâcle s'intensifie.

Orages après orages, c'est toujours la chaleur qui précède la désolation.

Embraser, abraser, briser.

Tant certaines quêtes sont vaines que la raison les refuse.

Il n'y a de sang qui ne soit empoisonné, de sorte que l'hypothèse et le doute damnent le strige.


La fin
et le chant
sont deux corroll aires
Ils s'engendrent mutuellement
Et produisent la synergie de l'absence
Où lorsque la vertu s'épuise et le coeur zélé
Unissent leurs dernières mains et déclinent par un dernier soupir.

La pensée contaminée
Pullule, grandit, et s'acharne,
Fragmente à son image ce qu'on nous admirions
en nous.

Ein weiteres Mal - Encore une fois

Je parie - d'un terme
ton état
dessine le temps
ce dont tu as besoin
est l'espace

Ce n'est pas une tâche tienne
que de rire ---
encore

Autres aspects de la déchéance

Il suffit de vivre, un temps, dans la plénitude des sensations, pour en découvrir le substrat et les vapeurs folles. Il suffit, un temps, de goûter à l'insanité pour en faire le constat: la danse accompagne toute chose, danser pour la pluie, danser pour le vent, danser pour les brulûres et la lumière. Danser: terminaison dernière du for moral, abolissement de tout sens caché dans les moeurs, défaite de la sensibilité, reniement absolu. Il suffit également de ne plus craindre les airs pour déplorer, divinement, la putrescible destinée des matières. Jeté et trahi, je suis maintenant corrompu, nanti par le dégoût, anéanti par le monde, je vais contre, d'avance je connais le glorieux aboutissement que les délicieuses flammes noires m'avaient promis. Beaucoup font de moi une farce, une jeu dans lequel la chute est l'unique règle. Le ridicule des mouvements et paroles ne m'atteint plus, car de tout cela je suis défait. Il ne reste que le coeur, seule négation fondamentale du monde et de moi-même, qui m'empêche de me fragmenter. Pourtant, malgré mes efforts, quelque chose subsiste, et c'est pour cela que je m'abhorre quotidiennement. Soutenu dans les cieux par une corde protectrice, je me contente de cette vue, malgré le sentiment de proximité qui me souffle: "tombe ! tombe ! l'essentiel n'existe plus !". C'est encore et toujours cette médiocrité lassante et rebutante qui sème le trouble dans des proportions juste supportables, aux frontières des renversements. Il ne faut jamais espérer, ou bien l'élévation tendue vers les lumières de la nuit accorde le même destin au vulgaire papillon comme au plus risible et gentillet des croyants, dans la fine prolongation de l'erreur première. J'inclus en moi la graine des apocalypses nulles.

Recherche ? René Char

"A l'époque j'habitais..." Mais la voix, avec humeur: "Hors d'ici !" Moi rectifiant: J'errais à cette époque..." Alors la voix: "Que cherchais-tu ? - Mon sang lointain."

Le devoir d'un Prince est, durant la trêve des saisons et la sieste des heureux, de produire un Art à l'aide des nuages, un Art qui soit issu de la douleur et conduise à la douleur.

L'existence n'est qu'une succession de solidarités blanches et noires, fortuites ou non. (Entre deux draps de pure terre qui acclimatent le sommeil, rival heureux du réel ?)

La souveraineté obtenue par l'absence dans chacun de nous d'un drame personnel, voilà le leurre.

L'amour qui sillonne est préférable à l'aventure qui humilie, la blessure à l'humeur.

Après l'ultime distorsion, nous sommes parvenus sur la crête de la connaissance. Voici la minute du considérable danger: l'extase devant le vide, l'extase neuve devant le vide frais.

Le jour et la nuit ne sont-ils que des hallucinations de passant ? Que voient les emmurés ? L'oubli ? Leurs mains ?

On ne nous juge pas sur ce que nous avons été mais sur ce que nous sommes capables d'avoir été et sur ce que nous sommes susceptibles de contrecarrer en devenant. D'où la difficulté de répondre à deux questions qui ne parviennent pas à éveiller notre méfiance.

Si tu ne libères rien de toi pour retenir plus certainement l'angoisse, car sans angoisse tu n'es qu'élémentaire, ni ne corrige pour rendre unique, tu pourriras vivant.

Il faut intarrissablement se passionner, en dépit d'équivoques découragements et si minimes qui soient les réparations.

Les yeux clos et dans l'effort de m'endormir, je vois luire au fond de mes paupières une braise qui est l'âme obstinée, l'épave clignotante du naufrage glorieux de ma journée.

Chagrin et contemplation: tu te jettes. Tristesse et richesse: tu t'ébroues. Cherche plutôt le motif aigu et solitaire d'où tu jailliras.

Epreuves qui montrez aberrante la récompense.

Etrange exigence que celle d'un présent qui nous condamne à vivre entre la promesse et le passé, car il est le déluge, ce déluge avec lequel, hier, notre imagination convolait.

Réclamons venue civilisation serpentaire. Très urgent.

Tant de mots sont synonymes d'adieu, tant de visages n'ont pas d'équivalent.

J'aime l'homme incertain de ses fins comme l'est, en avril, l'être fruitier.

"Supprimer la fenêtre ou non ?" Ce n'est pas le mur qui questionne, ni le maçon, mais l'absurde habitant.

Ensemble nous remettrons la Nuit sur ses rails; et nous irons, tour à tour nous détestant et nous aimant, jsqu'aux étoiles de l'aurore.


(Extraits de IV. A une sérénité crispée, Recherche de la base et du sommet, René Char)

LXXVIII SPLEEN - Baudelaire

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour plus noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafons pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond des nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

-Et de long corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vainci, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incilné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire

Monument de la mort - Francisco de Quevedo

DE LA BRIEVETE MEME DE LA VIE, SANS QU'ON Y PRENNE GARDE,
ET DANS LE MALHEUR, ASSAILLIE DE LA MORT

Hier, un songe, et demain, la poussière !
Rien, peu avant, et peu après fumée !
Et je vis d'ambitions, et je me complais,
A peine un point du cercle qui m'enserre !

Bref combattant d'une importune guerre,
A mon secours je suis péril extrême;
Pendant que je m'épuise, en armes même,
Mon corps m'abrite moins qu'il ne m'enterre.

Hier n'est plus, demain hésite encore;
Aujourd'hui passe, il est, il a été,
Et vers la mort son cours me précipite.

Chaque moment, chaque heure sont des houes
Qui, moyennant ma peine et mon souci,
Me creusent au-dedans ma sépulture.

Francisco de Quevedo,
Monument de la mort, traduit de l'espagnol par Claude Esteban, Paris, Deyrolle éditeur, 1992.

On projette. On ne peut pas s'empêcher de projeter. Nous nous maintenons sur notre propre projection. L'esprit qui projette projette ce qu'il soutire des projections. La personne qui projette est elle-même la projection de son âme - son Soi véritable. Son Soi Véritable est lui-même une projection du divin, si divin il y a. On créé à l'image de ce qu'on est. Apparemment, il y a une perte en qualité entre le projecteur premier et ses rejetons derniers. Nous projetons comme nous avons été projeté... ou est-ce que nous projetons quelqu'un qui nous projetterait parce que notre essence est justement - de projeter. Je sais que je vis physiquement comme je sais que je projette. Les rêves aussi, sont, pures projections. Certains veulent se protéger de projeter, comment serais-ce possible ! Si le premier "projecteur", supposons un dieu, nous a projeté, le monde que nous appelons "en-soi" (noumènes) résulte de sa propre projection ? Dans ce cas, le monde autour de nous est aussi formé de nos propres noumènes ? Où alors nous projetons notre propre condition sur un état plus élevé ? Hormis cela, projeter, c'est jeter au loin. On veut répandre autour de soi ce que nous sommes. Nous donnons sens - ou un non-sens qui lui même est un sens - à ce qui nous environne.

14 mars 2006

Dialogue entre le "ba" (l'âme) et l'homme (Papyrus, 1850 av. JC)

"L'homme:
(...) Mais si tu te tourmentes à propos de la mort alors que je suis dans mon corps, tu ne trouveras de halte nulle part dans l'Occident.
Que ton coeur soit indulgent, mon ba, mon frère, jusqu'à la venue de l'héritier qui accomplira les rites funéraires prescrits.

Le ba:

Mon ba a répondu à ce que je lui avait dit:
Si tu déformes le sens des funérailles, le tourment le saisira car c'est rechercher les larmes par l'affliction de l'homme.
C'est arracher un homme de sa
maison et l'abandonner sur les hauteurs, où il ne sera pas possible de passer dans l'au-delà pour voir les êtres de lumières.(...)
Recherche le jour parfait et oublie ce qui te tourmente !

L'homme:
Je répondis à ce que mon ba m'avait dit:
Vois, mon nom est abject (...)
A qui parlerai-je aujourd'hui ?
Mes semblables sont méchants,
Car les amis aujourd'hui ne peuvent pas aimer.
A qui parlerai-je aujourd'hui ?
Les coeurs sont avides, (...)
La douceur s'est perdue,(...)
La méchanceté domine sans résistance,
Parce que la bonté est rejetée en tout lieu, (...)
Un homme furieux de son mauvais sort
Fait rire de lui à cause de sa fâcheuse situation.
Les visages sont sans expression,
Parce que chaque homme baisse la tête devant ses semblabes.
Il n'y a plus d'homme qui vive dans l'harmonie,(...)
On est privé de l'ami,
et c'est un inconnu qu'on recherche pour se plaindre à lui. [note perso. : un psy ? (rires)] (...)
J'ai été accablé de misère (...)
Ce mal qui a frappé la terre,
n'a pas de fin !(...)
La mort est désormais devant ma face
Comme l'odeur des fleurs de lotus,
Comme être assis sur les rivages de l'ivresse. (...)

Le ba:
Ce que m'a dit mon ba:
Place ta lamentation sur cet objet,
Toi mon proche, mon frère !
Soit que tu te sacrifies sur le feu,
ou que tu participes à une vie qui est comme tu dis.
Désire-moi ici même, après avoir mis l'Occident de côté.
Désire n'atteindre l'Occident que lorsque ta chair aura rejoint la terre.
Alors nous ferons un domaine pour perdurer."

13 mars 2006

L'art du dédoublement - Cioran

L'art d'être psychologue ne s'apprend pas - il se vit et s'éprouve, car on ne trouvera aucune théorie qui fournisse la clé des mystères psychiques. Nul n'est fin psychologue s'il n'est lui-même un objet d'étude, si sa substance psychique n'offre constamment un spectacle inédit et complexe propre à susciter la curiosité. On ne peut pénétrer le mystère d'autrui si l'on en est soi-même dépourvu. Pour être psychologue, il faut connaître suffisamment le malheur pour comprendre le bonheur, et avoir assez de raffinement pour pouvoir devenir barbare; il y faut un désespoir assez profond pour ne pus distinguer si l'on vit au désert ou dans les flammes. Protéiforme, centripète autant que centrifuge, votre extase devra être esthétique, sexuelle, religieuse et perverse.
Le sens psychologique est l'expression d'une vie qui se contemple elle-même à chaque instant et qui, dans les autres vies, voit autant de miroirs; en tant que psychologue, on considère les autres hommes comme des fragments de son être propre. Le mépris que tout psychologue ressent pour autrui enveloppe une auto-ironie aussi secrète qu'illimitée. Personne ne fait de la psychologie par amour: mais plutôt par une envie sadique d'exhiber la nullité de l'autre, en prenant connaissance de son fond intime, en le dépuillant de son auréole de mystère. Ce processus épuise rapidement les contenus limités des individus, le psychologuqe aura vite fait de se lasser des hommes: il manque trop de naïveté pour avoir des amis, et d'inconscience pour prendre des maîtresses. Aucun psychologue ne commence par le scepticisme, mais tous y aboutissent. Cette fin constitue le châtiment de la nature pour le profaneur de mystères, pour le suprême indiscret qui, ayant fondé trop peu d'illusions sur la connaissance, aura connu la désillusion.
La connaissance à petite dose enchante; à forte dose, elle déçoit. Plus on sait, moins on veut en savoir. Car celui qui n'a pas souffert de la connaissance n'aura rien connu.

(in: Sur les cimes du désespoir; 1934)

12 mars 2006

Malheur, excès et langage, espoir, paradoxe, et premiers battements de l'irréalité

Les chaînes du malheur ne s'enlacent qu'à distance.

*
Il y a une certaine conséquence propre à l'excès: la dévalorisation du langage. Les mots les plus communs perdent leur essence intérieure pure, jusqu'à devenir comme fantoches désarticulés - des objets. Un abus prolongé et prononcé du langage conduit inéluctablement à sa destructuration et désanimation. Cela vaut pour toute chose.
*
Il ne peut y subsister d'espoir si le temps n'existe plus. Croire, espérer, révèle une faiblesse de l'esprit qui attend toujours malgré qu'il sache l'exacte inanité de l'attente temporelle. De ce fait, l'esprit méprise et maîtrise le temps, mais comme il recherche encore quelque chose, il se retourne contre lui-même et se dédaigne - car il a tué le temps, mais il est agenouillé devant lui, attendant qu'il en sorte quelque mélodie mortelle ou autre chant de cygne. Les principales constantes du réel humain (temps, espace, etc) sont sujettes à ce double moment de l'être. Ce dernier s'exaspère du peu d'attention et du véritable désintérêt que manifeste, très paisiblement, ces constantes à son égard. Désespéré, il finit par assassiner tout cela - or, en réalité, c'est la partie active de lui-même qui émet son dernier souffle, c'est la partie qui analysait le réel, parce que les constantes sont humaines et seulement humaines, de sorte que c'est la partie qui interagissait avec le "monde" qui meurt.
C'est à cause de ceci que l'être se voit soudainement éloigné et même retiré de l'emprise qu'il pensait avoir sur le "réel". En somme: l'être veut se défaire des constantes (temps, espace, etc) parce qu'il aperçoit sa vraie nature, qui est intemporelle, inspatiale, et en dehors de toutes ces limitations qui proviennent de l'analyse du réel par le biais du corps. Cependant, il connaît encore l'espérance, et l'espérance ne peut exister sans le temps: le temps à donc trouvé un autre moyen d'action, car il ne pouvait plus résider là où l'être le reniait. Répugné par ses espérances, comprenant qu'il n'est pas réalisé et qu'il dépend de cela, l'être se retourne contre lui, et il tue à la fois constantes et effets des constantes. Or, en faisant cela, il a tué l'interface qui lui permettait d'interagir avec le réel: l'être donc, n'existe plus dans le réel, et repose entièrement sur sa propre nature. S'il n'est pas assez fort pour le supporter, il essayera de retourner vers le monde, en vain: il n'y a plus de lieu de passage et d'interaction possible. S'il succombe, c'est la folie.
*
La vie s'ouvre et se referme sur elle-même. Mais lorsque nous la fermons consciemment, c'est que nous voulons que la prochaine fois que nous l'ouvrirons, elle donnera à voir un monde qui soit convenable. L'homme s'adapte: si le monde ne lui convient plus, c'est qu'il espérait mieux en se basant sur ses anciens repères, sur ce qu'il a vécu précédemment, mais au fur et à mesure de sa marche il se rend compte que ce sont les espoirs qu'il avait anéanti qui reviennent le hanter. Il pensait, en tuant le premier espoir, que les autres lui suffiraient, mais bientôt il se trouve dépourvu de ses vieux habits et autres illusions protectrices.

Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Plus rien. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tant de rêves. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tant d'espoirs. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Plus rien. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Un frisson ? Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Non, personne. Je suis creux. Je suis creux. Influencé par rien, n'influençant rien, je n'existe pas. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Figé, rien ne se passe. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Je suis creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Espoirs glacés: morts. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. M'évanouir ? Tout est creux. Ais-je oublié qu'il n'y a de réalité ? Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Rien ne se passe, rien ne se passera jamais. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. La conscience est lancée dans un puits sans fond. Tout est creux. Tout est creux. Le regard se perd instantanément. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Plus de sol, plus de ciel, plus de sel. Tout est creux. Tout est creux. Qu'y a-t-il encore à rejoindre ? Tout est creux. Je crois à l'éternité - j'y réside. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Tout est creux. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Pourquoi encore pense-je ? Que reste-t-il ? Tout ce qui doit arriver arrivera. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Savourons. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Je ne ressens rien. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Aucune forme, aucune couleur, ne subsiste dans le néant. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Qu'est-ce encore que la défaite ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Ruines. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Le vide grandit, ne s'arrêtera-t-il jamais ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? La constance est ce que l'être désire le plus, il désire le néant. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Rien d'autre que la futilité. Avez-vous déjà pensé à la futilité ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? La matière qui vous constitue se désemplit, je la vois déjà vous quitter, disparaître, de guerre lasse, abandonnez, abandonnez, vous dis-je.Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Déclinez ! Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Les flots figés, le froid, la tension, les roses, l'ancien sang. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Ce que je porte est trop lourd, je ne pourrais le poser à terre sans éviter la chute. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Soyez le vent. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Devenez-le, sans retour. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Soyez le vent. Que reste-t-il ? Que reste-t-il ? Éperduement. Rien ne perdure. Que reste-t-il ? Soyez le vent.Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Les mouettes passent au dessus de mes oreilles et sifflent et rient et disent: "tu es creux". Vers l'est, j'ai entendu les voix du vent qui souffle et rit puis enfin, me dit "tu es creux". Le vent entraîne les mouettes, eux tous me dirent un jour dans le dos "tu es creux". Soyez le vent. Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Que reste-t-il ? Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Soyez le vent. Seulement.

11 mars 2006

Conscience et temps

De quel sol émerge la conscience ? Quelle est la valeur de la conscience en sa réalité dans l'instant ?
L'individu n'acquiert la conscience qu'à la fin de son enfance. Un développement physiologique est nécessaire pour son apparition.
L'enfant vit dans un aller constant vers la réalité.
Ce que l'on obtient lors de la première crise, la dissociation celui qui vit / celui qui pense ce qu'il vit, c'est la faculté d'un retour.
La réalité impose la formulation, le retour interroge.

Puis, il advient l'hyperconscience, quand la pensée de celui qui pense forme et devient une vie à part entière. Il faut alors penser cette vie, penser la pensée.
Le sujet alors, est pris dans l'arc ontologique qui relie l'être premier qui vit à l'être "second" qui pense sa pensée. Ce dernier finit par penser sa pensée qui pense, etc. Le mouvement de cette dynamique laisse croire à un éloignement indéfini et infini par rapport à l'être qui vit. Or, il y a un retour et une sublimation de l'originel.

Au fur et à mesure qu'il pense ce qu'il pense, le sujet parvient à sa propre et vraie nature, car chaque nouvelle analyse introspective de pensée est une rectification. (comme dans le "vitriol=Visita Interiora Terrae, Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem (visite l'intérieur de la Terre, et en te rectifiant tu trouveras la vérité))

Il n'y aurait d'hyperconscience si la conscience n'était pas limitée pour l'être. Cet éloignement est orienté par l'intégration successive d'un nouvel élément ontologique (une nouvelle conscience, un nouveau tiers). La numérologie m'indique l'existence de quatre crises intégratives majeures. On peut donc distinguer: 1/ conscience (vue sur l'être premier), 2/ hyperconscience (regard sur la vue), 3/ metaconscience (observation du regard), et 4/ omniconscience qui scelle l'évolution (dans un cadre humain) et amène la stabilité.

Ces quatre crises sont une évolution de l'Un au Tout. C'est l'unité qui découle de la diversité, et cette même unité qui est ce qui agit comme source d'attraction pour l'être. L'avenue d'un nouveau tiers, d'une nouvelle conscience qu'il va falloir intégrer à l'être premier, c'est se donner vie une nouvelle fois, car nous avions indiqué précédemment que la conscience devient vie à part entière.

Cette évolution ne se fait en une seule vie incarnée, si bien que si le niveau d'intégration des consciences est élevé, l'individu réincarné retrouvera rapidement ses souvenirs antérieurs, lui faisant atteindre assez tôt son élévation préhume.

Je reviens à ma question première: c'est-à-dire, le temps. Qu'est-ce qui différencie exister hier, d'exister maintenant, ou d'exister dans cent ans ? De toute évidence, il s'agit du niveau de conscience, lequel créé l'interprétation de la perception.

Aussi, un niveau de conscience supérieur ne signifie pas un reniement d'un niveau inférieur: comme nous l'avions vu, celui-ci s'intègre à la réalité de son être premier. Autrement dit, si l'être est hyperconscient, il peut user, dans son introspection, des moyens de la conscience ainsi que de ceux de son hyperconscience.

Désuétude de l'association

Chacun porte sa propre réalité. La réalité réalisée est auto-suffisante. Plusieurs réalités associées, s'appauvrissent ou s'enrichissent mutuellement selon leur degré respectif. L'effet d'un appauvrissement est révélée par l'oubli de sa propre réalité.

Réalité & Irréalité

Il n'y a aucune certitude. Mais avec raison nous pouvons envisager que (i) la vie onirique est une projection altérée du vécu, et (ii) le degré de mémorisation par le "Soi" du vécu est infiniment élevé.
C'est une mémoire à part entière, sans rapport avec celle de l'ego.
Lors des NDEs, les sujets racontent fréquemment avoir vu toute leur vie en accélérée. Ce ne peut donc être une mémoire physiologique, se trouvant dans une densité supérieure où la temporalité et perception diffère.

Le rêve pourrait ne se construirait qu'avec des éléments de l'égo ou d'un "inconscient collectif" dépassant le monde des égos.

Par ailleurs, si la vie "réelle" semble illusoire, cela vient de l'absence des repères de réalité.

Facteur de réalité:
-Changement habituel, évolutif et supportable de la vie quotidienne, ou bien situation stable qui convient au sujet.
-Attachement au matériel car celui-ci convient (coté "terre-à-terre")
-Intérêt dans la vie et sujet bien entouré, absence du recul de la solitude
-
Évènements croyables et dans la norme de l'habituel.
-Pas de remise en question des moyens d'analyse du réel (espace, temps, sensibilité, etc) et s'il y a une instabilité passagère, le sujet se tient aux repères énoncés ci-dessus.

Facteurs de d'irréalité:
-Lassitude, exaspération: monotonie, répétition
-Détachement du matériel et "élévation du niveau vibratoire"
-Absence d'intérêt dans la vie telle qu'elle apparaît au sujet (isolement, fadeur, etc)
-
Événements incroyables qui donnent au monde une incohérence certaine ("Je rêve !")
-Remise en question, suite à ces points, des moyens habituels d'analyse du réel.

9 mars 2006

Peur et sens

Les grandes phrases ou citations s'articulent autour du verbe "être" et autres verbes apparentés. (Tout est relatif, la religion est l'opium du peuple, etc).
"Etre" suppose d'attribuer une caractéristique - calmer l'esprit devant l'inconnu.
De ce fait, le sens qui se trouvait au sein des choses en tant que telles se voit déplacé dans le langage.
Le langage devient, en quelque sorte, le reflet de l'individu. (De même que les styles d'écritures révèlent la personnalité...)
On ne peut caractériser que de deux façons: 1/ décrire en usant de qualificatifs mentaux (intéressant, emphatique, laborieux, etc), et 2/ décrire avec des qualificatifs sensoriels (couleur, espace, plaisir, etc). Il faut aussi garder à l'esprit que les sens créent le mental. On peut distinguer dans le discours d'untel s'il est par davantage sensitif qu'intellectuel, et inversement. Dans le cas des "créatifs" ("artistes"), il y a souvent des métaphores et usage de termes sensoriels dans un discours intellectuel et de termes intellectuels dans une parole liée au physiologique.
Ce mélange permet un contact mystique avec l'inconscient dans lequel objets mentaux et sensoriels sont associés indifféremment.
Le fait de caractériser revient à nier et défaire l'originalité du sujet ou objet, car il est, dès lors, considéré selon un référentiel existant (qui n'est peut être pas le sien).
Par exemple, s'il y a un cube, que l'on me demande ce que c'est je dis: "c'est un cube". Et si le cube était une construction en "vrai" dans l'espace, j'aurais dit: "c'est un cube". Il y a donc déjà, un amalgame possible entre des formes identiques mais se situant sur des plans différenciés. J'en viens à la problématique principale: puisque l'homme se trouve sur un plan qui lui est propre, ne risque-t-il pas d'associer à ses constructions mentales des formes de plans supérieurs qu'il ne pourra pas considérer dans leur intégralité (et qu'il caractérisera selon un autre référentiel).
D'où la nécessité de trouver une formule de ce genre facilement applicable: "je sais que telle chose est comme ceci, comme cela, etc, et j'en sais quelques rudiments, mais je ne connais pratiquement rien à part ces quelques éléments": il faut se détourner du connu. De toute façon, il y a-t-il un référentiel absolu ? Les yogis parlent de connaissance directe et non-conceptuelle à un stade évolué de pratique, est-ce de cet ordre ?
Pour une vision plus intégrale des objets métaphysiques, il ne faut pas chercher à perdurer dans un même plan, mais vouloir s'élever à un plan supérieur: cela nous permettrait d'ores et déjà de sortir du "flou" qu'est l'homme, tiraillé entre deux eaux.
Tout le travail à fournir n'est pas dans la vision, mais dans ce que nous sommes nous-mêmes, puisque logiquement il ne peut y avoir de vision sans sujet.
Car il existe deux impasses à la connaissance: 1/ elle ne permet pas d'éviter la peur, car on ne peut connaître réellement, 2/ elle égare la curiosité, le sujet pensant que ce sont toujours les mêmes choses qu'il voit, de manière récurrente.
Quoiqu'il en soit, celui qui est surpris est toujours en position d'infériorité. Il faut donc espérer pouvoir développer une curiosité sans qu'il n'y ait de peur.
La solution une prochaine fois.


Notes diverses:
Les imbéciles refusent de se considérer comme tels pour narguer les sages, les sages refusent de se considérer comme tels pour narguer les imbéciles.

Plus il y a de personnes qui pensent à tel individu, plus celui-ci recueille autour de lui de forme-pensées, plus sa fascination s'étend.

La recherche de la vérité passe par la découverte de son contraire.

8 mars 2006

"La terre est bleue comme une orange" (Eluard)

7 mars 2006

Every Day is Exactly The Same - Nine Inch Nails

I believe I can see the future
Cause I repeat the same routine
I think I used to have a purpose
But then again, that might have been a dream

I think I used to have a voice
Now I never make a sound
I just do what I've been told
I really don't want them to come around, oh no

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

I can feel their eyes are watching
In case I lose myself again
Sometimes I think I'm happy here
(Sometimes)
Sometimes, yet I still pretend

I can't remember how this got started
Oh, but I can tell you exactly how it will end

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

I'll write it on a little piece of paper
I'm hoping, someday, you might find
Well I?ll hide it behind something
They won't look behind

I am still inside her
A little bit comes bleeding through
I wish this could've been any other way
But I just don't know, I don't know what else I can do

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same

Every day is exactly the same
Every day is exactly the same
There is no love here and there is no pain
Every day is exactly the same
(Every day is the same!)

5 mars 2006

Le coeur à droite

Les humeurs sont les cancers et contrecancers de l'être.

La tentation - lannière de la vie.

Le salut dans le sublime.

Nuages rose saumon effacés dilués dans la profondeur du bleu céleste. Liserés argentés. Etoiles. Grand vent rosé. Teintes passantes, ni oranges, ni roses. Bruit sourd du vent dans les arbres, suivant le regard. Le miracle agit. L'inconcevable glace fragilise. L'être disparaît. Les étoiles brillent un peu plus fort, étincellant sur le bleu indescriptible, parfois sous l'amas cotonneux flouté des nuages qui ne s'arrêtent pas. Le blanc contrasté ou diffus d'un horizon, le pourpre violacé parmi le bleu-gris intense de l'autre. La résistance uniforme des feuilles sèches. La pluie implosée. Strates et superpositions iridescentes d'un violet indistinguable. Le bleu le plus profond. Le clair le plus passager. L'indépendance unie des éléments. L'oeil mais l'eau.

Vortex.

Sédiment-arisation.

Dans la sincérité se cache un dragon de feu qui détruit ce qu'il affirme.

Je dois bien affirmer. C'est dans la parole que se trouve traduite et justifiée le mode conceptuel. Effet stabilisateur.

Ayez le même ton de voix lorsque vous déconstruisez l'affirmation que lorsque vous la créez.

Plus je pense que je pense - je m'égare de moi-même, plus il faut d'efforts pour me recréer.

La force pour réfréner notre mental est moins importante que celle que l'on obtient en tirant parti du barrage.

Certaines argumentations ressemblent à un morceau de sel placé dans un grand verre d'eau sale. De plus que le support aqueux est indigeste, les idées semblent manquer à l'appel.

Les poiriers en fleur.

Je marchais le long de la route, sur les fossés poussait une plante à feuilles amples et charnues. Je continuais, élaborais une sensation de perte, comptais mes pas, puis dans le sens inverse; il semble que les lumières et le bleu du ciel se déguisaient.

Ethernity. Moments.

Un petit pas pour l'eau mais un grand pour l'humidité.

En deça des repères où se maintient l'action.

4 mars 2006

Il y a le double
Il y a ce qui intercède au double

Cette constante est la constante de crise.


Analogie avec cellule oeuf.

2 mars 2006

Numérologie d'enfance

Signification que je donnais aux nombres quand j'étais petit. Donnée en totale subjectivité.

1: Neutralité primaire, origine et fin.
2: Dualité contradictoire ou complémentaire, deux est cyclique, deux est mouvementé, c'est une action.
3: L'arrivée d'un tiers est signe d'un changement périlleux qui peut virer à quelque chose de malsain. (3=6/2).
4: Chiffre stable et confiant. Quatre est chaleureux et offre une base pour d'autres constructions. Quatre est un recours agréable.
5: Déstabilisation. C'est la peur et l'anxiété, c'est l'amer, le dégoût.
6: Chiffre du mal. Il apporte une stabilisation fausse et qui ne permet pas d'évolution. J'avais une grande répulsion irrationnelle envers ce chiffre sans ne pouvoir me l'expliquer.
7: Dépassement. Sept permet d'autres horizons, même s'il y a destabilisation, il y a un renouveau qui est toujours un grand bénéfice.
8: Assouplissement des mouvements du sept, retour à une agréable pesanteur. Huit est associé à la chaleur qui inhibe.
9: Dépassement ultime. Atteinte d'une presque unification et de la neutralité du dix. Neuf est la totalité complexe des résultats précédents. Il manque la simplicité.
10: Fin et libération existentielle. 10 est la perfection.

La parabole de la neutralité

"C'est l'histoire du cheval blanc: un paysan pauvre qui cultive ses terres a pour plus grand bien un beau cheval blanc qui lui tire sa charrue. Un jour, le cheval s'enfuit, il casse la barrière et disparaît. Le paysan est triste. Ses voisins lui disent: c'est de ta faute, tu l'as mal enfermé, tu l'as mal nourri. Donc, tu es puni. Le paysan dit: peut-être. Au bout de huit jours le cheval revient mais non pas seul; acvec une tribu de chevaux, on ne sait pas très bien où ils les a trouvés. Et ils rentrent dans l'écurie. Le paysan est tout content, il leur donne à manger, il les installe. Les voisins qui ont entendu le vacarme, viennent voir et disent: oh ! Là ! Là ! Tu as de la chance, c'est vraiment un bonheur pour toi, qui es si pauvre, d'avoir tellement de chevaux, tu vas pouvoir les vendre. Le paysan dit : peut-être. Le fils du paysan qui aime monter à cheval saute sur le dos de l'un d'entre eux... et se casse la jambe en tombant de l'animal qui rue. Alors les voisins reviennent et disent: mon pauvre ! tu n'aurais pas dû laisser monter ton fils, c'est de ta faute, tu as manqué de prudence. D'ailleurs, ces chevaux, d'où viennent-ils ? Ils ont peut-être été volés ? Le paysan dit : peut-être ? Là-dessus, la guerre éclate et on mobilise les jeunes du village. Ils partent tous sauf le fils du paysan. Les voisins disent au paysan : ah ! Vraiment tu as de la chance, mon fils, lui, est parti... Le paysan répond peut-être !... On pourrait indéfiniment continuer comme l'histoire !"


"Voies spirituelles", de Frère Benoît BILLOT.

28 février 2006

Névrose phobique

In Yves Ranty, "les somatisations", 1994


D. Wolff et H. G. Wolff (1943) observent directement un sujet de cinquante-sept ans, porteur depuis quarante ans d'une gastrotomie; ils constatent:
-que l'agressivité, le ressentiment, l'anxiété, accélèrent l'évacuation du repas standard.
-que la peur ralentit l'évacuation gastrique. Le comportement gastrique en dehors des périodes digestives est étroitement lié à un désir irréalisable de fuite, ou bien en relation avec des pensées dépressives, ou des sentiments de découragement.
-(...) la prolongation des affects peut aboutir à des modifications de la muqueuse gastrique, comparables à celles observées dans les gastrites. La muqueuse ainsi modifiée est très vulnérable; un traumatisme insignifiant peut provoquer une érosion minime qui, en contact prolongé avec le suc gastrique, peut conduire à la formatin d'un ulcus.

(...) 2/ Alexander
Pour lui, ce n'est pas le type de personnalité qui est essentiel, c'est le conflit. Il décrit un conduit spécifique à l'ulcéreux, qui est celui-ci: rester dans une situation de dépendance infantile, d'être aimé, couvé, se trouve en contradiction avec le Moi adulte et le désir d'indépendance, de pouvoir se suffire à soi-même.
Ce sentiment d'indépendance exagérée recouvre une défense contre un sentiment inconscient d'extrême dépendance.
Pour Alexander, il semblerait que le facteur crucial dans la pathodenèse de l'ulcère soit la frustration des désirs de dépendance et d'amour.
Quand ces désirs ne trouvent pas de satisfaction dans les relations interhumaines, un stimulus affectif est créé et il semblerait que ce soit ce stimulus qui produise l'ulcération. (...) L'ulcère serait la réaction à la frustration d'un vif désir oral et de dépendance. Certains sujets vont alors compenser ces désirs par une grande ambition (...)

Logique sociale

La société est perverse dans le fait qu'être détesté est une opposition complète aux lois évolutives. Qui n'est pas accepté a bien du mal à se reproduire et a avoir une reproduction correcte. L'art (déplacement de la frustration), la spiritualité (explication "magique" de cette frustration), les paradis artificiels (oubli de soi), la littérature (recours à l'imagination) sont les refuges de ces personnes qui ne peuvent s'exprimer et partager normalement.
Quand un sujet est d'une nature trop éloignée à celle qui est commune et majoritaire, il devient détesté. S'il y a un papillon anormalement blanc parmi dans une espèce noire, ce premier ne peut survivre. Celui-ci devient déprimé car son corps et esprit s'oppose aux lois évolutives. Le fait est que se renier partiellement est essentiel pour ne pas être détesté, et que, qui doit se renier quasi-complètement est perdu.

L'inaction et l'absence d'échange avec autrui est physiologiquement intenable. Si cela est dépassé, il y a stabilité. Nietzsche recommande de s'aimer soi-même, vraiment. Ne pas se renier.

26 février 2006

Never Win - Fischerspooner

Chorus
I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say
Don't you wanna help me
Tell me what to do
Help me find a way
If I was not me
I would hate me too
Just like you do
I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say

It's all made worse by a simple scheme
You're slipping away from me
Can't decide sometimes if it's worth the point
The point is the struggle, insecurity

Hopefully, you make no mistake
If you learn from what you've got to take
Good or bad, it's all gonna add up in the end but,
You can never win.

Chorus x 1
And it's the desperation to hold on to
Something that can't be held on to
So, Don't waste your time filling up my words
Don't tell me why, assume the worst.

Hopefully, you make no mistake
If you learn from what you've got to take
Good or bad, it's all gonna add up in the end but,
You can never win.

Don't thank me,
Don't tell me how,
Don't break me down,
Don't help me make it,

I don't need to need you
Tell me what to do
Tell me what to say
Don't you wanna help me
Tell me what to do
Help me find a way

24 février 2006

When the sun is cold and black,
when you wanna scream and shout,
and the record plays the dark side of the moon.

L'anormalité me dérange autant que la normalité. Pulvérisé ---- et le temps cligne de l'oeil.

Nous sommes aveugles parce que nous voyons -
Nous sommes sourds parce que nous entendons -
Nous sommes dérangés parce que nous ne nous voyons et nous ne nous entendons pas
Etc ---

La décadence - ou la défaite de la cadence, la déchéance de la condensation.
Nous sommes limités parce que nous sommes cadencés & condensés. Parfois nous voulons nous épandre dans l'univers, et nous éprendre des dimensions flasques,
Mais au delà des limites - terra incognita. Nous nous expansons nous mêmes, nous repoussons toujours plus loin la substance universelle.
Plus d'ancres, ni de constellations - ni d'ouest - ni d'est.

Constat d'échec - 1/ combien de jours ont valu le coup ? Par exemple, si 1/80, alors, n'avons nous pas de même, 1/80 de chances de vivre de tels jours dans le futur ?
2/ Le poids de l'ensemble des jours inutiles (ou de moments inutiles) est-il plus faible que la totalité des jours fastes ?
Bien sûr, voyons de l'avant. Mais n'est-il pas certain que le présent est quelque chose de trop
qu'il faut considérer comme tel ?

Il ne faut pas seulement connaître ce que l'on est et ce que l'on a été, il faut aussi connaître celui que l'on est qui veut connaître. Finalement, on ne peut jamais rattraper son retard, par rapport à la pensée première.


Keep playing ----
Close your eyes - get ready to explose --- loose control - loose complete control -

18 février 2006

"Ai shiming", "Regret d'un destin en ce siècle"

J'ai regret que mon destin ne m'ait permis de côtoyer en ce siècles les [sages] d'antan.
Pourquoi la vie ne m'a-t-elle laissé le loisir d'une époque plus opportune ?
Ceux qui s'en sont allés, je ne les puis ramener;
Ceux qui s'en viendront, il ne me sera pas donné de les rencontrer.
Mon âme n'est que haine et rancoeur qui ne se dissipent pas;
J'exprime ici d'intimes pensées que je confie à ces stances.
Toutes mes nuits sont blanches et je n'y puis dormir.
Ma longue mélancolie dure jusqu'à ces jours.
C'est que mon coeur s'afflige ne n'en avoir rien dit.
Mais, avec qui, en cette foule, partager mes pensées ?
Eploré, accablé, je me sens abattu;
L'âge avance à pas lent et m'atteindra bientôt.
J'habite tant ma peine, pressé par les ténèbres.
Ma volonté s'est tue et ne s'est exprimée.
Or la roue obstruée ne m'est point accessible,
Et le fleuve si large est dépouvu de pont.
J'entends me rendre aux Jardins suspendus des Kunkun
Pour y ramener les jades purs du mont de la Cloche,
Cueillir à brassées des brances ocre d'arbre d'émeraude,
Je perçois au loin le [mont] Latte-de-sterculier du Vent large.

La rivière Faible déferle et me fait obstacle.
A mi-chemin, elle me fait barrage et m'interdis d'avancer?
Je n'ai guère la faculté d'en franchir les flots,
Car [mon bateau] est dépourvu d'ailes pour la survoler !
Aussi je désespère de n'atteindre [l'autre rive].
Seul, irrésolu, j'erre alors en tous lieux...
Insatisfait, anxieux, perdu en d'interminables songes,
Mon coeur est accablé et tant et tant meurtri,
Hésitant et perplexe, je demeure interdit.
Chaque jour j'endure la faim, j'épuise mes derniers grains.
En vain j'embrasse mon ombre, incliné, solitaire,
Ressassant d'interminables songes sur mon pays natal.
Inutile, rejeté, esseulé, sans aucun ami;
Avec qui apprécier les fragrances restantes ?
Le clair soleil décline, bientôt se va coucher.
Je m'afflige que l'heure soit sous peu arrivée;
Mon char est renversé, mes chevaux éreintés...
Epuisé, je n'avance plus, je ne fais que tourner virer.
Je me sens mal l'aise en ce monde fangeux.
J'ignore même s'il convient que j'avance ou recule !

(...) je vais souffrir les affres d'une vue de dénuement.
Dans le noir, je retourne [ces pensées], seul [sur ma couche] où je ne puis dormir.
Je ne songe qu'à ces chagrins qui emplissent ma poitrine.
Mon âme s'éloigne et s'élance au galop;
Mon coeur est rongé d'angoisse,
Mes pensées tristes et haineuses sont à ce point agitées !
Et la route est si sombre et tellement malaisée !
Esseulé, je préserve ce coin [dans la montagne];
Tout ne m'est que tristesse et soupirs éternels.
Inquiet au long des nuits, me tournant en tous sens,
J'ai le souffle agité qui bout comme une vague !
Je tiens bien un ciseau mais je n'en au point l'usage;
Je saisis le compas et l'équerre sans avoir rien à quoi les appliquer;

(...)
Mes épaules en sont affaissées, je ne suis pas à mon aise;
Mon ventre est comprimé, je ne trouve plus de repos.
Wu Guang se jeta dans un abîme profond,
Car il ne voulut se souiller de la poussière de son siècle.
Qui peut donc ainsi vivre, si longtemps piétiné ?
Je veux me retirer, rester dans l'indigence.
Je perce la colonne d'un mont pour y faire ma chambre;
Je descends me vêtir au bords d'une rivière.
Le rosée en brume en fines gouttes tombe à l'aurore,
Les nuages floconneux recouvrent ma toiture,
Les arcs-en-ciel se mêlent à la lueur de l'aube.
Les pluies tombent d'abondance au crépuscule...
Je me sens abattu et confus, car tout cela est sans retour.
Dépité, je contemple au lointain ces vastes plaines.

(...)
Mon corps est pur et simple mon naturel;
En moi, tout est clarté, lucidité, transparence.
Pourtant, ce siècle me vomit et ne m'emploie pas.
Dès lors, je me tapis dans l'obscur et prends mes distances.
Ah ! Comme je me terre au fond en effaçant mes traces !
Taciturne, muet, je n'émets aucun son,
Solitaire et triste, tout aigru de ma bile !
A qui exprimer mon courroux et dire mes sentiments ?
Le jour se dévoile, tombe la nuit,
De mon défaut de gloire, je soupire avec mélancolie?
Boyi mourut au [pied du mont] Shouyang,
Il disparut trop tôt, obscurément et sans honneur.
Le Grand Duc, s'il n'avait rencontré le roi Wen,
Serait mort sans avoir pu réaliser ses nobles ambitions.
J'ai sur moi émeraude et ivoir, jaspe en pendeloque;
J'aspire à les montrer, mais aucun juste [prince ne vient les apprécier].
Car entre ciel et terre ma vie a vite passé;
Mon corps est par des souffles pestilents agressé;
D'invasives douleurs y ont ainsi germé.
Je veux voir une fois le clair soleil vernal;
Mais crains n'achever l'année neuve fatale.

In: Elegies de Chu*, Qu Yuan, Ed. Connaissance de l'Orient - Gallimard, 2004
*IVe siècle av. J-C. - IIe siècle apr. J.-C.

17 février 2006

You say you can't tell any difference
Between the pleasure and the pain
You say you never dream at no time
You say you always dream when you're awake


I see you crying in the sunshine
I hear you laughing in the rain
You say you can't tell any difference
Between the pleasure and the pain
You say you never dream at no time
You say you always dream when you're awake


Satoshi Tomiie

15 février 2006

Le chat de Schrödinger

Extrait de textes trouvés :


Schrödinger (1887-1961) est l'un des pères de la physique quantique, célèbre pour avoir imaginé en 1935 son "paradoxe du chat". Sous ce nom énigmatique, Schrödinger venait d'inventer un paradoxe qui devait intriguer tous les physiciens durant des années.


Laissez-moi vous expliquer :
Imaginez une boîte hermétique à tout : rayons X, gamma, lumière,... tout ! Cette boîte est percée d'un hublot que l'on obstrue de l'extérieur.
On place à l'intérieur un chat. Jusque là, c'est simple.
On y dispose aussi un mécanisme constitué d'un atome d'uranium radioactif, d'un détecteur conçu pour détecter (cela semble logique) une fission de l'atome, et d'un système permettant de répandre du cyanure dans la boîte afin de tuer le chat (là, on vous laisse imaginer).
Ainsi, si l'atome se fissure, le détecteur s'affole et déclenche le mécanisme tuant le chat. Si rien ne se passe, le chat reste vivant. Vous avez bien compris ?

Schrödinger demande maintenant : "Dans quel état se trouve le chat juste avant que l'on regarde par le hublot ?"
Là vous vous dites : "C'est simple le chat est mort OU vivant, soit l'un soit l'autre".
Eh bien pas tout à fait, pour ne pas dire pas du tout ! Schrödinger déclare que selon les fondements de la physique quantique, le chat n'est ni mort ni vivant. Il est à la fois mort ET vivant.
Ne paniquez pas, je vous explique.
Le nœud de l'affaire, c'est l'atome d'uranium. Vous l'aurez bien compris, c'est lui qui tue ou laisse en vie le chat.
Le problème, c'est qu'aucun physicien ne pourra vous dire QUAND l'atome va se fissurer. Dans un seconde, dix heures, cent ans,... ? La seule chose que l'on peut faire est de calculer la probabilité pour que cela arrive. Et cette probabilité vaut 50 %. Il y a donc autant de chances que le chat soit mort ou vivant. Cette situation paradoxale vient du fait que l'atome d'uranium est un être quantique. De ce fait, il se trouve dans les deux états (fissuré et intact) en même temps, donc le chat aussi. Les deux probabilités se chevauchent réellement. Ni l'un ni l'autre, mais les deux à la fois.

Jusque là, vous n'avez pas regardé le chat à travers le hublot, le fait de regarder étant l'acte important. En effet, regarder n'importe quelle particule quantique l'empêche de rester dans son double état ("ET") ce qui l'oblige à en choisir un des deux ("OU").
Mais alors que devient le chat ?
Eh bien, il existe plusieurs solutions !

Une première évoquée par quelques scientifiques propose ceci : puisque rien d'autre que la vue ne peut influencer le chat et déterminer s'il est mort OU vivant, c'est notre curiosité qu'il aurait tué. Mais les scientifiques enfoncent le clou en disant que le nerf optique qui achemine l'image vers le cerveau est parcouru par un flux électrique, lequel est un flux de particules quantiques. De là, qu'est-ce qui prouve que le flux n'a pas les deux états lui aussi ? Je m'explique : le flux transporte l'état chat mort ET l'état chat vivant ! Mais alors qui décide ? Les scientifiques proposent la conscience.
Ne riez pas ! C'est très sérieux, notre conscience fonctionne toujours sur un mode binaire : oui / non, ou j'aime / je n'aime pas,... Le fait est qu'on ne peut pas avoir les deux états superposés. Notre conscience opte donc pour l'un ou pour l'autre. Elle force le réel à adopter une tournure. Mais attention, on ne sait toujours pas qui choisit !
En fait, cela est assez inquiétant car cela signifie que rien n'existe en dehors de notre conscience.

Le problème se corse si on ne croit pas au choix de la conscience, car c'est dire que les deux états sont bien séparés lors de la mesure. Comme rien ne vient trancher, le chat se trouve dans deux univers parallèles. Dans l'un il est mort, dans l'autre vivant. Evidemment, là vous commencez à ne plus voir où on en est !
En fait, chaque fois que vous faites un choix, le choix opposé est aussi fait dans un univers parallèle. Et vu que nous faisons des milliards de choix tous les jours, nous nous dupliquons autant de milliards de fois que nous faisons de choix dans des univers parallèles.

Mais le chat dans tout ça, est-il mort ou bien vivant ?

Eh bien c'est à tout un chacun de faire son choix, de sorte que c'est peut-être nous qui déterminons le devenir du chat... Je vous laisse méditer là dessus.

Plus scientifiquement des chercheurs français ont déterminé que la période d'incertitude est inversement proportionnelle à la complexité d'un objet. Ce qui pour le chat, qui est un objet "complexe", revient à une période tellement courte qu'elle est négligeable. Mais au fond est-ce vraiment négligeable ? Et le vouloir du chat dans tout ça ?

Nostradamus

Dans sa Lettre à César, Nostradamus précise que ses Révélations furent obtenues "par continuelles vigilations nocturnes (...)

"Ton tard advenement, Cesar Nostredame mon fils, m'a faict mettre mon long temps par continuelles vigilations nocturnes referer par escript toy, delaisser memoire, apres la corporelle extinction de ton progeniteur, au commun profit des humains, de ce que la divine essence par Astronomiques revolutions m'ont donné cognoissance."

Traduction: Ta venue tardive, Cesar Nostredame mon fils, m'a permit, lors de longues veillées noctures, de régiger ce que j'ai pu apprendre par l'Astrologie, et te le laisse porter à la connaissance du commun des humains, après ma mort.

"En Sicile, il a eu des contacts avec les mystiques Soufis et fit des expériences avec diverses substances psychotropes, comme la noix de muscade, qui dissolvent les barrières de la conscience. C'est cela qui vraisemblablement l'amenait dans des états de transe pendant lesquels il rédigeait ses prophéties.
La transe est un état profond dans la méditation. Elle survient au bout d'une longue pratique, aider par des méthodes magiques. La philosophie de Nostradamus combinait la magie et la médecine qui visaient à soigner le corps de l'intérieur grâce aux pouvoirs de l'esprit.


L'eau et la lumière étaient ses deux principaux outils de travail. Une bougie allumée donnait le point de départ de ses transes. C'est de cette manière qu'il voyait le futur dans l'aura de la flamme. Il se servait parfois d'un bassin en cuivre rempli d'eau posée sur un trépied. Il s'asseyait lui-même sur un trépied de cuivre pour s'empêcher d'être happé par le sommeil au cours de ses transes hypnotiques. Les pieds du trépied formaient le même angle que celui des pyramides d'Egypte. Au début de la transe, il prononçait certaines incantations "La chaleur prophétique approche (...) comme des rayons de soleil jetant des influences sur des corps élémentaires et non élémentaires (...)" Ensuite il trempait une seule feuille de laurier dans le bassin rempli d'eau et oignait l'ourlet de sa tunique et son pied. La transe pouvait durer toute la nuit."


We are flashing lights...

14 février 2006

Néant - Léonard de Vinci

Le néant n'a point de centre, et ses limites sont le néant. (C. A. 289 v. b)

Des grandes choses qui sont parmi nous, l'existence du néant est la plus grande. (C. A. 398 v. d in, les carnets 1, ed. gallimard, p.68-69)

Léonard de Vinci

13 février 2006

L'interpretation des rêves

Nous pensons, toute la journée durant, à des objets. Lorsque ceux-ci prennent une place considérable ou particulière dans la conscience ou la "subconscience" (ce schéma explique), ils réveillent des souvenirs inconscients.

conscient = ce à quoi l'on pense + ce que l'on vient de penser (dans un court laps de temps).
subconscient (attention: ne pas se référer aux définitions psychanalytiques, ici, subconscient = +/- mémoire de travail)= ce que l'on a pensé qui migre vers l'inconscient. Ces objets ne sont pas encore entièrement liés aux autres et pour cela, ne sont pas encore completement tombés dans l'inconscient.
Les souvenirs ne se trouvent pas dans l'inconscient, mais dans une mémoire annexe à la conscience. De cette confusion mémoire/inconscient provient beaucoup d'erreurs. Il faut bien comprendre que l'inconscient est une "terra incognita" que la conscience ne peut mouvoir/altérer que dans ses états modifiés. De ce fait certains moments subsistent dans la mémoire de la conscience et construisent l'individu: si tout était inconscient, et que nous figions un instant toutes les dynamiques mentales, cet individu n'aurait aucun souvenir.

Par ailleurs, quand l'unifiltre disparaît, cette zone de mémorisation et l'inconscient s'échangent de la "matière". Cette zone de mémoire se trouve dans le subconscient, elle est formée par le passage des objets vers l'inconscient + le contrôle de la conscience. Ces objets qui composent la mémoire sont des objets que la conscience protège, en évitant qu'ils se lient et disparaissent dans l'inconscient. En effet, ces éléments prennent part dans la "personnalité". Ils sont des repères.
inconscient= zone qui n'est plus accessible à la conscience et qui est composée de tout les objets que l'on a pensé. Ces objets sont liés entre-eux. C'est à dire que tout les objets sont agglutinés dans une sorte de "limon". Ce limon n'est pas structuré par le lien que les objets ont entre eux, mais par le temps. C'est le temps qui détermine leur "étage" dans les "couches inconscientes" d'objets liés, et non le rapport que peuvent avoir les objets entre-eux. Mais il advient que des souvenirs resurgissent (pendant le sommeil où lors d'une absence momentanée de la séparation conscient-inconscient) alors, les "couches d'objets" sont perturbées. Il arrive également que la conscience soit tellement mouvementée que cela perturbe la bonne disposition des objets qui forment, au cours du temps, le "limon".

2. Dynamique du rêve:

Pour interprêter un rêve il faut considérer ceci:

1/ Ne pas chercher de "symbolique" grandiloquente. Quand Freud affirmait que les objets étaient déformés par l'inconscient, pour finalement revenir en forme "symbolique", il allait ériger une science "d'interpretation" excessive et désuette. Les rêves ne peuvent pas s'interpréter selon des formes archétypales disponibles dans le premier manuel que l'on trouve.

2 / Puisque les objets que l'on pense, progressivement, se déposent et se lient, ils sont entourés par d'autres objets qui peuvent ne pas avoir de rapport avec l'objet de la source du rêve.
Il faut s'attendre à ce que le rêve soit incohérent et puisse regrouper divers thèmes, idées, situations, qui n'aient peu ou pas de rapport entre eux. De cela découle l'incohérence des rêves, et le côté "esthétique". L'inspiration n'est pas différente: le poète par exemple, veut éviter de penser à quelques objets pour que de ce "vide", des idées souvent incohérentes mais belles par leurs provenances exotiques et diverses, viennent à la conscience. Lorsque l'on pense à quelque chose, l'esprit erre et obtient une construction qui prend la couleur de la pensée première. Pour interpreter avec soin une situation mentale, il faudrait non pas considérer un seul rêve mais l'ensemble de toute la vie onirique; de même que pour un sondage l'on ne questionne pas une seule personne.

3/ Le travail d'interpretation consiste à défaire de la "source" du rêve (pensée première) tout les objets qui se sont liés à elle. Si vous tirez quelque chose de la vase, n'en serait-il pas recouvert d'une épaisse couche ?

4/ En étudiant les rêves, on se rend compte que souvent, un désir inassouvi est assouvi par un rêve quelque temps après que l'on ait manifesté ce désir. C'est à dire que si vous aviez exprimé le vif désir d'effectuer ceci ou cela, c'est (~) quelque jours après qu'un rêve en rapport avec ceci ou cela apparaîtra. Cela tient au fait qu'il faut du temps pour que l'objet de ce désir vienne à sombrer dans l'inconscient.

5/ Le rêve existe car la conscience [sens non-psychanalytique, comprendre: activité cérébrale] le permet. La conscience pendant le rêve n'est pas inexistante, mais elle s'est déplacée dans la zone appropriée, aussi, la séparation conscient-inconscient est effacée. L'existence de la conscience comme structure dans laquelle on est spectateur est prouvée par le fait que certains rêves (en fin de nuit, souvent) prennent en compte des objets du réel qui deviennent dans le rêve, transformés.
Exemple: un oiseau chante à la fenêtre, et le rêve a comme thème un oiseau et son chant... Lorsque l'unifiltre est effacé, des éléments extérieurs immédiats s'allient directement avec d'autres objets (il n'y a plus la raison et la longue descente des objets vers l'inconscient.)

6/ Il peut y avoir une ou plusieurs sources du rêve. Plusieurs rêves avec des sources différentes peuvent ainsi se manifester l'un après l'autre. Ils n'ont souvent que peu de rapports. De même, le rêve peut être un condensé de plusieurs thèmes différents. Cependant, de manière générale, il n'y a qu'une source, il convient donc de défaire de cette source tout les autres objets qui sont "venus avec". C'est un nettoyage, une purification. On trouve la source du rêve en se réferant à la thématique principale et à l'idée dont on se souvient le plus. Qu'il y ait un rêve ne signifie pas qu'il y ait une source forte qui soit la cause de ce rêve. Il ne faut pas accorder d'importance extrême à un rêve s'il était clair ou fort. La puissance du rêve et la puissance de la source ne sont pas proportionnelles.

7/ Les symboliques qui semblent être communes à tous ne doivent pas nous induire en erreur dans l'interpretation des rêves. Dans la vie "réelle", beaucoup réagiraient en poussant un cri s'il voyaient quelque chose d'horrible. Puisqu'il y a donc des réflexes communs à tous dans la vie réelle, il y a aussi des réflexes oniriques que l'on retrouve souvent. Par exemple, l'envie de fuir peut se manifester dans un rêve où notre course s'avère pesante et figée. Il s'agit là de déformation dans les mouvements et dans le décor onirique, non pas de la source (cause) du rêve. Les sources s'avèrent souvent ne pas être aussi mystérieuses qu'elles semblaient l'être.

8/ Le cas des rêves prémonitoires ou intuitifs est facilement explicable. La raison et activité, à l'éveil, empêche de ressentir nombre de fines perceptions (télépathiques et autres). Le rêve, intégrant parfois des éléments extérieurs immédiats à son décor, peut prendre en compte ces phénomènes. On sait également que le temps est un moyen, pour l'être, d'analyse du réel. En soi, il n'existe que sous forme de Principe (intégré dans le principe du monde), et non en forme "corporelle" et humaine. Comme la matière de l'inconscient est transmise à l'âme, et que l'âme communique avec d'autres âmes, on peut envisager toutes sortes de transmissions d'événements à venir, etc.

9/ Comment créer des rêves ? S'exercer à penser à des idées variées et nombreuses, et ne pas chercher à s'en souvenir. L'inconscient sera enrichi et de celui-ci pourra surgir des rêves aussi diversifiés. De la richesse du monde intérieur provient la richesse du monde onirique.