Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

17 septembre 2005

J'aime beaucoup cette vieille histoire tibétaine intitulée Le père d'"Aussi Connu que la Lune". Un homme très pauvre, ayant durement travaillé, avait réussi à amasser tout un sac de grain. Il en était très fier et, quand il rentra chez lui, il accrocha le sac à une poutre de sa maison au moyen d'une corde, pour le mettre à l'abri des rats et des voleurs. Quand le sac fut suspendu, pour plus de sûreté, il s'installa dessous afin d'y passer la nuit. Allongé là, son esprit se mit à vagabonder: "Si je peux vendre ce grain par petites quantitées, j'en tirerais un plus grand profit... Je pourrai alors en acheter d'autre et recommencer la même opération; d'ici peu, je serai riche et je deviendrais quelqu'un dans la communauté. Toutes les filles s'intéresseront à moi. J'épouserai une belle femme, et, bientôt, nous aurons un enfant... Ce sera un fils, évidemment... Comment pourrions-nous bien l'appeler ?" Laissant son regard errer dans la pièce, il aperçut, par la petite fenêtre, la lune qui se levait.
"Quel signe !" pensa-t-il. "Voilà qui est de bon augure ! C'est un nom parfait, vraiment: je l'appellerai "Aussi Connu que la Lune"..." Mais, tandis qu'il spéculait de la sorte, un rat s'était frayé un chemin jusqu'au sac et en avait rongé la corde. A l'instant même où les mots "Aussi Connu que la Lune" sortirent de ses lèvres, le sac de grain tombé du plafond, le tuant sur le coup.