Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

24 septembre 2005

Citations

Les inédits de Bukowski

Oh, oui
il y a des choses pires que
d'être seul
mais ça prend souvent des décades
pour s'en rendre compte
et le plus souvent
quand vous y arrivez
il est trop tard
et il n'y a rien de pire

que
trop tard.

Traduction : Éric Dejaeger

OH, YES
there are worse things than
being alone
but it often takes decades
to realize this
and most often
when you do
it's too late
and there's nothing worse
than
too late.
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 100.



Ecrire par fragments : les fragments sont alors des pierres sur le pourtour du cercle : je m’étale en rond : tout mon petit univers en miettes ; au centre, quoi ?

Roland Barthes.



Le long des pics qui dominent la rivière Bleue
Le courant de chrysanthèmes d'or et de graines de
troène
Engendre une nouvelle trahison
Mieux vaut pleurer une nuit sur l'épaule de l'amant
Que de s'exposer mille ans, sur le pic


Shu Ting, Juin 1981, sur le Yangtsé



Le Dao

"Il habite le sans aspect,
Il réside dans le sans lieu,
Il se meut dans le sans forme,
Il se tient en repos dans l’incorporel,
Il existe comme s’il n’était pas, vit comme s’il était mort,
Sort du sans intervalle et y pénètre.

Le Dao est si haut que rien ne lui est supérieur,
Si profond que rien ne lui est inférieur,
Il est plus plan que le niveau, plus droit que le cordeau,
Ses cercles sont plus ronds que ceux des compas,
Ses angles plus précis que ceux de l’équerre,
Il embrasse l’espace-temps si bien que rien ne lui est intérieur ni extérieur,
Il communique avec le ciel et la terre sans rencontrer d’obstacle.
Aussi celui qui fait corps avec lui n’éprouve-t-il ni peine ni joie
Ne contient ni contentement ni colère,
Il veille sans inquiétude et dort sans rêve,
Quand les êtres apparaissent il les nomme
Quand les événements se produisent il leur répond"



"Dans la pensée toute chose devient solitaire et lente" Heidegger





L'ermite parle
L'art de fréquenter les hommes repose essentiellement sur l'habitude (qui suppose un long excercice) d'accepter, d'absorber un repas dont la préparation n'inspire pas confiance. En admettant que l'on vienne à table avec une faim d'ogre, tout ira facilement ("la plus mauvaise compagnie te permet de sentir-comme dit Méphistophélès) ; mais on ne l'a pas, cette faim d'ogre, lorsqu'on en a besoin ! Hélas ! combien les autres sont difficiles à digérer. Premier principe : prendre son courage à deux mains, comme quand il vous arrive un malheur, y aller hardiment, être plein d'admiration pour soi-même, serrer sa répugnance entre les dents, avaler son dégoût. Deuxième principe : rendre l'autre "meilleur", par exemple par une louange, pour qu'il se mette à suer de bonheur sur lui-même ; ou bien prendre par un bout ses qualités bonnes et "intéressantes" et tirer jusqu'à ce que l'on ait fait sortir toute la vertu et que l'on puisse draper l'autre dans ses plis. Troisième principe : l'autohypnotisation. Fixer l'objet de ses relations comme un bouton de verre jusqu'à ce que, cessant d'éprouver du plaisir ou du déplaisir, l'on s'endorme imperceptiblement, que l'on se raidisse, que l'on finisse par avoir du maintien : un moyen domestique emprunté au mariage et à l'amitié, abondamment expérimenté et vanté comme indispensable, mais non encore formulé scientifiquement, Son nom populaire est -patience.
Nietzsche, le gai savoir.