Il n'est aucun empire humain, Au dessus de moi je ne vois que des oiseaux de mer.

29 décembre 2005

La nuit - von Eichendorff

La nuit

Qu'il est beau de rêver ici
La nuit dans la forêt silencieuse
Lorsque parmi les arbres sombres
Résonne encore la vieille fable

La montagne à la lueur de la lune
Comme figée dans ses pensées
Et dans les décombres troubles
Les sources vont en se plaignant

Car las j'allais sur les alpages
La beauté devenue paix
La nuit de son ombre froide,
Recouvre mon tendre amour.

C'est la plainte folle
Dans la splendeur slencieuse de la forêt
Les rossignols en résonnent
Tout le reste de la nuit.

Les étoiles montent et descendent
Quand viendras-tu, vent du matin
Et lèveras de nouveau les ombres
De l'enfant perdu dans ses rêves ?


Joseph Freiherr von Eichendorff (1788-1857) in Martin Suter

27 décembre 2005

Sommes-nous tous des simulations ?

matrix simulation"Vous êtes probablement une simulation". C'est ce qu'affirme le philosophe Nick Bostrom, soit l'humanité est très proche de son extinction, soit vous et moi sommes ("presque certainement") les produits d'une simulation informatique - des personnages de Matrix en quelque sorte, et par définition incapables de savoir si c'est ou non le cas.

Le raisonnement est simple : l'humanité que nous connaissons (si elle ne disparaît pas) parviendra dans relativement peu de temps à produire des ordinateurs et des logiciels capables de simuler l'intelligence et la conscience humaines. Une fois disponibles, 1. il est plus que probable que quelqu'un décidera de s'en servir et 2. dans la mesure où ces moyens deviendront de plus en plus faciles à dupliquer, il y aura très vite beaucoup plus d'êtres simulés que d'êtres réels. Ergo, la probabilité que nous soyons des simulations est très élevée.

La réflexion de Bostrom présente un avantage, si l'on peut dire : si nous croyons que nous sommes des êtres simulés (à l'initiative d'êtres disposant de la technologie nécessaire), alors Dieu existe - c'est notre simulateur - et la vie après la mort aussi - une simple commande du logiciel. Aussi, notre but principal consistera-t-il à deviner les désirs de notre Dieu et à les satisfaire. Si vous avez des chances de vivre dans une simulation, alors, toutes choses égales par ailleurs, vous devriez moins vous préoccuper des autres, plus vivre au jour le jour, être plus amusant et digne d'éloges et vous rapprocher des gens célèbres qui vous entourent. Au risque, si tout cela est bien réel, de hâter l'avénement de l'autre hypothèse, celle de la fin de l'humanité.

Le site de Nick Bostrom: http://www.simulation-argument.com/

D'autres théories ?

Source : Internet Actu.

Trouvé sur : PopNext

Ajout d'un autre article intéressant, voir surtout l'article en anglais:

Par Florent Fremont

coupe du cerveau Le journal "The Guardian" à interviewé récemment Daniel Tammet, un savant mathématicien et autiste. Ce savant décrit la manière avec laquelle son esprit fonctionne pour réaliser des calculs mentaux synesthésie (association spontanée par correspondance de sensations appartenant à des domaines différents), où les nombres sont représentés dans son esprit comme des formes, des couleurs ou des textures. Quand Daniel Tammet calcule 377*795, il ne "calcule" pas vraiment le résultat. Il n'y a pas dans son esprit de calculs conscients, la solution lui arrive instantanément. Le nombre 2, par exemple, est un mouvement, et 5 représente la foudre qui tombe. "Quand je multiplie des nombres ensemble, je vois deux formes. L'image commence à changer et à évoluer jusqu'a ce qu'une troisième forme se dessine : c'est la solution. C'est de l'imagerie mentale. C'est comme des mathématiques sans avoir à penser ..." impressionnants. Ces processus sont en fait de la

Daniel Tammet est aussi en train de créer son propre language, le "Mänti", fortement influencé par les languages de l'Europe du nord-est qui sont très "riches en images". Il parle déjà le Français, l'Allemand, l'Espagnol, le Lithuanien, l'Islandais et l'Esperanto. Plus de détails sur son langage avec le lien ci-dessous.

Lire l'article complet. (en anglais)

24 décembre 2005

Je n'ai pas le goût du pouvoir.
Mon dégoût de l'homme est tel qu'ainsi le goût du pouvoir m'est étranger.

Je vis parmi des fous et des possédés et des esprits errants qui personnifient le malaise. Je suis sain d'esprit mais je crois que bientôt je deviendrais fou. Ceci prend une importance particulière in-situ. Par exemple, je marchais près d'une gare, un jour, et je regardais les gens. Ils étaient tous fous et possédés. Tous possédés.

On est en droit de se demander s'il existe d'imagination pure puisqu'il y a un recours constant à l'expérience. Ainsi imaginer n'est qu'une force de raisonnement qui admet de nombreuses significations. Donc s'il y a un recours constant à l'expérience, l'imagination elle aussi est viciée. Mais ici j'ai imaginé qu'il puisse y avoir "quelque chose d'autre" qui soit "non-vicié". Comment puis-je le savoir puisque ce n'est qu'imagination ! C'est-à-dire, comment est-ce possible qu'un raisonnement vicié puisse imaginer quelque chose de sain ? (=analogies: Comment un fou pourrait voir le monde tout entier alors qu'il est aveugle et emprisonné en lui-même, peut-être que le monde n'existe pas ? Comment pourrait-on avoir une visibilité diurne alors que la nuit est complète, peut-être que le jour n'existe pas ?) Donc il faut admettre que l'idée même qu'il puisse exister quelque chose de sain est humainement viciée.
Il est trop facile de détruire, il faut admettre que peut-être l'homme est condamné à construire en vain pour une Reproduction et évolution dénuée de sens.

Longtemps j'ai regardé la Seine. Pleine grisaille. Des mouvements de surfaces sur un courant froid. Engelures, engloutissement. Quand je m'en suis détaché, j'avais la certitude qu'aujourd'hui je n'existais plus. Suicide psychique.

23 décembre 2005

Vos valeurs me sont indigestes.

La vie m'est indigeste.
Mon seul plaisir vient du cynisme.
Ou de l'oubli.
Je marque des pauses. Entre chaque phrase, chaque idée, chaque geste.
Puis une longue pause.
Ce sont des troubles.
Au fur et à mesure, s'accumule de la vase en moi. Mais cette accumulation est excessive, et plus je vis, plus j'accumule, et plus j'accumule, moins il y a d'espace vital. Ainsi malgré l'inexorable sort, malgré le contrôle difficile que j'ai sur mes gestes et sur me mouvements de vie, la vase continue à s'entasser, je continue à remuer quelque peu, mais la vie m'apporte si peu d'eau, et la mienne devient de plus en plus trouble, il devient de plus en plus difficile de se mouvoir en celle-ci. Bientôt, il n'y aura plus que de la vase - et rien d'autre.
Si je remontais à la source des troubles, voilà ce que je dirais:
Toutes les valeurs sont détestables, premierement, l'art.
L'art est doublement corrompu par l'homme.
Ce qui donne à l'art cette force inexprimable, c'est justement le fait que l'art soit étranger à l'homme. Ainsi il semble être une issue de secours à la vie, une voie vers un ailleurs. C'est l'idéal des artistes, et c'est aussi pour cela que l'art paraît être salutaire. Mais je vous le dis, l'art n'a rien d'un salut. Il est, à la rigueur, un éphémère soutien. Il peut satisfaire certains hommes parce que ceux-ci peuvent s'en contenter.

Si l'art est étranger à l'homme c'est parce qu'il n'est entendu par celui-ci que par les petites oreilles humaines, adaptées à la seule petitesse de la poussière d'art que connait l'homme.
C'est cela que je veux dire, l'art chez l'homme est poussière, parce que l'homme ne peut connaître de choses plus hautes. C'est ainsi.
L'art pour l'homme est tel un maigre ruisseau entierement pollué par ce même être, mais l'art dans sa réalité est aussi vaste que la mer.

L'art est doublement corrompu.

(i) Car le Beau, sa substance, glorifiée par l'homme, émerge d'un milieu qui, par ce même homme, est dégénéré, n'est plus sain, n'est plus « vierge ».
L'homme ayant vicié cedit milieu, l'art de celui-ci sera fatalement insane. Lorsque quelque chose est en train de pourrir et qu'à partir de cette pourriture, l'on créé, quel crédit apporter à l'art qui en émerge, cet art du malaise ? Et tout art n'est-il pas art du malaise ? Voyez, quelles sont, par exemple, les peintures qui naissent dans une pureté indemne de quelque pourriture humaine ? En existe-t-il ? Peu m'importe la profondeur douteuse des peintres les moins fous parmi les fous, elle ne révèle que la déchéance de toute chose.

(ii) L'art copie et/ou déforme la nature par une perception subjective. Mais l'atmosphère de telle oeuvre qui génère chez nous une certaine émotion est souvent une émotion qui dans sa réalité première est décuplée... je préfère mille fois le motif que sa défiguration par l'homme, par le biais de l'art.
J'eus, il y a quelque temps, l'idée que l'art qui advient de l'imaginaire pur est le seul de valable.
Or je me trompais, car l'imaginaire est également vicié, l'imaginaire étant une espèce de miroir onirique, il reflète également une part de malaise.
Mais surtout, l'imaginaire est cette fleur qui apparaît miraculeusement sur un champ de ruines. Cette fleur ayant ses racines dans les ruines, est logiquement viciée.

L'homme ne devrait pas avoir besoin de rêves, il aurait dû construire le rêve et y vivre. Or il a échoué, plus que lamentablement. Car il n'y a pas de rêve unique envisageable à cause de la vile condition humaine. Cette impossibilité est aussi une condamnation. Et maintenant il ne peut plus construire, il git sur ses propres ruines. Dans le meilleur des cas, l'homme voudra balayer toutes ces ruines pour bien reconstruire, mais je ne vois que de petites et instables constructions, qui de jour en jour agrandissent la quantitée de ruines déjà présentes, aussi il ne saurait comment bien reconstruire.

Je crois à la condamnation de l'homme.
Les rêves de chacun étant terriblement faibles et bas, et l'homme étant programmé à générer ces rêves faibles et bas, comment pourrait-il s'améliorer ?
De plus, l'homme a constitué tout un système de valeurs faibles et basses, et il vit au dedans de ce système. Il est par sa constitution, condamné à vivre dans ce système. Les individus ayant des rêves forts et hauts sont inévitablement broyées par les valeurs originalement présentes.

En ce qui concerne l'art, l'exemple du cinéma est flagrant. Le cinéma peut-être dramatique, alors, il est typiquement art du malaise, il peut aussi être de science-fiction ou rongé par des idéaux faibles et bas, mais là, de même, il est art du malaise. Je ne vois d'intérêt à sublimer le malaise pour en créer quelque chose d'artistique, puisque cette création est simplement et uniquement le constat de la situation dans laquelle est l'homme.

Aussi l'homme est fondamentalement animal. Il est conditionné pour la Reproduction, tel que je l'ai précédemment expliqué. Ainsi je n'ai aucun doute sur le fait que ce présent texte découle de la Reproduction, même s'il paraît détaché de celle-ci, parce qu'il a subit une longue déviance intellectuelle. Je suis persuadé qu'un homme vivant dans un milieu de tous points de vue parfait ne développerait jamais quelconque faculté mentale.

Auparavant, l'intellect semblait être salutaire, mais désormais dans la société actuelle, de plus en plus, le rêve semble constituer le salut, si bien que nous en arrivons à une société qui s'accroche en vain aux idéaux et aux rêves. Les individus ayant un intellect développé étaient, dans le début de l'histoire évolutive de l'homme, favorisés et reproductifs, désormais, l'individu met son intellect au service de la société et n'acquiert pas pour autant de réelle supériorité reproductive. La société a désindividualisé l'individu, et c'est pourquoi aujourd'hui nous prenons conscience du retour de l'individualisation. L'homme est tiraillé entre une vie sociale obligatoire pour des fins reproductrices, ainsi qu'une vie individuelle également obligatoire pour les mêmes raisons. Ces deux vies tiraillent l'homme, ces deux vies sont intimement liées et ne peuvent exister par elles-mêmes, le bonheur est toujours cru dans l'une d'entre elles, si bien qu'aucune n'est satisfaisante, et si bien que l'homme est condamné à l'errance.

Je vous le réaffirme: l'oubli est le seul salut qui soit véritable.

Le spirituel est finalement si éloignée de l'homme qu'il est condamné a ne jamais l'atteindre. Puisse-t-il seulement s'en approcher !

Et s'il n'y a ainsi d'intérêt à introduire le spirituel chez les hommes, il n'y a donc aucun sens à ma propre existence. Je suis le sacrifié de la constatation.


- à Paris

6 décembre 2005

Un temps est passé, alors il est possible

Depuis trop longtemps – trop pathologique – devenu pathologique mais ayant le pouvoir de l'être dès le premier instant, créateur mais déraisonnable, par malheur ou par défaut, toujours plus délétère et toujours plus resserré, souvent centralisateur et quelques fois d'apparence chanceuse, puis finalement tragique, Cela.

Qui connaît plus grand tourbillon et plus grande force de vie que Cela ?
Cela est une maladie de l'espoir. Le besoin qui transmute le point en point d'interrogation. L'esprit tout entier est une peau de chagrin, et chaque rêve et chaque errance le réduit un peu plus.
En Cela, s'il est heureux, il n'y a de maux qui n'y trouvent de partielles guérisons. L'effet que l'on pense communément de Cela, dit-on, donne permission à la vie, et accès à son dépassement. De Cela d'aucun disent qu'il est nécessaire à la vie et Cela connaît de nombreuses déviances: l'homme ne cesse de vouloir se l'approprier par un moindre effort.
A l'origine était Cela. L'enfance fait entrevoir Cela, l'adolescence s'y trompe à son sujet, la maturité s'y aveugle tout autant, le grand âge ne peux plus l'admirer. Le théosophe semble par fierté s'en défaire, le philosophe n'y touche point, le poète en tire profit par sa propre saturation.
Cela provoque des transports d'esprit qui semblent ne vouloir s'épancher que d'une eau unique et pleine. Cela est un triste pâle sosie du noir, car Cela initie à l'Un qui se satisfait de lui-même sans user d'autre constitution que l'autarcie. Cela pourrait, s'il était accompli et bivalent, devenir une canne et des ailes pour la traversée qu'est la vie.

Cela est un génie de surprise, ne surgit-il pas au terme de détours nonchalants et de marches désintéressées ? C'est ici que Cela devait s'y cacher lorsqu'il nous apparaît farceur. Certaines moqueries opposent plusieurs Cela sur les mêmes terres, et chacun d'eux ne connaît la raison. Hélas, nous savons trop distinctement les finalités de ce jeu : l'attraction de Cela s'amplifie en nous jusqu'à perdre de vue la réalité première.

Cela s'il est mauvais farceur fait parfois imploser l'homme en lui-même, tant, qu'il ne lui reste qu'une fine apparence spectrale. En son être enfermé, Cela semble avoir dévoré l'homme par son intérieur.

Cela suffit. D'avoir Cela, puis aux alentours il n'y a que des objects superficiels, devenus provocateurs sournois, qui rendent l'homme condamné à ne s'entretenir qu'avec Cela.

L'homme de vie (4) en proie aux doutes et aux vices (5) devra surpasser les maux les plus intelligents(6), il deviendra sombre et vérace (7-) car il devinera que le salut prend part en Cela (-8), afin d'acceder au spirituel (9) puis de s'étendre en l'univers (10 ou 1). Et si le spirituel n'était que finitude invitant à un nouveau cycle, et s'il existait un éternel retour plus gigantesque encore ?

Je ne saurais imaginer les hommes dépourvus de Cela. Déjà l'homme est si pauvre de moeurs. Cela lui est l'occupation prioritaire, cela rend un peu plus vivant l'homme des foules et un peu plus navré le spirituel.

La connaissance de Cela est-elle limitée par le niveau de conscience des individus ? Celui exposé à Cela ayant une conscience élevée et ayant une infime douleur causée par Cela souffrira-t-il autant qu'un autre ayant une conscience étroite mais en proie à de forts tourments ?

Il y a des degrés à Cela. Céder à Cela c'est accroître sa domination. [sa= la domination de Cela]

Cela inhibe les actions de l'homme qui ne se préoccupe alors que du dépassement de Cela.

Cela est la chose la mieux partagée, la plus discutée, la plus essentielle. Nous le savons tous, dès que nous le pouvons - bien tôt -, et nous provenons d'un Cela réalisé.

Les engagements que réclame Cela provoquent généralement une paresse – voilà la répétition - puis voilà le désinvestissement. En réalité il faut que ce dont se nourrit Cela lui fasse un grand mal. Si au contraire, nous-mêmes faisons quelque mal à Cela, que de remords devrons-nous porter ensuite !

29 novembre 2005

Mers lactées

Dans le S&V n°1059, nous pouvons lire:


Une photo satellite confirme l'existence des "mers lactées"

Les mystères liées à la bioluminescencecette lumière émise dans la mer par le plancton, lire S&V n°1034, nov. 2003) s'éclaircissent... et s'épaississent avec une nouvelle découverte.
Des océanographes américains du Naval Research Laboratory viennent en effet, en étudiant des clichés d'un réseau de satellites militaires américain, de confirmer l'existence de la tache luminescente de 15 400km détectée en janvier 1995 par un navire anglais au large de la Somalie. La preuve est ainsi faite de l'existence de ces "mers lactées", phénomène décrit par jules Vernes dans 20 000 lieues sous les mers et connu des marins (235cas rapportés dapuis 1915, surtout dans l'océan indien). Reste à comprendre le phénomène qui n'est pas éphémère, comme celui décrit dans notre article, mais d'une durée de trois jours ! Le mystère demeure. L'hypothèse la plus vraisemblable repose sur la prolifération d'une bactérie bioluminescente, Vibrio harveyi, vivant en association avec les microalgues Phaeocystis. Connaissant l'étendue de la tache et le noombre minimum de cellules nécessaires à la production d'une lumière détectable par un satellite, les chercheurs estiment une concentration de 4x10^22 individus pour la tache de janvier 1995. Soit le nombre de grains de sable nécessaire pour recouvrir la Terre d'une couche de 10cm d'épaisseur ! (...)

28 novembre 2005

Guillevic


A ruminer tes fonds
Tu les surveilles mal,

Ou peut-être tu pousses
Ces monstres qui pénètrent
Dans le lieu de nos cauchemars.

*

Ta peur de n'être pas
Te fait copier les bêtes

Et ta peur de rater
Les mouvements des bêtes,
Leurs alarmes, leurs cris,
Te les fait agrandir.

Quelquefois tu mugis
Comme aucune d'entre elles.

*

Elle avait un visage
Comme sont les visages
Ouverts et refermés
Sur le calme du monde.

Dans ses yeux j'assitais
Aux profondeurs de l'océan, à ses efforts
Vers la lumière supportable.

Elle avait un sourir égal ou goéland.
Il m'englobait.

*


En elle s'affrontaient les rêves
Des pierres des murets,
Des herbes coléreuses,
Des reflets sur la mer,
Des troupeaux dans la lande.

Ils faisaient autour d'elle un tremblement
Comme le lichen
Sur les dolmens et les menhirs.

Elle vivait dessous,
M'appelait, s'appuyait
Sur ce que l'un à l'autre nous donnions.

Nos jours étaient fatals et gais.

*


Quand je ne pensais pas à toi,
Quand je te regardais sans vouloir te chercher,

Quand j'étais sur tes bords
Ou quand j'étais dans toi,
Sans plus me souvenir de ta totalité,

J'étais bien
Quelquefois.

*

Pas besoin de rire aussi fort,
De te moquer si fort
De moi contre le roc.

De toi je parle à peine,
Je parle autour de toi,

Pour t'épouser quand même
En traversant les mots
.



25 novembre 2005

Rêve du criquet sur des terres arides

Le rêve qui m'a traversé cette nuit fait office d'image de l'avenue du chaos. En voila sa teneur:

Le criquet était la terreur.


En ces temps l'espoir était qu'il ne puisse se réveiller.
Hélas. Le soleil fut fort sec et fort blanc lorsqu'un midi, le petit criquet teinté de rouge reçu un pouvoir extraordinaire. Désormais il pouvait sauter considérablement loin et considérablement vite. Ce fut une foudre terrestre qui pouvait décider à tout instant d'aller où bon lui semblait, et ravager là où il passait. Il s'était doté d'une mutation soudaine.

Par ailleurs sur cette terre était des arbres aux branches étoilées, disposées telles des synapses.
Le criquet sonna le glas. Sur ces arbres au tronc massif, il ne restait plus de branches tentaculaires. Et ce fut la fin.

20 novembre 2005

Face à la frustration

« L'intelligence » permet de développer une réaction qui permet d'amener à un mode de fonctionnement adapté aux changements qu'impose la frustration. Ce n'est, au demeurant, non pas un progrès, mais une évolution.

Par exemple, la constitution des endives est le résultat d'une privation de lumière qui entraîne une modification, qui, sur le long terme, pourrait devenir évolutive.

De même, un rocher en opposition à un cours d'eau, frustrera le mouvement de l'onde et après un certain temps, l'eau en viendra à abraser la pierre – jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de frustration.Ou bien, le cours d'eau changera les formes de son lit.

Pour le minéral et le végétal donc, la réponse à une frustration présente deux visages:
1/ l'opposition surpasse l'élément frustré: l'élément frustré cède (L'intelligence de vie dira « il est préférable de se préserver. »
2/ l'élément frustré surpasse l'opposition: l'opposition cède.

Le monde animal ne diffère. Les réponses peuvent être plus rapides, suivant la vélocité de l'animal et suivant les circonstances, si la réponse est de type 1/ ou de type 2/.
Exemple: Deux mâles s'affrontent pour ravir une femelle, un mâle est défait, celui-ci devient frustré.
Il va y avoir répercussion: le mâle en question apaisera sa frustration en dominant d'autres mâles plus faibles ou en se « rabattant » sur d'autres femelles. C'est ce que j'appelle le choc en retour. Celui-ci en général provoque des effets négatifs.

Et voilà la différence qui sépare les corps minéraux ou végétaux des corps « animés ».
Chez les minéraux/végétaux, la frustration se résout sans qu'il n'y ait de « choc en retour ».
Chez les hommes et chez beaucoup d'animaux relativement « évolués », la frustration ne peut parfois trouver de résolution immédiate et définitive: le choc en retour remplace.

Voyons les causes de la frustrations: quelles sources ?
Ce sont les nécessités de vie (et par-là, d'évolution).
Il y a donc (i) les nécessités physiques (s'alimenter, se reposer, se reproduire...), et (ii) il y a les nécessités d'évolution (accéder à un niveau social élevé, posséder, penser, ...tout ce qui amène à une meilleure reproduction et à de meilleures chances de survie de l'espèce).

Qu'il y ait résolution pour tous les individus qui vivent de toutes les frustrations est donc impossible, et dans ce cas il y aura toujours des effets pernicieux. Ces effets, qui, au demeurant, sont encadrés par la préservation de la vie d'une part, et la morale de la société d'autre part.

Le bouddhisme suggère de désamorcer les désirs et besoins de vie (i, ii). Certains yogi défiant même la nécessité d'alimentation par des expériences de jeun.

Cependant, est-il possible de venir à bout de toutes les nécessités de vie? Renier la vie, n'est-ce pas renier les accès qu'offre la vie pour la connaissance du spirituel ? Que peut-on envisager alors pour ne pas produire d'effets néfastes lorsque l'on s'oppose à la frustration ?

Dans l'optique où le salut se trouve dans le sortir de l'éternel retour – le dépassement des forces de la vie et l'accès au spirituel; puisque nous sommes dans la vie, nous ne pouvons que nous accorder à elle et en faire bon usage, c'est à dire, l'utiliser pour ouvrir au mieux les accès vers le spirituel.

Car en toutes choses de vie il y a une partie spirituelle– un pourcentage bien relatif mais existant, il faut ne considérer avec intérêt que cette parcelle. En engageant une harmonie entre nous et la vie – par son usage à bon escient, nous voilà déjà plus avertis quand aux effets pervers de la frustration.

Alors comment convenir avec la frustration ?
1/ en accepter son existence (pour ne pas l'ignorer !),
2/ la rendre futile, ne pas lui accorder de crédit; connaître ses charnières et la considérer comme normale à la vie.
3/ trouver une certaine harmonie en évitant le refoulement: déplacer l'objet qui aura le choc en retour d'une frustration vers un autre objet – ainsi il y aura en général moins d'effets négatifs.(exemple sommaire: au lieu de s'acharner sur untel, lui préférer le punching-ball... on pense ici à l'acharnement haineux, il existe aussi -plus subtil- l'acharnement sentimental, « l'acharnement aimant », tout aussi néfaste (tout excès l'est): cet acharnement entraîne des situations ou paroles faussées.)
4/ tenter d'identifier et de résoudre toute frustration – pour qu'il y ait harmonie. L'harmonie est un accès privilégié au spirituel. La frustration irrésolue engendre une autodestruction et cela n'est pas harmonieux.
5/ Aux grandes frustrations ils faut opposer l'art. (fuite artistique). Le spirituel dépasse la vie.
6/ Une frustration trouve son repos lorsqu'elle est assouvie de même que la faim trouve le sien lorsque l'on est rassasié. Cela est valable pour l'ensemble des frustrations. Plus haut, j'expliquais comment affaiblir le choc en retour et les frustrations d'évolutivité, mais non comment annihiler la frustration en elle-même. Est-ce à dire que les besoins vitaux ne sont pas annihilables et que nous pouvons seulement temporiser les besoins évolutifs par la raison et par les procédures susdites ?

Liens: Classics in the history of psychology
Affirmations
psychanalytiques

Pensées, calques, vie...

Parfois la vie semble couler -
Or, comme les vis que l'on peut faire tourner sur place et leur donner une illusion de mouvement sans qu'il n'y ait de déplacement de la vis
la vie semble couler et cependant rester immobile dans l'espace.


L'erreur serait de penser qu'une cause peut n'avoir qu'un seul effet.
Dans le raisonnement cause/effet, le péril est de juger et non de considérer.


Est-ce seulement par la mouvance de l'Être que celui-ci apparaît comme incohérent ?
L'être n'est-il pas comme une liane qui tournoie autour de l'expérience ?
Ainsi, l'Être parfois disparaît puis réapparaît, est-ce donc l'expérience qui l'entraîne en ces lointains détours – devient-il alors incohérent ?


Qu'il y ait des analogies et que tout puisse par certains aspects être analogue demontre « l'Un », c'est à dire, l'unicité du monde et l'existence d'un Principe, principe unique, dont la philosophie en créé des calques.


Les calques philosophiques sont induits ou:
-Parce qu'ils sont en accord avec le principe du monde, ou;
-Parce qu'ils sont en accord avec les croyances humaines.
Et là est le péril ! Que les philosophes mélangent ce que pourrait être
le Principe du monde avec leurs propres croyances, et que les calques ne puissent exister que pour conforter ces-dites croyances !
Ce qui nous pose problème, c'est que le principe du monde vit lui-même par sa propre croyance. Il faut désapprendre la faculté de croire.


En dehors de son milieu, les objets perdent toute cohérence, les mots tout sens, comme les poissons s'ils sont sortis hors de l'eau: ils se débattent, frétillent - c'est quelque fois le rire – puis ils sont asphyxiés. De même, un homme qui n'est pas dans son milieu, (...)